Édition du 30 avril 2024

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Asie/Proche-Orient

Un Juif israélien en tournée au Canada a la défense du peuple palestinien

La Palestine, un laboratoire de contrôle des populations

Nominé pour le prix Nobel de la paix, Jeff Halper est cofondateur et directeur du Israeli Committee Against House Demolitions (ICAHD). Dans le cadre d’une tournée au Canada organisée par Voix juives indépendantes, Denis Kosseim, du comité de solidarité nternationale du Conseil central, a rencontré un homme engagé, Juif israéien, qui se bat depuis près de 20 ans contre les démolitions des maisons de Palestiniens.

(tiré du journal du CCMM-CSN, l ’Unité, mars 2015)

Denis Kosseim : Vous préparez un livre qui sortira à l’automne, et vous avez écrit récemment un article intitulé Globalizing Gaza1. Ce titre suggère que ce qui est arrive à Gaza à l’été 2014 va se produire chez nous. C’est ça ?

Jeff Halper : Ce qu’il faut comprendre, c’est que Gaza est un laboratoire, et les Palestiniens, des cobayes. Vous menez une lutte contre les mesures d’austérité, eh bien, la riposte à votre lutte est préparée à Gaza et en Palestine ! Les guerres entre États sont de moins en moins nombreuses, mais l’industrie de la sécurité, ce que j’appelle “war against the people”, cette industrie est en plein essor. Israël est en train d’exporter l’occupation, son expertise à occuper une population civile.
En fait, je me suis posé la question suivante : comment se fait-il que nos États permettent à Israël de se comporter comme il se comporte ? Les communautés juives de ces États ? Les chrétiens sionistes ? Mais il y a des pays ou il n’y a ni l’un ni l’autre, mais où l’on est quand même très pro-Israël. Alors comment expliquer ça. Je suis arrive a la conclusion que c’est en raison de Security Politics, de politiques dites sécuritaires, que nos États donnent un passe-droit à Israël. Mon livre tente de prouver cette thèse, et ce qui m’effraye le plus, ce sont les nanotechnologies qui peuvent infiltrer nos corps, devenus des champs de bataille. Et personne ne connaîtra la guerre qui y est menée.

DK : Il s’agit de politique de sécurité nationale, donc ?

JH : Oui, mais cette politique est dirigée vers la population de l’État, contre elle, contre les 99 %. C’est la politique du 1 % pour le 1 %. Les gouvernements font de moins en moins la guerre contre d’autres pays. Et ils ne représentent pas les intérêts de la population nationale, mais ceux de l’élite économique, du 1 %. Ces gouvernements affirment assurer la sécurité, et qui ne voudrait pas de sécurité ! Mais ce qu’ils veulent sécuriser, c’est cette élite économique. Contre qui ? La population à qui l’élite impose l’austérité. Pour accroître la richesse de ces élites, il faut de l’austérité, et de l’austérité, ça passe mal, d’où l’importance d’assurer “ leur” sécurité.

DK : Il faut de la sécurité pour les riches.

JH : On parle de sécurité, mais en fait, il s’agit de pacification, de pacifier une population. Depuis le 11 septembre, il y a fusion : sécurité, police, militaires, tout ça ne fait plus qu’un. C’est une logique sécurocratique. Ici, Israël joue un rôle crucial. Gaza est un labo où on teste des méthodes de contrôle de populations, d’une part et, d’autre part, on met au point des méthodes pour faire passer cette pacification illégitime pour de la sécurité légitime. Et ce n’est pas tout ! En 2006, votre ministre fédéral de la Sécurité publique, Stockwell Day, a signé une entente confidentielle avec Israël. Cette entente, C’est “l’israélisation” de votre police, de vos frontières, de votre immigration. L’idée de souveraineté nationale est précisément ça, une idée : ce n’est pas la réalité. Pensez au G-20 à Toronto en 2010. Un article de Max Blumenthal explique comment le mouvement Occupy a été ferme grâce à des méthodes israéliennes. Vous êtes en train de vous faire palestianiser.

DK : Au conseil central, on a résolu de boycotter Israël.

JH : C’est bien, mais il faut cibler la coopération militaire et sécuritaire, se concentrer là-dessus. Aussi, il faut se méfier du lawfare, C’est-à-dire le combat juridique pour changer le droit international de sorte que les États pourront légalement combattre des acteurs non étatiques. Ça, c’est une problématique israélienne ! Aux États-Unis, ceux et celles qui militent pour les droits des animaux sont considérés légalement comme étant des terroristes !

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