Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Élections fédérales 2011

Le NPD, outil de résistance ?

Espoirs

Les élections fédérales 2011 auront mis en évidence la polarisation gauche-droite de la politique canadienne pour la prochaine période. Alors que les Conservateurs pourront appliquer leur programme sans limite parlementaire, l’opposition officielle passe dorénavant par la social-démocratie. Dynamisée par une vague sans précédent au Québec, le NPD sera t-il le rempart contre les politiques rétrogrades de Harper ou bien à l’origine d’une des plus importantes déceptions de l’histoire politique canadienne ? UN FORUM DE DISCUSSION EST OUVERT SUR CET ARTICLE.

Les deux mains sur le volant des Conservateurs

Propulsé par des libéraux en chute libre, les Conservateurs vont maintenant et pour les prochaines années imposer leur agenda de mesures annoncées dans le dernier budget Flaherty. Il abolira le financement public aux partis politiques. Lors de son discours, Harper a souligné vouloir être le gouvernement de tous les Canadiens. Cet affirmation vise principalement le Québec où les conservateurs ont perdu près de la moitié des sièges qu’ils détenaient avant l’élection. Or, c’est du Québec que pourrait venir l’élan nécessaire pour résister aux politiques conservatrices annoncées. Harper a aussi souligné l’importance de certaines communautés culturelles dans la montée des conservateurs. Il faisait référence à la stratégie électorale clientéliste des Conservateurs qui ciblait certains comtés, prenait quelques engagements capables de mobiliser des communautés particulières pour constituer une majorité face aux libéraux.

Le tsunami orange

Si l’obtention d’une majorité conservatrice pouvait être prévisible, la montée sans appel du NPD quant à lui a pris tout le monde par surprise. L’ampleur de la vague qui a secoué le Québec change les données pour ce parti qui a été jusqu’à maintenant un parti du Canada anglais. Près de 60 sièges au Québec alors que le parti en compte désormais 103 fait en sorte que le rapport de force risque de provoquer un nouveau brassage dans la politique du NPD. Dans son discours, Jack Layton a prononcé les mots espoir et changement à de nombreuses reprises. Pour le NPD, l’avenir consiste à devenir l’outil de résistance aux politiques conservatrices et à (re)développer des liens organiques avec les mouvements sociaux de façon à dépasser le statut de machine électorale pour devenir un facteur dans les combats qui ne tarderont pas à se matérialiser.

Layton a aussi mentionné que le NPD serait le parti des propositions et non de la confrontation. Le NPD risque de rencontrer des résistances incontournables s’il compte affronter Harper sans un solide rapport de force extra-parlementaire. Il a bien sûr remercié les Québécoises et les québécois pour l’appui tout aussi massif qu’inattendu qui l’a propulsé au rang d’opposition officielle. Le NPD sera traversé par des contradictions importantes au cours des prochaines années. Sa culture fédéraliste sera mise à rude épreuve par plusieurs des éluEs du Québec chez qui cohabitent politique à gauche et indépendantisme. Il aura aussi à faire le choix entre entreprendre un virage à droite pour courtiser l’électorat libéral déçu ou bien à gauche pour nouer des liens avec les mouvements sociaux qui résisteront aux politiques de Harper.

Le chant du cygne du Bloc

Sans surprise, la défaite majeure qu’a connu le Bloc a entraîné la démission de Gilles Duceppe à titre de chef du parti. Possédant près de 50 sièges au déclenchement des élections, le Bloc ne dispose plus que de 4 éluEs à compter d’aujourd’hui. La formation politique se dirige vers une crise majeure. Son existence est en jeu. Le Bloc a depuis sa mise sur pied profité d’une polarisation souverainiste-fédéraliste. Il a cherché à élargir son spectre programmatique dans le concept d’intérêts du Québec considérant comme acquis l’appui des mouvements sociaux. Or, si plusieurs directions syndicales ont appelé à votre en faveur du Bloc, il faut constater que la base n’a pas suivi.

Les libéraux en déroute

Le Parti Libéral a connu la pire défaite de son histoire. Jamais il n’a obtenu si peu d’éluEs étant rejeté à la position de 3e parti. Michael Ignatieff a remis son sort entre les mains de la base du parti fragilisant encore plus cette formation politique si arrogante il y a de cela à peine une décennie. Comme il n’y a personne qui se bouscule pour le remplacer, il pourrait bénéficier de temps emprunté.

La grande absente : la rue

Les conservateurs de Stephen Harper ont un plan bien précis de mesures à imposer. Seul leur statut minoritaire empêchait l’imposition de ce programme. Le chemin est dorénavant libre. Pour le NPD, l’avenir consiste à devenir l’outil de résistance aux politiques conservatrices et à (re)développer des liens organiques avec les mouvements sociaux de façon à dépasser le statut de machine électorale pour devenir un facteur dans les combats qui ne tarderont pas à se matérialiser. L’inexpérience de la députation NPD du Québec pourrait peser lourd dans la bataille qui s’annonce. Les Conservateurs ont un chemin bien tracé et l’intention ferme d’appliquer leur programme. L’avenir dira si le NPD se montrera à la hauteur des enjeux. Tout ça pourrait très bien se jouer dans la rue.

Note de l’auteur : nous apprenons ce mardi midi que Michael Ignatieff a remis sa démission. Ralph Goodale assurera l’intérim d’ici la prochaine course à la chefferie.

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