Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Israël - Palestine

Israël-Palestine : La situation en France et la nécessaire solidarité internationale

Réflexions et débats- Partie I Catastrophe humanitaire, occupation, solidarité judéo-arabe et internationalisme

J’ai été invité à présenter, le 21 octobre dernier, une contribution à un échange qui s’est tenu aux Philippines sous l’intitulé « Israel-Hamas conflict : an Online Forum » (« Conflit Israël-Hamas : un forum en ligne »), avec pour modératrices Yennah Torres, de Tripod/Mihands, et Cora Fabros, du International Peace Bureau (Bureau international de la Paix) [1].

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
11 novembre 2023

Par Pierre Rousset

Autre invitée internationale, une Palestinienne a présenté, en début de session, la situation à Gaza et son arrière-plan historique, mais n’a pas pu rester au-delà. Les autres participant.es représentaient généralement des organisations actives à Mindanao. Ci-dessous, une version très développée et une mise à jour de ma propre contribution.

Introduction – le 11 novembre 2023

Depuis le 21 octobre, date du forum, les manifestations de solidarité avec la Palestine se sont multipliées dans le monde, souvent impressionnantes par leur ampleur ou par leur fréquence (parfois quotidienne). L’exigence d’un cessez-le-feu immédiat permettant l’acheminement d’une aide humanitaire massive et multiforme rassemble toutes les composantes de la solidarité. C’est l’urgence, impérative.

Si je n’avais pas été invité au forum de Mindanao, je n’aurais probablement pas écrit sur cette question. Je ne peux en effet prétendre à aucune expertise en la matière. Je m’y suis décidé parce que, en tant que Français, je souhaite ajouter ma voix à toutes celles qui dénoncent la politique française et qu’une signature en bas d’un appel n’y suffit pas. Pour souligner aussi, face à cette crise paroxysmique, l’importance nodale, des solidarités judéo-arabes. Un positionnement internationaliste se doit de le prendre pleinement en compte, sous peine, sinon, de rester très abstrait.

Je vais donc donner largement la parole à des Palestinien.nes et à des Juif.ves, premier.es concerné.es. Je note avec étonnement que leurs paroles ne sont souvent pas mentionnées dans bien des articles de gauche. Les citations seront souvent longues, car la façon de dire les choses s’avère importante pour saisir les nuances et la portée de leurs témoignages, ce que ne peut faire un simple résumé sec de leur contenu. Je formulerais mes propres convictions quand je le pourrais, sachant que je n’ai pas de réponse à bien des questions.

Bien entendu, la crise présente doit être replacée dans son contexte historique, à savoir un rapport d’oppression entre occupant et occupé, celui d’une colonisation de peuplement qui n’a cessé de progresser au fil du temps. Les cartes ci-dessous parlent d’elles-mêmes.

La prise en compte du contexte historique (occupant et occupé), ainsi que la dénonciation du gouvernement Netanyahou et de ses soutiens internationaux est au cœur de la plupart des textes auxquels je me réfère. Les citations suivantes contiennent néanmoins bien souvent une condamnation explicite de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre. Si ce dernier (et quelques groupes moins importants comme le Jihad islamique) s’en était tenu aux cibles militaires, il en aurait été autrement. Cependant, les civils ont été volontairement ciblés. Il faut prendre la mesure du problème : ils constituent le gros des quelque 1200 personnes tuées au cours de l’opération, selon l’estimation actualisée fournie le 10 décembre dernier par le ministère des Affaires étrangères israélien, ainsi que des 240 otages [2]. A cela, il faut ajouter les blessé.es (environs 2700-3300 selon les sources). Il s’agit d’un massacre de masse, bien documenté par de nombreuses sources indépendantes (vidéos, témoignages, enquêtes de journalistes, etc.) dont la durée, l’ampleur et les suites (la prise d’otages de toutes conditions et de tous âges) excluent qu’il puisse s’agir de « bavures » ou de « dommages collatéraux ».

La dénonciation de la politique du régime Netanyahou fait l’unanimité à gauche. En revanche, le positionnement vis-à-vis du Hamas et du 7 octobre, non. Est-ce encore nécessaire d’y revenir, quand la survie même des Gazaouis est en jeu ? Je pense que oui, car l’avenir des populations vivant dans cette région se joue pour une part sur ce que sera l’impact durable de cette attaque conduite par la branche militaire du Hamas, les brigades Al-Qassam. Et aussi parce que nous – activistes de gauche – sommes interpelés : qu’avons-nous à dire à ce sujet ?

Nous dénonçons, à juste raison, les « deux poids deux mesures » dont les puissances occidentales sont coutumières. Cependant, cette critique n’est valide que si nous n’appliquons pas nous-mêmes cette formule en niant ou en nous taisant sur des crimes de guerre commis soit par des mouvements dont nous sommes politiquement proches (de gauche), soit par des ennemis de nos ennemis (comme le Hamas, organisation religieuse politico-militaire de droite).

Je ne me suis jamais trouvé dans une situation (lutte ou résistance armée) dans laquelle des crimes de guerre peuvent-être commis à l’encontre du projet politique et de la stratégie du mouvement concerné. Juger n’est donc ni dans mon rôle ni dans ma capacité.

Je comprends parfaitement, par ailleurs, que chaque organisation ou chaque personne exprime ses positions « en contexte », avec ses propres mots et ses silences. Je ne propose aucune formule en prêt-à-porter. Simplement, autant je pense qu’il est légitime de manifester sous le drapeau palestinien, autant je considère que l’on peut se passer de brandir celui du Hamas – et que l’on ne doit ni glorifier « l’exploit » du 7 octobre ni mentir en cachant ce qui s’est passé. Il en va de notre cohérence politique et de notre éthique militante.

Dans un entretien accordé à Mediapart, Tamara al-Rifai, directrice des relations extérieures de l’agence de l’ONU en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA) dénonce la « punition collective » dont sont victimes le Gazaouis, bombardés, assoiffés, affamés et ajoute : « [N]ous voyons aussi une forme de déshumanisation qui nous inquiète au plus haut point. Les Nations unies se sont positionnées très fermement contre les attaques commises par le Hamas le 7 octobre, mais nous devons être aussi fermes envers celles et ceux qui traitent l’ensemble des Palestiniens de « terroristes » ou « d’animaux humains  ». [3]

La déshumanisation de l’autre est un poison dans ce conflit. Elle affecte les sociétés et pas seulement les forces armées, les occupé.es et pas seulement les occupant.es, bouchant tout horizon progressiste. Elle ne peut être combattue que par la reconnaissance de l’humanité de l’autre, malgré le trauma des épreuves. « La question morale », selon le titre d’un « parti pris » d’Edwy Plenel [4], ne saurait être ignorée. Il pense au rôle du journaliste. Elle vaut aussi pour les activistes. Il est réconfortant de voir qu’elle est soulevée par bon nombre de personnes engagées, sur tous les continents.

Il y a tout juste un mois, le 11 octobre 2023, Orly Noy [5], titrait son éditorial « Notre humanité est mise à l’épreuve » :

« Nous vivons une réalité infernale, mue par une soif de vengeance qui se manifeste par des crimes de guerre. L’objectif d’Israël n’est pas de frapper des cibles militaires ou des infrastructures terroristes. Il s’agit de viser plus de deux millions de personnes – y compris les enfants, les personnes âgées. L’ampleur de la catastrophe qui nous attend est difficile à imaginer.

