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États-Unis

Le gouvernement américain devrait s’inspirer de la Tunisie pour apporter la stabilité au Moyen-Orient, selon cette chronique du New York Times

Selon l’écrivain Thomas L. Friedman, les États-Unis devraient s’inspirer du modèle tunisien en investissant davantage dans l’éducation au Moyen-Orient, au lieu de recourir de façon quasi-systématique à la force.

Taieb Khouni (*)
HuffPost Tunisie, mercredi 23 janvier 2019 à 16h31 CET

L’écrivain et chroniqueur au New York Times, Thomas L. Friedman, a, dans un papier d’opinion publié par le journal américain, dénoncé le manque de soutien américain à “la seule démocratie du printemps arabe”, la Tunisie.

La décision de retirer les troupes américaines de la Syrie annoncée il y a quelques semaines par le président Donald Trump, et la réduction du nombre de GIs en Afghanistan, continue à faire débat aux États-Unis, après que plusieurs partis se sont élevés contre cette décision jugée précipitée de la part du président.

“Comment se fait-il que le seul pays du Printemps arabe à avoir réussi une transition relativement pacifique d’une dictature à une démocratie constitutionnelle soit le pays auquel nous avons eu le moins affaire.” écrit Friedman, expliquant que les États-Unis auraient dû consacrer plus de ressources à la Tunisie, pour la soutenir dans la transition démocratique.

Selon lui, la Tunisie représente le seul pays du Moyen-Orient à avoir atteint les objectifs pour lesquels les États-Unis se sont tant battus, notamment en Irak, en Syrie, en Égypte, en Libye, au Yémen et en Afghanistan.

Il souligne par ailleurs une aide insuffisante de seulement un milliard de dollars depuis 2011, alors que les États-Unis dépensent chaque année environ 45 milliards de dollars en Afghanistan, sans avoir réussi à y installer une démocratie.

“C’est un contraste fou. Surtout quand on considère que la démocratie autonome en Tunisie est un modèle tellement important pour la région, mais de plus en plus fragile.” a-t-il ajouté.

La Tunisie avait les bases culturelles pour soutenir une révolution démocratique - Thomas L. Friedman

Malgré la crise socio-économique par laquelle passe le pays, et “les tensions entre syndicalistes, islamistes et démocrates”, la Tunisie tient toujours bon, “Une semaine de ce que nous dépensons en Afghanistan leur sera très utile.” regrette-t-il.

Ce qui distingue la Tunisie des autres pays où les États-Unis tentent d’instaurer un régime démocratique remonte selon Friedman à la politique de Bourguiba, et le fait qu’il ait fait de l’éducation une priorité absolue.

“La Tunisie avait les bases culturelles pour soutenir une révolution démocratique (..) Les États-Unis ont alors pensé pouvoir précipiter la transformation culturelle nécessaire de l’Afghanistan et de l’Irak.” explique Friedman

Ainsi, il encourage les États-Unis à se retirer complètement de l’Afghanistan, ce qui lui permettra d’économiser quelques 45 milliards de dollars annuellement, et revoir ses priorités dans la région. Il estime que Washington devrait consacrer 2 milliards de dollars par an dans des investissements au niveau régional, et ce, dans tous les domaines culturels qui, dit-il, ont rendu la Tunisie unique dans le monde arabe.

A ce sujet, il recommande d’accorder à la Tunisie un prêt d’un milliard de dollars, sans intérêts, tout en quadruplant la taille du Fonds tuniso-américain des entreprises, qui favorisera la création d’entreprises dans le pays.

"Il est temps de donner à plus d’Arabes l’accès aux ingrédients qui ont permis à la Tunisie de se transformer toute seule en une démocratie, sans un seul combattant américain." Thomas L. Friedman

Dans le cadre d’un engagement américain au Moyen-Orient plus orienté vers la culture, il préconise une aide à l’université américaine du Caire, à l’université américaine de Beyrouth, à l’université américaine d’Irak, et à l’université américaine d’Afghanistan.

Pour lui, il est également important d’investir dans le programme de bourses américain, et permettre aux meilleurs élèves d’écoles publiques arabes d’en bénéficier.

Il appelle également à ce que la politique d’attribution de visas d’études soit révisée, en particulier pour les femmes arabes, en plus de permettre à plus d’Iraniens d’aller étudier aux États-Unis, à travers quelque 5000 bourses dans différents domaines scientifiques.

“Depuis le 11 septembre, nous avons presque entièrement eu recours à la force. Certaines interventions étaient nécessaires, d’autres le sont toujours, mais la plupart ont échoué. Il est temps que nous changions de politique, et nous orienter vers plus de “Soft power”. Il est temps de donner à plus d’Arabes et d’Iraniens l’accès aux ingrédients qui ont permis à la Tunisie de se transformer toute seule en une démocratie, sans un seul combattant américain.” a-t-il conclu.

(*) Taieb Khouni, journaliste & vidéaste

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