Édition du 23 avril 2024

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Israël - Palestine

Le conflit israélo-palestinien : un débat aussi redondant que faussé et usé à la corde

On ne peut discuter du conflit israélo-palestinien sans que les passions ne s’enflamment de part et d’autre. Nous sommes en présence d’un sujet hypersensible qui fige les positions des deux camps en présence, le pro-israélien d’une part et le propalestinien de l’autre. Le soutien inconditionnel de la direction américaine à l’État hébreu y contribue pour beaucoup. C’est aussi le cas de la plupart des classes politiques occidentales à divers degrés.

Même si des divisions apparaissent (enfin !) dans le camp du Parti démocrate aux États-Unis à ce sujet, la présidence américaine ne dévie pas de l’appui sans failles qu’elle a toujours apporté à Israël, comme en témoigne son récent véto au Conseil de sécurité à une résolution réclamant un cessez-le-feu à Gaza, et ce en dépit de nombre élevé de victimes civiles gazaouies provoqué par les bombardements aériens israéliens. De là à en conclure qu’une vie palestinienne vaut moins que son équivalent israélien...

Pour l’essentiel, la direction américaine suit la position du gouvernement de Tel-Aviv : la priorité va à l’élimination du Hamas même au détriment de la vie et de la sécurité des Gazaouis, et ce malgré des plaidoyers assez faiblards en faveur de "pauses humanitaires" et de "respect aussi poussé que possible de la population civile". C’est assez pareil du côté des autres gouvernements occidentaux en dépit d’une évidente émotion de plusieurs de leurs politiciens et politiciennes devant l’ampleur de la boucherie infligée par l’armée israélienne aux Gazaouis.

Tous et toutes invoquent pour justifier leur position pro-israélienne le "droit à l’autodéfense" du gouvernement israélien mais sans jamais faire référence à celui à la résistance des Palestiniens et Palestiniennes. Quand ces derniers l’exercent, il est immédiatement stigmatisé et qualifié de "terrorisme" (un terme passe-partout, à géométrie variable).
L’antijudaïsme qui a longtemps sévi dans plusieurs pays d’Occident et le fait que l’État d’Israël a été fondé par des Juifs européens pour la plupart, expliquent en bonne partie le soutien à Israël par les classes politiques occidentales. Il s’y ajoute aux États-Unis le grand nombre de Juifs et de Juives (dont tous ne sont pas sionistes, il importe de le préciser) et un puissant et très influent lobby sioniste dont fait partie un courant évangélique protestant qui vénère Israël pour des motifs religieux.

Par contraste, les Arabes en général et les Palestiniens en particulier sont implicitement considérés comme des peuples inférieurs en raison de leur culture politique. Aussi présente-t-on souvent le conflit israélo-palestinien comme une lutte ente la démocratie et le libéralisme présumés d’Israël d’un côté, et l’autoritarisme arabe de l’autre. On refuse de tenir compte du fait que les Juifs ont édifié leur État en 1947-1948 sur les ruines de l’ancienne Palestine arabe et qu’ils occupent la Cisjordanie et Jérusalem-Est depuis 1967 ni non plus qu’ils y poursuivent leur colonisation au mépris du droit à l’autodétermination du peuple palestinien et du droit international.

Sionistes et pro-israéliens font de l’urticaire quand les propalestiniens critiquent cette politique et que certains d’entre eux refusent d’adhérer au principe du "droit à l’existence" d’Israël. Il s’ensuit donc une pluie d’accusations à leur endroit, s’étendant de "l’antisémitisme" à la collusion intellectuelle avec le "terrorisme" palestinien. Il en résulte des polémiques hargneuses et brouillées.

Poser la question dans les termes adéquats s’impose donc. Fondamentalement, il s’agit d’un conflit territorial et politique, non d’une lutte entre le droit israélien et la violence palestinienne. Ce qu’on qualifie "d’antisémitisme" n’a rien à y voir. Évidemment, les anti-judaïques détestent Juifs et Israéliens confondus, mais les partisans et partisanes de la cause palestinienne ne sont pas tous anti-judaïques, loin de là.

On remarque aussi beaucoup de mauvaise foi (consciente ou non) chez plusieurs pro-israéliens. Ils dissimulent leur haine à l’égard des Palestiniens et Palestiniennes derrière les habituels alibis de "défense de la démocratie israélienne et de lutte contre l’antisémitisme". Ils sont trop hypocrites pour admettre qu’ils défendent avant tout le nationalisme israélien plutôt que le régime politique de ce pays.

Par bonheur, devant l’urgence de la situation, les "plaques tectoniques" partisanes face à ce conflit commencent à bouger. Plusieurs politiciens occidentaux veulent remettre à l’ordre du jour le projet d’une solution à deux États. La Maison-Blanche s’y ralliera-t-elle cette fois pour de vrai ? Les actions suivront-elles les belles paroles ? On le saura plus tard. Les opinions publiques occidentales deviennent aussi beaucoup plus critiques à l’endroit d’Israël, même aux États-Unis où un mouvement grandit en faveur de la cause palestinienne.
En politique comme en géologie, rien n’est fixé pour toujours.

Jean-François Delisle

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