Édition du 30 avril 2024

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Idle no more

Les Indignés autochtones du Canada

27.12.2012

Theresa Spence observe une grève de la faim depuis le 10 décembre. La chef de la tribu des Attawapiskat (Ontario - Nord du Canada) dénonce les conditions de vie des 1,2 millions d’autochtones du pays. Le mouvement "Idle No More" (la passivité, c’est fini) proteste contre les modifications de la Loi sur les Indiens et de la Loi sur la protection des eaux navigables. Depuis un mois, des rassemblements sont organisés à travers tout le pays.

Elle a installé son tipi sur Victoria Island, en face du Parlement canadien, à Ottawa. Un petit feu la réchauffe, elle ne boit que du bouillon de poisson depuis plus deux semaines.

Theresa Spence refuse de s’alimenter tant que le Premier ministre Stephen Harper ou le Gouverneur général David Johnston - qui représente la reine Elizabeth II - n’accepte pas de la rencontrer.

Une grande partie de sa tribu, les Attawapiskat, vit dans des logements insalubres, des caravanes - ces Amérindiens Creeks ont été déplacés à cause des forages miniers qui se multiplient dans leur réserve. Le combat de Theresa Spence est rapidement devenu l’emblème du mouvement de défense des droits indigènes "Idle No More", comme l’explique la journaliste de Radio Canada et correspondante de Radio France à Montréal, Pascale Guéricolas :

Le mouvement "Idle No More" (la passivité, c’est fini) s’est crée en octobre dernier, à l’instigation de quatre femmes de la Saskatchewan. Il proteste contre les modifications de la Loi sur les Indiens (qui date de 1876) et de la Loi sur la protection des eaux navigables contenues le projet de loi C-45.

Il prévoit notamment que les tribus ne soient plus systématiquement consultées lorsque des terres de leurs réserves sont vendues ou louées. Autre sujet de discorde : seuls 97 lacs et 62 rivières seront strictement protégés alors que le pays en compte des dizaines de milliers.

Un Autochtone sur deux est sans emploi. Le revenu moyen dans les réserves n’atteint pas la moitié du revenu moyen canadien. Certaines associations de défense des droits des indigènes dénoncent une "tiers-mondisation" des territoires autochtones : l’illétrisme et l’analphabétisme y sont très répandus, 25% des foyers vivent dans des logements surpeuplés et 9% n’ont pas accès à l’eau courante.

"Idle No More" a donc élargi ses revendications aux conditions de vie dégradées de certains des 1,2 millions d’Autochtones canadiens (Inuits et Amérindiens).

Depuis un mois, des rassemblements sont organisés à travers tout le pays comme le détaille Pascale Guéricolas :

Citée par Radio Canada, Melissa Mollen Dupuis, une des organisatrices de rassemblements "Idle No More" de Montréal explique la portée de ce mouvement : "C’est une révolution des Premières Nations, la fin de l’apathie. Habituellement, chaque nation a ses propres demandes, mais maintenant, c’est un cri du coeur national et international". Plusieurs manifestations "Idle No More" viennent en effet de se produire aux Etats-Unis et en Europe.

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