Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

LGBT

Des rassemblements partout au pays en opposition à la haine

Des marches ont été organisées mercredi aux quatre coins du Canada pour protester contre l’enseignement de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre dans les écoles, mais les manifestants anti-2SLGBTQIA+ ont été contrés par une puissante vague de contre-manifestations.

Tiré de : Rabble

Mercredi 20 septembre 2023 / DE : Nick Seebruch
Traduction Johan Wallengren

Le mercredi 20 septembre 2023, des dirigeants syndicaux, des représentants politiques et des leaders communautaires se sont mobilisés pour contre-manifester sur la colline du Parlement. Crédit : Fred Hahn / X

Des syndicats, des représentants de la société civile, des militants et des citoyens se sont rassemblés mercredi pour s’opposer à des manifestations anti-2SLGBTQIA+ organisées à l’échelle du pays.

Ces rassemblements ont eu lieu en réaction à la campagne appelée « 1 Million March 4 Children », dont l’objectif est de supprimer les programmes et politiques relatifs à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre (OSIG) dans les écoles canadiennes.

Selon le Canadian Anti-Hate Network (réseau canadien anti-haine), les instigateurs des marches en question comprenaient de virulents groupes anti-2SLGBTQIA+, notamment Hands Off Our Kids (Ne touchez pas à nos enfants) et Family Freedom (Liberté familiale).

Ces deux groupes sont connus pour avoir proféré des insultes haineuses à l’encontre de la communauté 2SLGBTQIA+, brandissant d’un côté des accusations sans fondement de pédophilie et d’incitation à la promiscuité (« grooming ») et glorifiant d’un autre côté des hommes comme Andrew Tate, qui est accusé de viol et de traite d’êtres humains en Roumanie.

Une portion de ces groupes est composée d’activistes musulmans conservateurs et de nationalistes chrétiens qui ont trouvé une cause commune dans leur quête d’éradication des personnes 2SLGBTQIA+ de la vie publique.

« L’idée qu’on puisse apprendre à leurs enfants qu’il n’y a pas de mal à être queer leur est particulièrement insupportable », fait remarquer Evan Balgord, directeur exécutif du Canadian Anti-Hate Network, en entrevue avec rabble.ca.

«  Ils tiennent à préserver leurs enfants – de même que ceux des autres – de pareils enseignements, d’ajouter M Balgord. C’est cela qu’ils ont en tête lorsqu’ils réclament que certains livres soient interdits dans les écoles. Ils essaient de faire disparaître les personnes queer du contenu pédagogique. »

Ces derniers mois, certains premiers ministres provinciaux se sont rangés du côté des groupes haineux en adoptant des politiques susceptibles de nuire à l’intégrité des élèves 2SLGBTQIA+ du fait d’exiger une autorisation parentale avant de pouvoir s’adresser à eux à l’école en utilisant des pronoms correspondant à leur orientation.

Aux États-Unis, le National Institute of Health (Institut national de la santé) a mené une étude dont il ressort que les jeunes transgenres à qui l’on s’adresse en utilisant des pronoms correspondant à leur orientation sont beaucoup moins à risque d’avoir des comportements et des idées suicidaires.

Une réponse pancanadienne à un mouvement de haine de portée nationale

M. Balgord a déclaré que selon des chiffres portés à son attention, 77 manifestations anti-queer ont été organisées dans tout le pays. Syndicats et organisations de la société civile ont toutefois uni leurs forces pour contre-manifester, particulièrement dans les grandes villes du pays.

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), la Fédération du travail de l’Ontario (FTO), la Fédération des enseignantes et enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO), la Fédération des enseignantes et enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO) et de nombreuses autres organisations ont publié des messages de soutien à la communauté 2SLGBTQIA+ et ont participé à des contre-manifestations.

Des contre-manifestations ont eu lieu dans des villes comme Ottawa, Toronto, Halifax et Vancouver, avec un effectif systématiquement plus fort que celui du groupe haineux.

À Ottawa, un membre du mouvement 1 Million March 4 Children a signalé que la manifestation sur la colline du Parlement n’avait pu se mettre en branle parce qu’elle avait été encerclée par des contre-manifestants.

Des membres de la communauté musulmane se sont par ailleurs opposés à cette marche dans une lettre ouverte.

« Cette campagne de désinformation met les étudiants 2SLGBTQIA+ dans une situation périlleuse, déjà que ces personnes sont particulièrement sujettes à la dépression et au suicide ; elle fait également courir aux étudiants musulmans des risques accrus d’être visés par l’islamophobie, peut-on lire dans cette lettre. Nous demandons à nos leaders communautaires de faire entendre leur voix pour dénoncer cette campagne et le préjudice potentiel qu’elle causera aux enfants des communautés 2SLGBTQIA+ et musulmane, ainsi qu’aux enfants qui s’identifient comme faisant partie de ces deux communautés. »

Les « droits parentaux », un cri de ralliement fallacieux

Les membres du mouvement 1 Million March 4 Children affirment se porter à la défense des « droits parentaux » et prétendent que toute personne qui s’oppose à eux s’oppose aux droits des parents sur leurs enfants.

«  Lorsqu’ils parlent de droits parentaux, il s’agit du droit de voir à ce que leur progéniture ne bénéficie pas d’une éducation à la santé et aux droits de l’homme touchant les personnes queer », affirme M. Belgord.

Dans une tribune publiée sur rabble.ca, Mercedes Allen, qui milite pour les droits des personnes transgenres, explique qu’il n’est pas difficile de voir, derrière la revendication des « droits parentaux », les véritables motivations et influences dissimulées.

«  Lorsqu’on s’engage sur la voie des droits parentaux spécifiquement (ce qui, notons-le bien, détourne la discussion des droits des enfants, l’intention étant pourtant de répudier ces droits ou de prétendre que tout droit distinct de celui des parents n’existe tout simplement pas), il n’est pas difficile de voir comment s’oriente le débat », écrit Mercedes Allen, qui souligne aussi qu’au sud de la frontière, aux États-Unis, dans des États comme la Floride, l’appel aux « droits parentaux » a servi à interdire des livres et à restreindre les droits et les soins de santé offerts aux jeunes transgenres.

Refuser de perdre espoir et de céder à la haine

Fae Johnstone, qui milite également pour les droits des personnes transgenres, a publié une déclaration percutante sur X (anciennement Twitter) avant le début des manifestations :

«  Les semeurs de haine pensent qu’ils peuvent nous forcer à retourner dans le placard. Ils pensent pouvoir utiliser la peur et la désinformation pour faire régresser nos droits. Voici ce qu’ils ne comprennent pas : Nous avons traversé et surmonté une adversité qui échappera toujours à leur compréhension. Pas question de revenir en arrière. Nous gagnerons. Gardez espoir. Refusez de laisser mourir l’espoir. Réjouissez-vous de l’exubérance queer. Réjouissez-vous des progrès que nous avons faits. Aimez-vous, pour tout ce que votre existence apporte à ce monde. Cette bataille ne sera pas facile, mais en avons-nous jamais connu de faciles ? Nous persévérerons, un point c’est tout. Comme nous l’avons fait par le passé. Et nous triompherons. »

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