Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Féminisme

“L’exploitation n’est pas une vocation !”

Au cours des derniers jours, des prochaines semaines et des prochains mois, les étudiantes des CÉGEPS et des universités dans les différents programmes avec stages non rémunérés font et feront entendre leur voix. Cette voix unie passera un message fort : “Assez, l’exploitation n’est pas une vocation !”

La Fédération des femmes du Québec (FFQ) offre son soutien inconditionnel aux étudiantes qui luttent pour leur droit et appuie l’ensemble des moyens qu’elles décideront d’utiliser.

Les stages non rémunérés sont au coeur des structures sexistes du système d’éducation : iniquité à l’emploi, inégalités des chances et moindre valeur accordée au travail des femmes. Les programmes en enseignement, en travail social et dans le secteur de la santé non seulement forcent les étudiantes à donner gratuitement leur travail, mais en plus exige ce travail non rémunéré afin d’obtenir leur diplôme. Une étudiante doit payer jusqu’à un an de frais afférant et de frais de scolarité pour une année passée à l’extérieur des murs de son établissement à offrir un travail indispensable pour plusieurs institutions et organismes. La logique discriminatoire à l’égard du travail des femmes est consistante d’un bout à l’autre.

Les secteurs d’emploi à prédominance féminines sont constamment sous attaques et font les frais des coupures et compressions des politiques néo-libérales des gouvernements. Le gouvernement québécois, en ne rémunérant pas les stages des étudiantes, s’assure de bien former ces nouvelles travailleuses à des conditions de travail inadéquates et à vivre avec peu. Plus révélateur encore des structures de domination hommes-femmes est d’apprendre que les secteurs plus libéraux comme la médecine, l’avocature ou le notariat, où une majorité d’hommes sont inscrits, offrent des stages très bien rémunérés avec à la clé des possibilités d’emplois.

L’obligation de ce stage et la non rémunération de celui-ci joue aussi sur la capacité des étudiantes racisées, membres des communautés LGBTQ et vivants avec un handicap à négocier des environnements de travail qui n’ont pas l’expertise et parfois l’ouverture pour les accueillir convenablement et avec le respect auquel elles ont droit. Le pouvoir d’une étudiante de faire valoir ses droits est presque inexistant. L’égalité des chances pour toutes les femmes, spécifiquement dans un contexte de stage non rémunéré est un idéal encore loin d’être atteint. Ce système perpétue une image traditionnelle de la femme qui s’occupe des soins et des enfants, sans rémunération, et qui le voit comme une vocation. Ce stéréotype est encore plus fort pour celles qui vivent à la croisée des oppressions.

Plusieurs de nos membres comptent sur le travail de ces étudiantes et doivent souvent faire le choix d’accepter ces tâches non rémunérées pour être en mesure d’offrir des services ainsi qu’une chance d’apprentissage à ces nouvelles travailleuses. Ce choix se fait souvent avec déchirement et aussi parfois avec résignation. Comment peut-on tolérer que le droit des étudiantes à un travail bien rémunéré, décent et sécuritaire soit bafoué à ce point ? Jours de congé de maladie inexistants, obligation de débourser une assurance privée, incapacité de préparer son avenir, par exemple celle de fonder une famille ou d’acquérir un bien immobilier. Et tout cela sans compter la nécessité de devoir trouver un travail rémunéré, en plus des heures accordées à son organisme. Bien que les étudiantes doivent souvent accepter une charge de travail complète, elles sont des travailleuses de deuxième classe.

Nous appelons nos membres et les organismes communautaires qui accueillent les stagiaires à soutenir ces dernières durant ces batailles profondément féministes.

Nous demandons aux CÉGEPS et institutions universitaires de faire peuvent de jugement et de solidarité envers leur étudiantes en minimisant les impacts sur leurs parcours académiques.

Nous en appelons directement au gouvernement de mettre fin au sexisme institutionnel qu’est la non rémunération des stages.

La FFQ est déterminée à défendre le droit de toutes les femmes et à lutter pour “l’égalité pour toutes et l’égalité entre toutes”. Le soutien aux étudiantes qui luttent pour leurs droits fait parti de ce mandat.

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