Ces derniers jours, en Israël, des voix de personnes par ailleurs raisonnables – des personnes associées aux valeurs humanistes et aux droits de l’homme – ont exprimé cette soif de vengeance. Elles ont justifié l’effacement de Gaza sous un prétexte sécuritaire ou même humanitaire. J’en ai entendu d’autres qui ont adopté la rhétorique des extrémistes de droite qui insistent sur le fait que chaque habitant de Gaza est un antisémite sanguinaire qui soutient l’atrocité commise par le Hamas au cours du week-end.
Mais c’est précisément notre humanité qui est mise à l’épreuve. Chaque image et chaque témoignage de l’enfer du sud d’Israël, chaque appel désespéré et déchirant de ceux qui cherchent encore leurs proches, chaque mise à jour du bilan des morts qui ne cesse de s’alourdir – tout cela menace de nous faire perdre nos valeurs et de nous livrer à l’appel de la vengeance.

L’attaque criminelle du Hamas a plongé de nombreux Israéliens dans une peur existentielle que nous ne connaissions pas auparavant – du moins pas dans cette génération. Aujourd’hui, la peur, la rage, la haine et la douleur menacent de faire des ravages non seulement à Gaza, mais aussi sur nous, en tant qu’individus et en tant que société.

L’éthique n’est jamais un privilège, un luxe, un accessoire que l’on peut revêtir quand cela convient ou enlever quand cela convient moins. L’éthique n’est pas une bienveillance que nous ne pouvons pas adopter pendant une catastrophe.

Insister sur l’éthique, c’est insister sur le contexte, sans lequel cette horrible violence perd son sens et se réduit à “des animaux humains qui veulent nous détruire sans raison“ [allusion à la déclaration du ministre de la Défense Yoav Gallant]. Insister sur l’éthique et le contexte ne revient pas à justifier un crime. Au contraire, c’est s’assurer que notre compréhension de la réalité inclut tous les facteurs qui y contribuent, afin que nous puissions la changer plus efficacement.

Si les crimes du Hamas justifient une destruction totale par le biais d’une punition collective de la population de Gaza, de quelle éthique pouvons-nous revendiquer pour condamner le Hamas, surtout si l’on tient compte du mal qu’Israël a infligé à cette région au fil des ans ? Si l’élection du Hamas à Gaza, il y a toutes ces années, justifie l’effacement de sa population de la planète, quelle devrait être la punition du public israélien pour avoir élu des dirigeants fascistes et des criminels de guerre, qui imposent régulièrement la destruction et la mort aux Palestiniens ?

Notre engagement envers l’éthique et les principes des droits de l’homme ne peut être conditionné par nos sentiments subjectifs. Il s’agit de tracer les lignes rouges à ne pas franchir, même en temps de guerre. Il n’y a pas de rage qui justifie les crimes de guerre.
Le besoin de se replier sur le “tribalisme“ israélien et de s’y accrocher est compréhensible. Mais pas en sacrifiant notre communauté politique. La solidarité judéo-arabe que nous avons réussi à construire dans ce pays a été difficile à mettre en place. Elle est petite et fragile, et elle est confrontée à une terrible épreuve. Nous ne devons pas échouer.
Aucun civil n’est un “dommage collatéral“. Les crimes de guerre sont une abomination qui ne peut jamais être justifiée. On ne peut qu’espérer que le jour où cette poussière toxique sera retombée, le camp qui se définit comme celui des “droits de l’homme“ pourra se regarder dans un miroir.
 » [6]

Orly Noy [7]
Contribution au forum en ligne « Israel-Hamas conflict » (Mindanao)

Version considérablement développée et mise à jour.

Bonjour à toutes et à tous,

Je suis très heureux de vous voir, même en distanciel.

On m’a demandé de traiter ici de deux questions :

• La situation en France par rapport au conflit israélo-palestinien, soit un cas d’étude concernant les pays occidentaux.

• La solidarité internationale, sa nécessité, ses difficultés et ses opportunités.

Ce faisant, je vais devoir aborder des questions parfois complexes ou controversées. Mes propres activités de solidarité internationale sont tournées vers l’Asie, et notamment vers les Philippines (ce qui me vaut, j’imagine, l’invitation à participer à ce forum, dont je vous remercie – c’est un honneur). Je n’ai jamais été directement investi dans un travail spécifique de solidarité Palestine et je n’ai aucune autorité particulière en ce domaine. Cependant, la question de la Palestine a toujours été présente dans mon histoire politique (qui remonte à 1965, il y a près de soixante ans) et j’espère pouvoir utilement croiser des points de vue français, asiatiques et moyen-orientaux. Pour nourrir un débat, plutôt que le conclure.

L’establishment français derrière Netanyahou

La France est l’un des pays occidentaux où la solidarité avec les Palestiniens a été le plus sévèrement criminalisée, juste derrière l’Allemagne [8]. Dans un premier temps, les manifestations en leur soutien ont été interdites par le ministre de l’Intérieur Darmanin. Dans un deuxième temps, le Conseil d’Etat [9] a rejeté cette interdiction administrative, et a donné pouvoir aux préfets, qui représentent l’Etat dans les départements, de les autoriser ou de les interdire au cas par cas – tout en leur fournissant des arguments en faveur de l’interdiction. Aujourd’hui encore, le droit de manifester est sérieusement réduit. La police ne se prive pas, en bien des cas, de harceler et verbaliser les manifestant.es. Des syndicalistes de la CGT ont été trainés au commissariat. Une octogénaire, coprésidente de l’association France-Palestine Solidarité à Nîmes, a été placée en garde à vue, libérée, elle sera poursuivie pour l’organisation d’une manifestation interdite (ce qu’elle conteste) [10]. Des organisations dénonçant le sort fait à la population de Gaza ont été et sont encore menacées de dissolution pour « apologie du terrorisme ». A l’inverse les mobilisations en soutien au régime israélien ont été très officiellement encouragées. Tout cela est assez délirant, mais surtout très inquiétant.

Manifestation à Paris. Crédit Photo. Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas

Les principaux médias télévisuels ont longtemps fait le blackout sur la situation à Gaza en ne parlant que des morts et otages israéliens. J’ai très rarement vu une telle chape de plomb tomber sur l’information. Le contraste est saisissant avec la façon dont la BBC (que je regarde quotidiennement) a couvert la crise. La présidence française a de toute évidence exercé des pressions maximales pour que ces médias s’alignent sur le discours officiel en soutien à Netanyahou et son parti, le Likoud. Ceci alors que l’actuel gouvernement israélien est le plus à l’extrême droite que le pays n’ait jamais connue.

Les intérêts économiques français en Israël et ses engagements géopolitiques dans la région sont limités et n’expliquent pas cet état de fait. Il fut un temps où, pour renforcer la main de l’impérialisme français au Moyen-Orient, le président Jacques Chirac a rompu l’alliance obligée avec Washington en refusant de participer à l’invasion de l’Irak en 2003. Ce fut aussi une victoire du mouvement antiguerre. Ce temps est révolu. Depuis, les présidents français successifs se sont rangés. Emmanuel Macron a bien tenté d’apparaître comme un possible médiateur dans la crise présente, mais si tardivement que ses offres de service n’ont pas convaincu. Et la virulence pro-Netanyahou de sa politique intérieure n’y aide pas !

Parmi les raisons qui expliquent cette virulence, je voudrais en souligner trois :

• Des échéances électorales s’annoncent alors que le jeu politique institutionnel est dominé par la concurrence entre la droite présidentielle, la droite classique et l’extrême droite. Le recours au racisme anti-arabe et anti-migrant est une constante dans un tel contexte.

• Le régime politique français façonné par le président Macron est très autoritaire. Les libertés civiques sont restreintes par de multiples lois. Le droit de manifestation, notamment, est ainsi régulièrement remis en cause. En réalité, manifester (pacifiquement) n’est plus considéré comme un droit par les autorités, mais comme une tolérance.

