Édition du 30 avril 2024

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Le Monde

Forum social mondial : plus que jamais, imaginons un nouveau monde possible

Nous avons réussi à transposer les réunions, les conférences et même les célébrations au virtuel. Mais comment faire du militantisme international en ligne ?

Depuis samedi et jusqu’au 31 janvier, le Forum social mondial (FSM) fête son vingtième anniversaire. Comme d’autres activités collectives, cet événement international qui réunit normalement des milliers de personnes passera en mode virtuel. S’il s’annonce moins convivial que par le passé — pandémie oblige —, sa pertinence demeure incontestable.

Partout sur la planète, la crise de la COVID-19 est venue aggraver les conditions de populations déjà vulnérables et sans filets sociaux. Elle nous a rappelé aussi combien sont béantes les failles d’un système capitaliste mondialisé et libéralisé qui creuse les inégalités, bafoue les droits et fragilise nos écosystèmes.

Une histoire de mobilisations en face à face

Depuis sa première édition en 2001, le FSM a accueilli des millions de personnes de différentes origines et conditions sociales partageant la conviction profonde qu’il existe des alternatives au néolibéralisme.

Au fil des ans, ce grand rassemblement altermondialiste s’est décliné en une multitude de forums nationaux, régionaux et thématiques visant à amplifier les luttes et les résistances menées dans le Sud et à articuler des stratégies collectives pour la défense et la protection notamment de peuples opprimés, de l’environnement et de la dignité humaine. En 2014, le Forum social des peuples à Ottawa ouvrait sur un espace de convergence d’une diversité sans précédent au Canada. Deux ans plus tard, le FSM se déplaçait à Montréal.

Lieu d’échanges et de convergences planétaires, ces forums sociaux ont contribué à la création et à la consolidation de réseaux transnationaux qui ont mobilisé la société civile autour de questions variées, comme la souveraineté alimentaire, la justice climatique et la dette des pays du Sud. En 2003, son assemblée lançait un appel à une vaste manifestation contre l’invasion états-unienne de l’Irak, trouvant écho dans quelque 600 villes mondialement. Le FSM constitue également un espace pour créer des identités collectives transnationales ainsi qu’un laboratoire de pratiques démocratiques et non hiérarchiques, notamment par l’utilisation de logiciels libres et de structures organisationnelles horizontales. Cet état d’œuvre, toujours en co-construction, en fait sa richesse.

Comment militer en virtuel ?

Sur fond de crise mondiale, le comité organisateur du FSM propose une formule renouvelée et créative qui donnera l’occasion à des milliers de personnes de participer à la construction de nouvelles solidarités et de dessiner collectivement les horizons d’un autre monde possible, loin des replis identitaires et de la logique néolibérale. Si le virtuel représente parfois une barrière à la participation, il permet aussi d’accueillir d’autres personnes qui n’ont jamais eu l’occasion d’investir cette arène de solidarité internationale.

Selon Hamouda Soubhi, membre du conseil d’administration d’Alternatives et secrétaire du conseil international du FSM : « Les crises profondes qui paralysent le monde aujourd’hui exigent une plus grande implication de la société civile et des mouvements sociaux. Nos défis pour construire ensemble un monde plus juste sont grands, mais l’avenir nous appartient. Ce forum virtuel préparera la prochaine édition qui se déroulera au Mexique à la fin 2021 ou au début 2022. »
Pour l’instant, près de 500 activités autogérées sont prévues autour de plusieurs grands thèmes : paix et guerre, justice économique, éducation, communication et culture, société et diversité, peuples indigènes et ancestraux, justice sociale et démocratie, climat, écologie et environnement.

Malgré l’essoufflement qui a marqué le mouvement altermondialiste dans la dernière décennie, surtout en l’absence de véritables victoires contre la montée des droites identitaires et économiques, la pandémie nous rappelle l’urgence de changer un système fondamentalement injuste, car s’il y a quelque chose à retenir de cette crise, c’est que le statu quo mènera à notre perte. https://wsf2021.net/

Marcela Escribano, chargée de projets Amérique latine et Caraïbes, Catherine Pappas, directrice générale par intérim et Valérie L’Heureux, membre du conseil d’administration d’Alternatives

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