Édition du 7 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

L’A.R.E.Q. appuie une actualisation du concept d’identité québécoise fondé sur des valeurs communes

À l’occasion de la présentation d’un avis devant la Commission Bouchard-Taylor, la présidente de l’Association des retraitées et retraités de l’enseignement du Québec (A.R.E.Q.), Mariette Gélinas, a souligné la nécessité d’une actualisation du concept d’identité québécoise reposant sur la protection de la langue française, l’égalité entre les femmes et les hommes et la séparation entre l’État et la religion.

La présidente de l’A.R.E.Q. a souligné d’emblée que l’expérience de travail antérieure de ses membres, principalement dans les domaines de l’éducation et de la santé, les a placés au cœur des besoins et des aspirations des citoyennes et des citoyens du Québec. Souscrivant au point de vue exprimé dans son mémoire par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), à laquelle elle est affiliée, l’A.R.E.Q. souhaite donc humblement contribuer au présent débat et faire connaître une position inspirée par la sagesse et l’expérience.

« Nous, retraitées et retraités, sommes porteurs de la mémoire des luttes, des gains, des acquis et des valeurs de durée et de continuité. Nous connaissons tout le chemin parcouru ainsi que les nombreux obstacles qu’il a fallu franchir pour construire le Québec d’aujourd’hui. Nous ne pouvons pas demeurer muets dans ce débat », a déclaré Mariette Gélinas.

L’A.R.E.Q. invite donc le gouvernement à fixer des balises claires notamment pour éviter que les institutions publiques comme privées acceptent de façon malhabile des « arrangements » qui risquent de faire boule de neige, créant ainsi des tensions là où elles souhaitaient en fait favoriser le bon voisinage.

La protection de la langue française

À l’égard du français, les membres de l’A.R.E.Q. soulignent que la politique linguistique est une victoire dont le Québec peut être fier, puisqu’elle a laissé loin derrière nous de mauvais souvenirs quant à la place du français dans la sphère publique, notamment au travail et dans le commerce. Cependant, ils considèrent que les acquis sont encore fragiles et, en ce sens, ils invitent nos dirigeantes et dirigeants à faire preuve de vigilance.

« Comme le français est notre langue officielle, comme nous souhaitons accueillir les nouvelles et les nouveaux arrivants, il faut s’assurer de fournir à toutes ces personnes les moyens de s’approprier la langue française de manière à participer le plus activement possible à la vie collective, tant au niveau communautaire que professionnel », a souligné Mme Gélinas.

L’égalité entre les femmes et les hommes

De plus, l’A.R.E.Q. rappelle que les acquis en matière de droits des femmes sont précaires et que des contraintes à l’exercice de cette égalité peuvent surgir. Certaines libertés, notamment mais pas exclusivement liées à la liberté de religion, peuvent constituer des entraves. Contrairement à certains messages véhiculés, toutes les religions sont concernées.

« Nous nous réjouissons d’entendre haut et fort la reconnaissance de l’égalité entre les hommes et les femmes comme l’une des valeurs fondamentales du Québec. Nous y voyons une preuve que les mentalités ont bel et bien évolué. Nous jugeons primordiale la reconnaissance de cette égalité de droits. Nous invitons toutes les instances décisionnelles de notre société à mettre l’épaule à la roue afin que nous puissions le plus rapidement possible constater cette égalité aussi dans les faits », a poursuivi Mme Gélinas.

La séparation entre l’État et la religion

Par ailleurs, les membres de l’A.R.E.Q. sont inquiets de l’impact des réponses fournies à certaines demandes qui risquent de ramener la religion comme élément structurant de la vie publique. Ils ne veulent pas d’une reconfessionnalisation de l’espace public. Pour ce faire, ils invitent l’État à exercer son pouvoir législatif afin que ni les juristes ni les chefs religieux ne déterminent les règles de la vie commune. Ils reconnaissent cependant que la réflexion devra se poursuivre pour éviter de « jeter le bébé avec l’eau du bain ». D’anciens symboles chrétiens sont, par exemple, des symboles culturels faisant désormais partie du visage du Québec.

« Nous avons vécu dans un État assujetti à l’autorité religieuse et nous ne voulons pas revenir en arrière. Tout en reconnaissant l’œuvre des femmes et des hommes qui ont contribué, bien souvent à coup de privations et de sacrifices, à l’édification de notre société et de la plupart des services collectifs, nous croyons que le Québec doit établir une séparation la plus nette possible entre l’État et les religions. Nous croyons que c’est aussi une avenue nécessaire pour une réelle intégration de toutes les Québécoises et de tous les Québécois, quelles que soient leurs croyances et leurs pratiques religieuses », indique Mme Gélinas.

Poursuivre la réflexion

Enfin, l’A.R.E.Q. souhaite que se poursuive une démarche collective de réflexion et de débat public élargi visant à définir notre identité collective orientée vers une société plus égalitaire et plus démocratique. « Nous ne sommes ni passéistes, ni conservateurs, nous connaissons notre histoire, nous savons le prix payé pour construire une société où il fait bon vivre. Nous reconnaissons aussi l’apport des autres cultures dans la définition de notre identité collective. Ne sommes-nous pas toutes et tous descendants d’arrivants de plus ou moins longue date ? », a conclu Mariette Gélinas.

L’avis de l’A.R.E.Q. est disponible sur son site Internet au www.areq.qc.net

Profil de l’A.R.E.Q.

Fondée en 1961, l’A.R.E.Q. est la plus importante association québécoise de personnes retraitées du secteur public. Elle regroupe plus de 50 000 membres provenant des milieux de l’éducation, du loisir, de la culture, des communications, de la santé et des services sociaux, des services de garde ainsi que de la fonction publique. Elle est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Mots-clés : Communiqués

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