• La criminalisation des mouvements sociaux et organisations est devenue récurrente. Avant dernier exemple en date, des associations écologiques ont été dénoncées comme « éco-terroristes ». C’est aujourd’hui le tour des mouvements progressistes qui soutiennent les Palestiniens – et ce, bien que la majorité d’entre eux a dénoncé les crimes de guerre commis depuis des lustres par le gouvernement israélien, mais aussi le crime de guerre commis le 7 octobre par le Hamas. Ils sont soupçonnés ou accusés d’antisémitisme (sous couverture d’antisionisme), alors que la plupart d’entre eux sont activement engagés dans la lutte contre l’antisémitisme, qui a de profondes racines dans l’histoire de France.

Un collectif de 85 personnalités juives françaises a dénoncé, le 31 octobre, la façon dont l’émotion, légitime, soulevée par l’attaque du Hamas, le 7 octobre se voit instrumentalisée pour couvrir la politique de Netanyahou : «  En tant que juifs, nous sommes horrifiés par les violations du droit international que l’État d’Israël mène à Gaza en toute impunité et nous refusons que ce massacre ait lieu en notre nom. Nous comprenons et nous partageons la douleur et la peur ressentie par de nombreux juifs de France suite aux crimes de guerre du Hamas. La majorité d’entre nous a de la famille en Israël et nous souhaitons exprimer toute notre compassion aux familles des victimes des massacres du samedi 7 octobre 2023, mais cette douleur ne saurait justifier un nettoyage ethnique à Gaza. La poursuite de la guerre et de l’occupation n’amènera ni la paix ni le retour des otages.

Gaza subit une crise humanitaire sans précédent. (…) Il est urgent d’amener le gouvernement israélien à cesser sa campagne de bombardements et de l’empêcher d’entamer une offensive terrestre (…) Nous demandons un cessez-le-feu immédiat et la fin de l’impunité israélienne. Cette violence punitive et ces crimes de guerre ont été annoncés par les officiels du gouvernement israélien par le biais de déclarations déshumanisantes et ils sont soutenus par nos dirigeants en France. Nous rejoignons nos frères et sœurs juifs aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Israël et ailleurs, qui ont dénoncé le soutien inconditionnel de leurs gouvernements à l’offensive israélienne contre Gaza, et nous rappelons que l’expression de la solidarité avec le peuple palestinien en tant que peuple opprimé est un droit et une liberté politique. » [11]

Le 28 octobre, les personnes se rendant à une mobilisation (qui n’avait été interdite que deux heures avant sa tenue) ont été massivement réprimées pour « participation à une manifestation illégale », la police infligeant une amende de 135 euros à 1359 personnes selon les dire de la préfecture ! En fait, l’arbitraire le plus total règne, certaines manifestations étant autorisées par les préfets, d’autres pas.

Deux partis en particulier sont menacés de procès ou de dissolution par le ministère de l’Intérieur : La France insoumise (LFI), qui a un important groupe parlementaire, et une petite organisation de la gauche radicale, le Nouveau Parti Anticapitaliste [12]. Le NPA vient d’ailleurs d’être convoqué par la police judiciaire en vue d’une enquête préliminaire pour « apologie publique d’un acte de terrorisme », une accusation absurde, mais dangereuse dans le climat politique actuel [13]

Une déclaration signée par 170 personnalités a été publiée, exigeant le respect du droit de manifester en soutien aux Palestiniens et s’opposant aux menaces dont la LFI et le NPA sont l’objet. En voici un large extrait : « Chaque vie compte, celle d’un enfant de Gaza comme celle d’un enfant de Sderot, et nous voulons dire notre compassion profonde envers toutes les victimes civiles et leurs familles.

C’est pourquoi nous refusons le deux poids-deux mesures qui s’exprime aujourd’hui à ce sujet en France, depuis le plus haut niveau de l’État. Un deux poids deux mesures qui réduit au silence tout discours qui voudrait exprimer une solidarité avec le peuple palestinien, qui s’inquiéterait même de son sort actuel, qui tend à criminaliser tout soutien à la défense de ses droits démocratiques.

Nous nous élevons contre les accusations et les calomnies qui visent aujourd’hui toute pensée politique qui n’est pas alignée sur celle du pouvoir, notamment envers la France insoumise et le NPA. Des élus et des responsables politiques de ces organisations sont publiquement mis en cause, menacés même.
Même si on peut ne pas partager les expressions de ces organisations, même si elles peuvent être interrogées ou même critiquées, aucun amalgame ne peut être fait avec une quelconque « apologie du terrorisme » ou la moindre complaisance avec l’antisémitisme qu’elles ont toujours dénoncé. Tant la France insoumise que le NPA ont clairement dit leur horreur de tous les massacres et de tous les crimes de guerre.

Dans ce cadre, nous demandons avec force que soient abandonnées les enquêtes pour « apologie du terrorisme » contre le NPA et différentes associations ou collectifs organisant la solidarité avec la Palestine, enquêtes demandées par Gérald Darmanin sur la base de l’article 40 du Code de procédure pénale.

Avec la même vigueur, nous demandons que cessent les interdictions de manifestation ou de réunions publiques en solidarité avec la population de Gaza. De telles manifestations se tiennent depuis plusieurs jours dans toute l’Europe et dans le monde entier, et la France est l’un des rares pays à les interdire. L’atteinte aux droits et libertés démocratiques est manifeste. Elle est grave, profondément illégitime, dramatiquement irresponsable.  »
[14].

Le président Macron a voulu couper le financement des initiatives franco-palestiniennes en matière culturelle et embrigader le monde de la culture dans la défense du régime israélien. En réponse, plus de 4000 artistes de la scène française, travailleurs et travailleuses de l’art, ont exprimé leur solidarité envers le peuple palestinien, appelant à la mobilisation collective pour le cessez-le-feu et à mettre un frein à la politique coloniale de l’État israélien :

«  Contrairement à ce qui a été affirmé par le président de la République, tous les Français et Françaises ne se tiennent pas à ses côtés pour soutenir le régime colonial d’extrême droite israélien qui, par son non-respect du droit international a mené à cette tragédie. Il s’inscrit d’ailleurs dans la succession des gouvernements israéliens qui ont bafoué eux aussi le plan de partition convenu par l’ONU en 1947 comme les multiples résolutions adoptées par l’ONU depuis 1967.

C’est pour cette raison, et parce que nous refusons l’injonction selon laquelle le sionisme est une idéologie soutenue par l’intégralité de la communauté juive, et le Hamas représente l’intégralité de la communauté palestinienne, que nous publions aujourd’hui cette tribune. Nous affirmons notre droit de remettre en question les actes commis par un gouvernement dont les dérives constituent des violations du droit international.
Nous rejetons l’association dangereuse qui tend injustement à mettre en opposition les civils israéliens et palestiniens, et appelons à combattre d’un élan commun l’antisémitisme sous toutes ses formes, tout autant que la haine envers les Palestiniens et Palestiniennes dont les conséquences dramatiques se lisent aujourd’hui dans les bombardements extrêmes que subissent les habitants de la bande de Gaza.

