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Itinérance

L'itinérance : une infraction ? Montréal pour tou.te.s ! (RAPSIM)

MONTRÉAL, le 12 mai 2021 - Aujourd’hui, le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) et ses membres investissent l’espace public avec l’action : « L’itinérance : une infraction ? Montréal pour tou.te.s ! » dont l’objectif est de rendre visible la répression vécue par les personnes en situation d’itinérance.

Des mannequins pour revendiquer l’espace public et sensibiliser*

Dans plusieurs arrondissements de Montréal, ce sont 17 organismes communautaires qui participent à l’action en y disposant des mannequins, illustrant différents visages de l’itinérance. 27 lieux symboliques de répression envers ces personnes sont ainsi investis : métro, parc, postes de quartiers, centre d’achats, etc.

« Qu’un tel nombre d’organismes se mobilisent en temps de pandémie indique l’ampleur de la répression à laquelle font face les personnes en situation d’itinérance. Le climat social actuel est inquiétant et ce sont les personnes les plus marginalisées qui en paient les frais », précise Laury Bacro, organisatrice communautaire au RAPSIM. La multiplication des démantèlements, les infractions liées à certaines mesures sanitaires qui apparaissent discriminatoires, des pétitions citoyennes réclamant le déplacement des personnes illustrent un déni des droits des personnes, dont celui d’occuper l’espace public. Être en situation d’itinérance n’est pas une infraction !

Cette action s’inscrit dans le cadre de la sortie du 5e portrait de la situation dans l’espace public montréalais : nouvelles réalités, autant d’enjeux. Issu d’un large travail de collaboration entre le RAPSIM et les organismes communautaires, ces données montrent que la majorité des infractions documentées relèvent du fait même de la situation d’itinérance. Les règlements municipaux en sont un bon exemple. On y retrouve notamment « ayant été présent dans un parc alors qu’il est fermé » ou encore « ayant utilisé le mobilier urbain à une autre fin que celle à laquelle il est destiné », comme par exemple... dormir sur un banc ! La réglementation municipale sur le camping interdit le recours aux tentes ou autres installations dans l’espace public. Du côté de la STM, on relève aussi « l’interdiction de se coucher ou de s’étendre sur un banc ».

La répression et le déplacement des personnes sont aussi accentués par la gentrification de certains espaces, historiquement occupés par les populations marginalisées. L’incompréhension des situations d’itinérance dans les quartiers motive les plaintes au SPVM. Lorsqu’on fait des plaintes et fait appel au SPVM parce que nous sommes dérangés par la présence des personnes, nous les exposons donc à toutes ces violences liées à la judiciarisation.

Ce sont souvent des situations liées au fait même d’être en situation d’itinérance qui amène à des constats d’infractions. « C’est comme si les personnes étaient pénalisées et stigmatisées pour l’absence de réponses adaptées : que ce soit en termes de logement, de services d’hébergement d’urgence dans la dignité, d’accès aux soins en santé mentale, d’accompagnement et d’approches préventives ou d’autres types de trajectoires alternatives », confie Laury Bacro.

*Cette action s’inspire de celle d’un collectif anonyme de Sherbrooke, qui avait disposé des mannequins pour illustrer les réalités des personnes en situation d’itinérance, suite à la mise en place du couvre-feu l’hiver dernier.

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