Depuis décembre dernier, les demandes d’asile de nombreux membres de la communauté guinéenne établis à Montréal ont été refusées en bloc. Ces refus, qui correspondent à des menaces de déportation, s’inscrivent dans un contexte où les déportations vers la Guinée avaient été ralenties lors de l’épidémie d’Ebola de 2013 à 2016. Ils coïncident également avec l’entrée en vigueur d’un Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers entre le Canada et la Guinée, le 27 mars dernier.
À travers les années, les Guinéens et Guinéennes aujourd’hui menacé-e-s de déportation ont bâti des liens profonds avec les communautés où ils et elles vivent. Le comité d’action autonome Guinéens pour un statut pour tous et toutes rassemble des membres de la communauté guinéenne québécoise qui vivent à Montréal depuis cinq à six ans. Ils y travaillent, y ont un réseau social et prennent activement part à la communauté, mais sont maintenant menacés de perdre tout ce qu’ils ont construit ici.
Qui plus est, le contexte sociopolitique en Guinée fait en sorte qu’ils craignent d’être contraints à y retourner. En effet, l’organisation Human Rights Watch rapporte un taux de chômage élevé, la présence de criminalité organisée et d’insécurité régionale, en plus de violations des droits humains de la part de la police et du système judiciaires[1].
« Personne ne souhaite être réfugié. C’est parce que les gens ont des problèmes dans leur pays, que ce soit plus personnel ou collectif, qu’ils n’ont pas le choix de fuir et de devenir réfugiés. » Mohamed Barry, membre du comité Guinéens pour un statut pour tous et toutes
Alors que le gouvernement libéral de Justin Trudeau se prétend ouvert aux réfugié-e-s, à l’inverse de Donald Trump aux États-Unis, la menace de déportation de
Guinéen-ne-s établis au Canada depuis plusieurs années nous prouve que cela n’est vrai que dans les discours. Si l’État canadien accueille réellement les réfugié-e-s, il est primordial que le ministre de l’immigration, Ahmed Hussen, utilise le pouvoir qui lui est octroyé pour annuler cette injustice et cesser les déportations. Nous demandons :
1- Un statut pour les réfugié-e-s guinéen-ne-s au Canada, immédiatement.
2 - La fin des déportations vers la Guinée.
Pour plus d’informations : Centre des travailleurs et travailleuses immigrant-e-s
Un message, un commentaire ?