Si nous sommes choqués et émus face à la violence qu’ont subie les civils israéliens le 7 octobre, c’est avec solidarité que nous nous dressons ensemble et avec les Palestiniens contre toute politique de vengeance qui risquerait, comme l’ont signalé de nombreux universitaires et experts des Nations unies, de se révéler génocidaire, et que nous demandons que soient correctement contextualisés les évènements du 7 octobre. » [15]

Macron a finalement décidé de tenir à l’Elysée (le palais présidentiel) une conférence humanitaire sur Gaza, tout en se gardant bien d’appeler à un cessez-le-feu immédiat. Ce tour de passe-passe est dénoncé par les associations humanitaires conviées à l’Elysée, mais aussi par des diplomates français (le corps diplomatique français est divisé sur la politique à suivre au Moyen-Orient). Ainsi, l’un d’entre eux a déclaré au quotidien Le Monde  : « Il est absurde de ne pas appeler à un cessez-le-feu. (…) Ce qui se passe maintenant aura un impact énorme pendant des dizaines d’années sur l’image et la sécurité de la France [qui] donne une caution morale et politique à Netanyahou dans sa conduite de la guerre. Pour un autre diplomate, plus on s’enferme dans une position de non-appel au cessez-le-feu et plus on perd des partenaires dans les pays du sud, pas seulement arabes. Pour conclure : La cause palestinienne est l’étalon de la duplicité occidentale pour les capitales des pays émergents ou en développement. ». [16]

Faute de pouvoir peser dans les rapports de forces internationaux, Emmanuel Macron organise des conférences – c’est sa façon d’exister et de laisser croire, en France même, qu’il compte. C’est assez minable, comme le note Michel Warschawski : « Je vois en Occident, notamment en France, des débats minables, qui ne sont pas à la hauteur de l’extrême gravité du moment. Au lieu d’utiliser tous leurs leviers pour imposer un cessez-le-feu immédiat, de nombreux dirigeants politiques préfèrent prêter allégeance à Israël. Ils sont sous les yeux du monde entier les complices d’un crime contre l’humanité. » [17]

Ce jugement est parfaitement fondé. Gaza avait besoin pour sa survie, en dehors d’un temps de guerre, de 300 à 500 camions par jour pour acheminer l’aide nécessaire. Il en faudrait aujourd’hui considérablement plus. Comme le note Sarah Château, responsable des opérations de Médecins sans Frontières en Palestine, «  Nous sommes régulièrement en contact avec nos contacts là-bas, on a 300 collègues palestiniens et aussi 22 expatriés qui n’ont toujours pas pu sortir (…). Grâce à eux, on dispose d’une description assez quotidienne, concrète, réelle vraiment de ce qui peut se vivre au niveau humanitaire et c’est catastrophique. C’est vraiment des messages de désespoir qui sont partagés par nos collègues. On n’a plus de médicaments, les hôpitaux sont saturés, débordés et les patients affluent quotidiennement (…), ils ont besoin de soins urgents. Pendant ce temps-là restent tous les patients avec des maladies chroniques, les femmes enceintes (…). A Gaza on a une capacité de 3500 lits à peu près pour 21000 blessés et d’autres maladies, type diabète, hypertension, décompensation parce que non-accès aux médicaments (…). S’y ajoute la situation humanitaire au niveau des vivres. Nos collègues nous parlent de l’horreur de ne pas pouvoir boire, de ne pas pouvoir manger. Ce sont des heures de queue pour trouver un morceau de pain, c’est maximum un repas par jour, si ce n’est un morceau de pain par jour maintenant d’après ce qu’on nous décrit. Mes collègues soignants, médicaux n’ont pas eu d’eau hier de la journée, pas d’eau potable, il y a un peu d’eau saline, mais ce n’est pas de l’eau potable. Ils ont réussi à en trouver heureusement pour aujourd’hui. Mais une journée entière au bloc sans eau potable à opérer des patients… ». [18]

Les quarts de mesures ne répondront jamais à une telle situation. Sans un cessez-le-feu et la mobilisation de moyens exceptionnels, comme l’exigent toutes les agences concernées de l’ONU. Gaza subit déjà une crise humanitaire majeure, qui ne peut que s’aggraver exponentiellement.

Notre responsabilité est directement engagée. Le martyr des Gazaouis est tel que nos gouvernements doivent officiellement s’en inquiéter, sans pour autant remettre en cause leur soutien au régime israélien. L’urgence absolue, c’est effectivement d’imposer un cessez-le-feu et d’assurer l’envoi massif d’une aide multiforme pour enrayer la catastrophe humanitaire en cours et éviter l’exil forcé des Palestiniens, une nouvelle Nakba (« catastrophe », la déportation en masse).

Gaza : au-delà du crime de guerre, la dynamique génocidaire

Nombreux sont celles et ceux qui jugent que la situation présente à Gaza est déjà génocidaire, la politique d’épuration ethnique annonçant, si Netanyahou reste libre d’agir comme il l’entend, l’élimination physique d’une partie de la population palestinienne résidant dans ce territoire, ainsi que l’éviction forcée vers le Sinaï d’une autre partie.

De fait, la situation des Gazaouis n’a jamais été aussi grave. Alors que la famine s’installe et que les épidémies se propagent, la population subit des bombardements d’une extrême intensité. En un mois, Gaza a reçu plus de bombes que les Etats-Unis n’en ont déversé en un an lors de la guerre d’Afghanistan. Des familles sont décimées, des quartiers entiers et les infrastructures sont détruits, la moitié de la population a dû fuir sans pouvoir trouver de refuge sûr. Les communications sont très aléatoires. Les hôpitaux et services de santé ne peuvent plus fonctionner que très partiellement, manquant de tout. Des médecins sont obligés d’opérer sans anesthésie des enfants, d’amputer à vif la jambe d’un patient couché au sol dans un couloir, de trier qui sera soigné et qui ne le sera pas… Les victimes civiles se comptent par milliers, toutes générations confondues, dont bon nombre de bébés et d’enfants. Des enfants sur la peau desquels les mères tatouent le nom pour que l’on puisse les identifier quoi qu’il arrive…

Le sud de la bande de Gaza est lui aussi soumis à des bombardements incessants. Voici un extrait du témoignage de Salim Saker, travaillant à Khan Younès, recueilli par Nejma Brahim (Mediapart) : « La prise de contact est difficile. Lorsque nous tentons de joindre des médecins à Gaza la première fois, les messages ne sont tout bonnement pas délivrés : la connexion internet est coupée ; les médecins sont aussi bien trop occupés à tenter de sauver des vies pour décrocher leur téléphone. Il est 21 heures, mardi 31 octobre, lorsqu’une voix se fait enfin entendre au bout du fil. Salim Saker a la voix cassée, épuisé par le rythme effréné avec lequel il doit composer nuit et jour à l’hôpital Nasser, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Il est tard, ici“, précise l’homme, alors qu’il s’apprête à dormir. Il prend finalement le temps de raconter l’enfer dans lequel il se bat pour sauver un maximum de vies. De toute façon, ici, “on n’arrive pas à se reposer“. Les capacités de l’hôpital sont largement dépassées, s’alarme-t-il. Ses équipes sont débordées. “La plupart des morts et des blessés sont des femmes et des enfants. Ce sont tous des civils. Je ne vois aucun militaire.“
Le chef du service de chirurgie de l’hôpital décrit un contexte de “mass casualty“ (en référence à une catastrophe menant à un très grand nombre de victimes), dans lequel il voit “beaucoup de gens avec des fractures dues aux bombardements, des hémorragies internes au niveau de la tête, du thorax ou du ventre, des colonnes vertébrales cassées ou des paralysies partielles“. (…)

Si les médecins de la bande de Gaza sont “habitués à la guerre et à la mort“, Salim Saker affirme qu’ils sont cette fois-ci confrontés à ce qu’aucun autre médecin n’a jamais subi. “Alors qu’ils sont en train de soigner des gens, ils peuvent voir arriver leur fils ou leur père à l’hôpital, blessé ou décédé. Et malgré cela, ils continuent de faire leur travail parce qu’ils se montrent responsables et humanistes“.

Parfois, les médecins concernés s’éclipsent juste le temps d’aller enterrer leurs morts, puis reviennent soigner les patients et patientes de l’hôpital. » [19]

A la fureur du gouvernement israélien, qui demande sa démission, António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, lance des appels de plus en plus pressants à un cessez-le-feu humanitaire immédiat. Ainsi, lors de sa conférence de presse du 6 décembre, il a notamment déclaré : « Les opérations terrestres des forces de défense israéliennes et les bombardements continus touchent des civils, des hôpitaux, des camps de réfugiés, des mosquées, des églises et des installations de l’ONU, y compris des abris. Personne n’est à l’abri.

Dans le même temps, le Hamas et d’autres militants utilisent des civils comme boucliers humains et continuent de lancer des roquettes sans discrimination en direction d’Israël. Je réitère ma condamnation absolue des actes de terreur abominables perpétrés par le Hamas le 7 octobre et je réitère mon appel à la libération immédiate, inconditionnelle et en toute sécurité des otages détenus dans la bande de Gaza.(…)

Gaza est en train de devenir un cimetière pour enfants. Des centaines de filles et de garçons seraient tués ou blessés chaque jour. En l’espace de quatre semaines, plus de journalistes auraient été tués que lors de tout autre conflit depuis au moins trois décennies. Plus de travailleurs humanitaires des Nations unies ont été tués qu’au cours de n’importe quelle période comparable dans l’histoire de notre organisation. Je salue tous ceux qui continuent à sauver des vies malgré les défis et les risques considérables.(…)
Je suis profondément troublé par la montée de l’antisémitisme et du sectarisme antimusulman. Les communautés juives et musulmanes de nombreuses régions du monde sont en état d’alerte, craignant pour leur sécurité personnelle.

La voie à suivre est claire. Un cessez-le-feu humanitaire. Dès maintenant. » [20]

Sept rapporteur.es spéciaux des Nations Unies, à savoir des experts indépendants nommés par l’ONU, ont publié le 2 novembre un communiqué alarmé avec pour titre « Risque grave de génocide ». «  La situation à Gaza a atteint un point de bascule catastrophique  ». [21]

Pour David Finkel «  Le gouvernement israélien de Benjamin « M. Sécurité » Netanyahou est le plus violemment raciste, antidémocratique et incompétent, et l’un des plus corrompus - bien qu’il y ait de la concurrence pour cette distinction - de l’histoire du pays. Aujourd’hui, il est probablement aussi le plus largement vilipendé pour ses échecs catastrophiques.

En fait, les bombardements massifs et l’invasion de Gaza par Israël ont une priorité absolue, au-delà de toute autre considération : maintenir la coalition de M. Netanyahou au pouvoir et éviter qu’il ne soit emprisonné pour de multiples accusations de corruption. Ni la vie des Palestiniens, ni celle des Israéliens, ni celle des otages ne peuvent entraver cet objectif suprême.

Étant donné que la coalition dépend du soutien des ministres du Pouvoir juif et du Sionisme religieux, Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, fascistes et ouvertement purificateurs d’ethnies, les dimensions de la guerre sont littéralement génocidaires. Ce potentiel a toujours été présent dans la politique israélienne, mais le besoin de Netanyahou d’occuper un poste politique pour se protéger des poursuites (cela vous rappelle quelque chose ?) l’emporte sur certaines limites à la destruction totale que la politique mondiale et les intérêts américains imposent habituellement.

Mustafa Barghouti, médecin à Ramallah et président de l’Initiative nationale palestinienne, a mis en garde à plusieurs reprises (par exemple sur « Democracy Now », le 19 octobre) contre un scénario dans lequel Israël dépeuple et annexe le nord de Gaza, puis procède à un nettoyage ethnique et à l’annexion de la Cisjordanie.
« Je n’aurais jamais cru voir Israël se livrer à un nettoyage ethnique au XXIe siècle », déclare M. Barghouti, « mais j’admets que j’avais tort ».(…)

Sous le choc immédiat du 7 octobre, alors que les informations en provenance du sud d’Israël explosaient dans une grande partie du monde et en particulier aux États-Unis, des années de soutien accumulé pour la souffrance du peuple palestinien sous l’occupation ont commencé à se dissoudre. L’ampleur et la brutalité des meurtres perpétrés par le Hamas ont suscité une sympathie instantanée à l’égard d’Israël. En l’espace d’une semaine, les bombardements massifs, le « siège total » et l’invasion imminente de Gaza par Israël ont transformé une grande partie de cette sympathie en dégoût.  » [22]

Pour l’historien israélo-britannique Avi Shlaim, « Les dirigeants israéliens diabolisent le peuple palestinien, ce qui constitue un préalable à l’épuration ethnique et au génocide (…)
Il qualifie l’opposition des dirigeants occidentaux à un cessez-le-feu de “mandat de génocide“ et les accuse de “complicité dans les crimes de guerre d’Israël“. Avec la déclaration Balfour de 1917 et son mandat ultérieur sur la Palestine, la Grande-Bretagne a commis ce que Shlaim appelle “le péché originel“ en “volant la Palestine aux Palestiniens et en la donnant aux sionistes“.

Après la création d’Israël en 1947, les États-Unis en sont devenus les “auxiliaires“, explique M. Shlaim. “Le problème du soutien américain à Israël est qu’il est inconditionnel. Il n’est pas conditionné au respect des droits de l’homme des Palestiniens ou au respect du droit international. Pour Israël, le prix de ses violations est nul. C’est pourquoi Israël s’en tire, littéralement, par le meurtre, et aujourd’hui littéralement par le meurtre de masse, parce que l’Amérique ne lui demande pas de comptes“. » [23]

Le 10 novembre, B’Tselem a lancé un nouvel appel au cessez-le-feu immédiat : « Selon les chiffres publiés par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), environ 1,5 million de résidents ont été déplacés depuis le début de la guerre, et près de la moitié d’entre eux sont hébergés dans des installations de l’UNRWA surpeuplées, dont le nombre dépasse largement la capacité, et dans des conditions de vie intolérables. En moyenne, les installations de l’UNRWA disposent d’une toilette pour 160 personnes et d’une douche pour 700. Ces conditions exacerbent le risque d’infections et d’épidémies. Des milliers de cas de maladies infectieuses ont déjà été signalés. Dans le nord de la bande de Gaza, environ 160 000 personnes sont hébergées dans les installations de l’UNRWA, mais l’agence n’est pas en mesure de leur fournir des services, et leur état est inconnu.(…)

Malgré la situation désastreuse de Gaza, l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, Gilad Erdan, a nié l’existence d’une quelconque crise humanitaire dans la bande de Gaza. Cette affirmation défie la réalité, non seulement au vu des chiffres alarmants de la situation actuelle, mais aussi parce que la bande de Gaza connaissait déjà une crise humanitaire depuis des années lorsque la guerre a éclaté - une crise entièrement créée par Israël lorsqu’il a imposé un bouclage de la bande de Gaza en 2007 après la prise de pouvoir du Hamas. L’économie de Gaza s’est rapidement effondrée : avant la guerre, environ 80 % des habitants dépendaient des organisations d’aide pour leur subsistance. La plupart d’entre eux n’avaient pas accès à l’eau potable et l’électricité n’était fournie que quelques heures par jour. Le taux de chômage est monté en flèche, atteignant environ 45 % dans l’ensemble de la population et 60 % chez les moins de 29 ans.(…)

L’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza n’est pas une faveur que l’on demande à Israël d’accorder à la population civile. Il s’agit plutôt d’un devoir d’Israël en vertu du droit international humanitaire, qui stipule que les parties aux hostilités doivent permettre l’acheminement rapide de l’aide humanitaire - y compris la nourriture et les médicaments - à la population civile. C’est certainement le cas lorsque l’une des parties soumet la région à un blocus qui pourrait entraîner la famine des habitant.es.(…). [24]

Vers l’annexion de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est

La situation en Cisjordanie ne cesse aussi de se dégrader, alors que l’armée protège les colons extrémistes qui chassent les Palestiniens de leurs maisons et de leurs terres. Quatre ministres de l’actuel gouvernement résident dans ces territoires occupés, ainsi que le chef d’état-major de l’armée. Ils sont à pied d’œuvre ! Plus de 850 000 Israéliens (non arabes) habitent déjà dans ces territoires occupés. La colonisation se poursuit avec en vue l’annexion.

Des Palestiniens quittent la communauté bédouine palestinienne d’Ein al-Rashash, à l’est de Ramallah, suite aux attaques incessantes des colons israéliens d’un avant-poste illégal situé à proximité, qui se sont intensifiées pendant la guerre contre Gaza, le 18 octobre 2023. (Oren Ziv)

Une militante de la solidarité témoigne dans les colonnes de L’Anticapitaliste : « Les accords d’Oslo, avec leur découpage en trois zones A, B et C, ont donné la possibilité à l’armée d’occupation israélienne de mailler l’espace en autant de bantoustans coupés les uns des autres. Chaque ville, chaque village peuvent en très peu de temps être coupés du monde. L’armée bloque le moindre chemin avec des buttes de terre et de cailloux, les soldats occupent tous les miradors pré-positionnés aux carrefours et le tour est joué : la Cisjordanie est figée. Dans les circonstances actuelles, à ce dispositif s’ajoute le fait que les colons se sont vu doter de 20 000 armes de guerre par le ministre fasciste Ben Gvir. La consigne a été donnée aux militaires de tirer à vue.

À Jérusalem, le même genre de dispositif est en place : les gardes-frontière sont omniprésents au moindre carrefour, les quartiers “arabes“ bouclés. Les provocations des suprématistes sionistes se multiplient dans la vieille ville et sur l’esplanade des mosquées. De véritables chasses aux PalestinienEs sont organisées, jusque dans les hôpitaux. Cela concerne aussi les PalestinienEs disposant de la nationalité israélienne.
Chasse aux sorcières dans les universités, licenciements, lynchages, arrestations, projet de loi de retrait de la nationalité : la moindre expression de compassion vis-à-vis des habitantEs de Gaza entraîne une répression immédiate. Les militantEs juifs du bloc anticolonialiste ne sont pas épargnés.

Le soutien inconditionnel fourni à Israël pour son opération contre les habitantEs de Gaza, par les gouvernements occidentaux lui donne carte blanche : il semble qu’il n’y ait plus de limites.  » [25]


Manifestation en Cisjordanie.

Une véritable politique de terreur est mise en œuvre, que des organisations des droits humains israéliennes dénoncent, documentant notamment des cas de tortures [26].

Des Palestiniens sont vus les yeux bandés, menottés et déshabillés jusqu’à leurs sous-vêtements pendant des heures de torture par des colons et des soldats israéliens dans le village de Wadi al-Siq, en Cisjordanie occupée, le 12 octobre 2023. (Image tirée des médias sociaux)

B’Tselem et un ensemble d’organisations humanitaires en Israël ont lancé un « appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle stoppe les transferts forcés [de communautés palestiniennes] en Cisjordanie » : « Au cours des trois dernières semaines, depuis les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, les colons ont exploité le manque d’attention du public à l’égard de la Cisjordanie, ainsi que l’atmosphère générale de rage contre les Palestiniens, pour intensifier leur campagne d’attaques violentes dans le but de transférer de force des communautés palestiniennes. Au cours de cette période, pas moins de treize communautés d’éleveurs ont été déplacées. Beaucoup d’autres risquent d’être forcées de fuir dans les prochains jours si des mesures immédiates ne sont pas prises.
Les agriculteurs palestiniens sont particulièrement vulnérables en cette période de récolte annuelle des olives, car s’ils ne peuvent pas cueillir leurs olives, ils perdront une année de revenus. Hier, Bilal Muhammed Saleh, du village d’As-Sawiya, au sud de Naplouse, a été assassiné alors qu’il s’occupait de ses oliviers. C’est le septième Palestinien tué par des colons depuis le début de la guerre actuelle.

Malheureusement, le gouvernement israélien soutient ces attaques et ne fait rien pour mettre fin à cette violence. Au contraire, des ministres du gouvernement et d’autres fonctionnaires soutiennent la violence et, dans de nombreux cas, l’armée est présente ou participe même à la violence, y compris dans les incidents où des colons ont tué des Palestiniens. En outre, depuis le début de la guerre, un nombre croissant d’incidents ont été documentés au cours desquels des colons violents ont attaqué des communautés palestiniennes voisines alors qu’ils portaient des uniformes militaires et utilisaient des armes délivrées par le gouvernement.

Avec une grande inquiétude et une compréhension claire du paysage politique, nous reconnaissons que le seul moyen d’arrêter ce transfert forcé en Cisjordanie est une intervention claire, forte et directe de la part de la communauté internationale.
Le moment est venu d’agir. » [27]

En Israël même, les Arabes sont menacés de pogromes. Samah Salaime, une activiste et auteure féministe palestinienne, décrit une atmosphère de lynchage, même si aucun décès ne semble encore à déplorer. Ainsi, le 4 novembre, sur le campus de Netanya, des centaines de juifs israéliens se sont attaqués à un dortoir d’étudiants palestiniens aux cris de « mort aux Arabes, retournez à Gaza ». «  Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont lancé une vaste campagne d’arrestations visant les citoyens palestiniens qui expriment une quelconque identification avec leurs frères de Gaza. Les étudiants juifs des collèges et des universités ont été enrôlés dans des cyberarmées pour traquer les coupables. Le chef de la police, Kobi Shabtai, a menacé d’envoyer en bus à Gaza tout citoyen palestinien d’Israël qui descendrait dans la rue pour protester.

D’éminentes personnalités n’ont pas été épargnées par cette persécution. Le chanteur et neuroscientifique palestinien Dalal Abu Amneh et l’actrice Maisa Abd Elhadi ont tous deux été arrêtés pour des messages publiés sur les réseaux sociaux. De nombreuses autres personnes qui ont osé citer le Coran, un poème ou même un conte de fées sur un tyran biblique qui a trouvé la mort à cause de ses mauvaises actions - comme le Dr Jawad Atrash de l’hôpital Sha’are Zedek l’a partagé sur les médias sociaux - ont été victimes de la campagne d’incitation [à la haine].

La répression est menée par les membres de droite de la Knesset, qui n’ont pas perdu de temps pour saisir l’occasion offerte par l’état d’urgence. Il a été rapporté la semaine dernière que le ministre de la Justice, Yariv Levin, et le ministre de l’Intérieur, Moshe Arbel, étudient même la possibilité de proposer une législation visant à révoquer la citoyenneté ou le statut de résident de toute personne qui « se livre au terrorisme, soutient le terrorisme, incite au terrorisme ou s’identifie à un acte terroriste » - le « terrorisme » étant, bien entendu, un terme extrêmement large qui peut être utilisé comme une arme contre tout ce qui exprime de près ou de loin l’identité palestinienne.(…)

J’ai décidé de me concentrer sur mes pensées et mes sentiments intérieurs afin de digérer l’ampleur de la tragédie qui nous a frappés et de pleurer seule les victimes de ce conflit maudit, Juifs et Palestiniens confondus. J’ai décidé de soutenir celles et ceux qui ont besoin de moi et d’être solidaire de celles et ceux qui veulent aussi une paix véritable et qui en ont assez d’une autre guerre et du meurtre d’hommes, de femmes, d’enfants et de personnes âgées innocents.(…)


Pour Shabtai, Ben Gvir et Netanyahu, il importe peu que les médecins arabes soignent les blessés israéliens, que les psychologues et les travailleurs sociaux arabes aident les victimes de la guerre, que les enseignants arabes continuent d’éduquer à la paix, à la tolérance et à l’amour, ou que les travailleurs arabes continuent de construire, d’enlever les ordures et de cultiver la terre. Tout cela est insignifiant. Pour eux, il y a une place réservée pour chacun.e d’entre nous dans les bus pour Gaza.
 » [28]

Des travailleurs palestiniens employés en Israël sont licenciés et arrêtés, le nombre de détentions administratives sans procès ne cesse d’augmenter, les droits juridiques des prisonniers politiques ne sont en rien respectés – quant à leurs avocats de l’association Adalah, ils sont menacés de radiation (et pire) par le barreau [29], accusés de faire l’apologie du terrorisme, puisqu’ils défendent des « terroristes » (CQFD). Dans les prisons, les geôliers imposent aux détenus des conditions carcérales inhumaines, une torture quotidienne.

Le pourrissement ?

« Le scénario du Grand Israël est celui qui séduit le plus Benjamin Netanyahu et ses acolytes de l’extrême droite israélienne  », note Gilbert Achcar. «  Le parti Likoud est l’héritier de l’extrême droite sioniste, connue sous le nom de sionisme révisionniste, dont les branches armées ont perpétré le massacre de Deir Yassin, le meurtre de masse de Palestiniens le plus infâme perpétré en 1948, au milieu de ce que les Arabes appellent la Nakba (catastrophe).(…)

Lors de son récent discours à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, deux semaines seulement avant le 7 octobre, Netanyahu a brandi une carte du Moyen-Orient montrant un Grand Israël incluant Gaza et la Cisjordanie. Ce qui est encore plus pertinent dans le cadre de la nouvelle guerre de Gaza est le fait – à peine mentionné dans les médias internationaux – que Netanyahu avait démissionné du cabinet israélien dirigé par Sharon en 2005 pour protester contre la décision de ce dernier d’évacuer Gaza. (…). » [30]

Dans cette optique, la politique d’épuration ethnique n’a pas de frontière. Elle est avouée dans un document, daté du 13 octobre, que Local Call et +972 ont publié. Il concerne « le transfert forcé et permanent des 2,2 millions de résident·es palestinien·nes de la bande de Gaza vers la péninsule égyptienne du Sinaï (…)  ». Il s’agit de recommandations faites par le ministère du Renseignement, un petit organisme gouvernemental qui produit des recherches politiques et partage ses propositions avec les agences de renseignement, l’armée et d’autres ministères. Il est actuellement dirigé par Gila Gamliel, membre du parti Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Le document « évalue trois options concernant l’avenir des Palestinien·nes dans la bande de Gaza dans le cadre de la guerre actuelle, et recommande un transfert complet de population comme ligne de conduite privilégiée. Il demande également à Israël d’obtenir le soutien de la communauté internationale dans cette entreprise.  ». L’influence de ce ministère (qui ne dirige pas les services de renseignements) est considérée comme relativement faible. «  Toutefois, le fait qu’un ministère du gouvernement israélien ait préparé une proposition aussi détaillée dans le cadre d’une offensive militaire de grande envergure sur la bande de Gaza, à la suite de l’assaut meurtrier du Hamas et des massacres perpétrés dans les communautés du sud d’Israël le 7 octobre, montre que l’idée d’un transfert forcé de population est en train d’être élevée au rang de discussion politique officielle.  »(…)

« Le document recommande à Israël d’agir pour « évacuer la population civile vers le Sinaï » pendant la guerre, d’établir des villages de tentes, puis des villes plus permanentes dans le nord du Sinaï qui absorberont la population expulsée, et de créer ensuite « une zone stérile de plusieurs kilomètres … à l’intérieur de l’Égypte, et [d’empêcher] le retour de la population à des activités/résidences à proximité de la frontière avec Israël ». Dans le même temps, les gouvernements du monde entier, et en premier lieu les États-Unis, doivent être mobilisés pour mettre en œuvre cette initiative. »(…)

Le détail des recommandations correspond bien à ce qui est en train de se passer. Le plan de transfert est divisé en plusieurs étapes. « Dans un premier temps, des mesures doivent être prises pour que la population de Gaza “évacue vers le sud “, tandis que les frappes aériennes se concentrent sur le nord de la bande de Gaza. Dans un deuxième temps, une incursion terrestre dans la bande de Gaza commencera, conduisant à l’occupation de toute la bande du nord au sud, et au “nettoyage des bunkers souterrains des combattants du Hamas“. Parallèlement à la réoccupation de Gaza, les civil·es palestinien·nes seront déplacé·es vers le territoire égyptien et ne seront pas autorisé·es à y retourner. “Il est important de laisser ouvertes les voies de circulation vers le sud pour permettre l’évacuation de la population civile vers Rafah“ »

Cependant, Yuval Abraham, l’auteur de l’article de +972 ici cité, juge que « les chances de mise en œuvre d’un tel plan sont négligeables. ». En effet, il faudrait obtenir, sous la pression des Etats-Unis, l’accord de l’Egypte. « Le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi a déclaré qu’il s’opposait fermement à l’ouverture du point de passage de Rafah pour absorber la population palestinienne de Gaza. Il a fait valoir que le déplacement des Palestinien·nes vers le Sinaï menacerait la paix entre Israël et l’Égypte, et a averti que cela conduirait les Palestinien·ne à utiliser le territoire égyptien comme base pour poursuivre les confrontations armées avec Israël.  »

Le document explore deux autres options. «  La première consiste à permettre à l’Autorité palestinienne (AP), dirigée par le parti Fatah en Cisjordanie occupée, de gouverner Gaza sous les auspices d’Israël. La seconde consiste à cultiver une autre « autorité arabe locale » comme alternative au Hamas. Selon le document, ces deux options ne sont pas souhaitables pour Israël d’un point de vue stratégique et sécuritaire, et ne constitueront pas un message de dissuasion suffisant, en particulier pour le Hezbollah au Liban. » [31]

Ce que l’on peut craindre, c’est que Netanyahou, face à une situation d’impasse, laisse pourrir la situation et la mort faire son œuvre à l’encontre des Palestiniens, que ce soit à Gaza, évidemment, mais en Cisjordanie et en Israël aussi. Cela ne sera cependant pas sans tensions croissantes, internationales ou nationales comme en témoigne la mobilisation des familles d’otages qui n’acceptent pas que leurs proches soient sacrifiés, ou des familles de soldats.

Dans un tel contexte, le mouvement mondial antiguerre et de solidarité peut effectivement peser en faveur du cessez-le-feu.

Pierre Rousset

Notes

[1] https://ipb.org

[2] Dépêche AFP du 10 novembre 2023.

[3] Joseph Confavreux, Mediapart, 10 novembre 2023, disponible sur ESSF (article 68585) Guerre au Proche-Orient : pour l’UNRWA, « une pause ou une trêve à Gaza ne sont pas à la hauteur » :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68585
https://www.mediapart.fr/journal/international/101123/guerre-au-proche-orient-pour-l-unrwa-une-pause-ou-une-treve-gaza-ne-sont-pas-la-hauteur

[4] Edwy Plenel, 22 octobre 2023, Mediapart, disponible sur ESSF (article 68364), Israël-Palestine : la question morale
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68364
https://www.mediapart.fr/journal/international/221023/israel-palestine-la-question-morale

[5] Orly Noy est une éditrice de Local Call, militante politique et traductrice de poésie et de prose en farsi. Elle est présidente du conseil d’administration de B’Tselem et milite au sein du parti politique Balad qui défend les droits d’Arabes en Israël.

[6] Orly Noy, +972, 11 octobre 2023, disponible sur ESSF (article 68226) Israël-Palestine. « Notre humanité est mise à l’épreuve » :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68226
Traduction française de la rédaction A l’Encontre :
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/israel-palestine-notre-humanite-est-mise-a-lepreuve.html

[7] Democracy Now, 9 octobre 2023.

[8] Jakob Schäfer, Hebdo L’Anticapitalist, 10 novembre 2023, disponible sur ESSF (article 68269) Allemagne : la guerre de Gaza et la raison d’État :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68269
https://lanticapitaliste.org/actualite/international/allemagne-la-guerre-de-gaza-et-la-raison-detat

[9] Le Conseil d’État est la plus haute juridiction administrative en France, tout en jouant aussi un rôle de conseiller juridique du gouvernement.

[10] Midi Libre, 27 octobre 2023 :
https://www.midilibre.fr/2023/10/27/placee-en-garde-a-vue-la-presidente-de-france-palestine-conteste-avoir-organise-une-manifestation-interdite-11546692.php

[11] Libération, 31 octobre 2023, Frappes sur Gaza : « Vous n’aurez pas le silence des juifs de France », disponible sur ESSF (article 68486) :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68486
https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/frappes-sur-gaza-vous-naurez-pas-le-silence-des-juifs-de-france-20231031_LJEAHTHDXNFPHJGGTG6NRHDHII/

[12] Le sigle NPA est, aux Philippines, celui de la Nouvelle Armée du Peuple (New People’s Army) dirigée par le Parti communiste des Philippines (CPP). Une source de confusion, veuillez m’en excuser !

[13] NPA, 3 novembre 2023, disponible sur ESSF (article 68514), Solidarité avec les PalestinienNEs : le NPA convoqué par la police judiciaire :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68514
https://nouveaupartianticapitaliste.org/communique/solidarite-avec-les-palestiniennes-le-npa-convoque-par-la-police-judiciaire

[14] Collectif, 20 octobre 2023, disponible sur ESSF (article 68331) Pour une paix juste et durable, nous refusons la criminalisation du soutien au peuple palestinien :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68331
https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/201023/pour-une-paix-juste-et-durable-nous-refusons-la-criminalisation-du-soutien-au-peuple-p

[15] Les invités de Mediapart, 7 novembre 2023, disponible sur ESSF (article 68562) La scène culturelle française en soutien au peuple palestinien :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68562
https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/071123/la-scene-culturelle-francaise-en-soutien-au-peuple-palestinien

[16] Philippe Ricard, Le Monde daté du 9 novembre 2023

[17] Rachida El Azzouzi, Mediapart, 28 octobre 2023, disponible sur ESSF (article 68448) Michel Warschawski : « Nous avons dépassé les crimes de guerre à Gaza » :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68448
https://www.mediapart.fr/journal/international/281023/michel-warschawski-nous-avons-depasse-les-crimes-de-guerre-gaza

[18] Sarah Château, 31 octobre 2023, A l’Encontre, disponible sur ESSF (article 68529), Gaza. Une catastrophe qui renvoie aux guerres à répétition, au massacre présent et à leurs conséquences sur le long terme :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68529
https://alencontre.org/moyenorient/palestine/gaza-une-catastrophe-qui-renvoie-aux-guerres-a-repetition-au-massacre-present-et-a-leurs-consequences-sur-le-long-terme.html

[19] Nejma Brahim, Mediapart, 2 novembre 2023, disponible sur ESSF (article 68523) « On est à bout, la situation est catastrophique » : des médecins racontent l’enfer des hôpitaux à Gaza :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68523
https://www.mediapart.fr/journal/politique/110523/saint-brevin-les-pins-la-demission-d-un-maire-lache-par-l-etat

[20] António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, ONU, 6 décembre 2023, disponible sur ESSF (article 68556), UN Secretary-General’s Press Conference - on the Middle East :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68556 https://www.un.org/sg/en/content/sg/press-encounter/2023-11-06/secretary-generals-press-conference-the-middle-east

[21] Rapporteuses et rapporteurs spéciaux de l’ONU, Nations unies, 2 novembre 2023, disponible sur ESSF (article 68589), Gaza/Israël : « Risque grave de génocide » :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68589
https://unric.org/fr/gaza-israel-risque-grave-de-genocide-rapporteurs-de-lonu/

[22] David Finkel, 30 octobre 2023, Against the Current, disponible sur ESSF (article 68489), Catastrophe in Palestine and Israel :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68489
https://againstthecurrent.org/catastrophe-in-palestine-and-israel/

[23] Lara Marlowe, ESSF (article 68496), Palestine : « Gaza était une prison à ciel ouvert. Aujourd’hui, c’est un cimetière à ciel ouvert » :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68496

[24] B’Tselem, 10 novembre 2023, (article 68586), Gaza needs a humanitarian pause now :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68586
https://www.btselem.org/press_releases/20231110_gaza_needs_a_humanitarian_pause_now

[25] Louison Le Gen, 3 novembre 2023, L’Anticapitaliste, disponible sur ESSF (article 68526), Solidaires, les militantEs internationaux en Cisjordanie ! :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68526
https://lanticapitaliste.org/opinions/international/solidaires-les-militantes-internationaux-en-cisjordanie

[26] Oren Ziv, +972, 30 octobre 2023, ESSF (article 68504), Palestinians recount settler, army torture amid surge in West Bank expulsions :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68504
https://www.972mag.com/wadi-siq-settler-army-torture-expulsion-palestinians/

[27] Organisations humanitaires en Israël, 29 octobre 2022, B’Tselem, ESSF (article 68467), Emergency call to the international community - stop the forcible transfer in the West Bank :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68467
https://www.btselem.org/press_releases/20231029_joint_emergency_call_to_the_international_community_stop_the_forcible_transfer_in_the_west_bank

[28] Samah Salaime, 6 novembre 2023, disponible sur ESSF (article 68574), For Israeli leaders, every Palestinian citizen has a seat on the bus to Gaza :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68574

[29] Adalah, 26 octobre 2023, Aurdip, disponible sur ESSF (article 68469), Adalah à l’Association du Barreau d’Israël : Arrêtez l’incitation à la violence contre les avocats palestiniens :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68469
https://aurdip.org/adalah-a-lassociation-du-barreau-disrael-arretez-lincitation-a-la-violence-contre-les-avocats-palestiniens/

[30] Gilbert Achcar, 26 octobre 2023, A l’Encontre, disponible sur ESSF (article 68466), Deux scénarios pour Gaza : Grand Israël contre Oslo :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68466
http://alencontre.org/moyenorient/palestine/deux-scenarios-pour-gaza-grand-israel-contre-oslo.html

[31] Yuval Abraham, 30 octobre 2023, +972, disponible sur ESSF (article 68503), Expulser tous les Palestinien·nes de Gaza, recommande le ministère du Renseignement du gouvernement israélien :
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article68503
https://www.972mag.com/intelligence-ministry-gaza-population-transfer/

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