Édition du 7 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Violence faite aux femmes

Les féminicides, ça suffit, pas une de plus !

Allocution prononcée le 2 avril par Lucie Gosselin durant la manifestation organisée à Québec contre les féminicides.

Quand le comité organisateur de la mobilisation citoyenne d’aujourd’hui m’a demandé de prendre la parole au nom des centres de femmes de Québec, Chaudière-Appalaches et Portneuf, je me suis demandé quel serait le message le plus important à vous transmettre de la part des centres de femmes devant l’augmentation de la violence conjugale et des féminicides pendant cette pandémie. Depuis plusieurs semaines, les médias en parlent presque chaque jour, on dit que la violence augmente parce que les femmes sont davantage isolées, ce qui a largement été démontré d’ailleurs par les centres de femmes, les maisons d’hébergement, les lignes d’écoute et même par les statistiques de la police.

Mais, comme vous le savez, la violence conjugale n’est pas due à la pandémie, elle n’est pas nouvelle dans la vie des femmes, elle existe depuis des temps immémoriaux à cause des rapports de pouvoir qui existe entre les hommes et les femmes. Ce système-là, présent dans notre société et dans le monde entier, on l’appelle le système patriarcal. C’est un système où ce sont les hommes qui ont le plus de pouvoir dans la famille et dans la société en général. C’est ce système-là aussi qui permet les féminicides, ce qui signifie que les femmes sont tuées pour le simple fait d’être des femmes.

Les centres de femmes accompagnent les femmes un peu dans tous les aspects de leur vie, particulièrement en ce qui concerne la pauvreté, la santé mentale et les violences qu’elles subissent ; en conséquence, nous sommes confrontés aux effets du système patriarcal qui produit divers types de violence faite aux femmes, une de celles-là, c’est la violence conjugale sous toutes ses formes, verbale, psychologique, économique, sexuelle et physique.

On oublie souvent que cette violence menace toutes les femmes, chacune d’entre nous peut être visée parce qu’elle est une femme. Dans les centres de femmes, nous sommes conscientes que toutes les femmes sont confrontées à cette violence comme épouse, comme mère, comme fille, comme sœur, comme amie et davantage encore les femmes à la croisée de plusieurs oppressions, les femmes autochtones, les femmes immigrantes et racisées, celles qui vivent avec un handicap, les femmes pauvres ou de la diversité sexuelle et de genre et j’en oublie certainement d’autres.
Pourquoi cette violence absolument inadmissible existe-t-elle ? Pourquoi des femmes sont-elles battues, tuées, mutilées par ceux-là mêmes qui sont censés être leurs compagnons de vie devant les yeux de leurs enfants ? Comment se fait-il que les différents gouvernements depuis des décennies n’aient toujours pas financé convenablement les organismes qui accompagnent les femmes dans leurs difficultés comme les centres de femmes et les maisons d’hébergement qui les soutiennent et contribuent à sauver leurs vies dans les moments les plus difficiles ? Comment se fait-il que ces hommes agresseurs circulent librement alors que femmes et enfants sont obligés de déménager et de se cacher dans des conditions déplorables ?

La réponse que j’ai trouvée malheureusement est simple : c’est parce que cette violence est tolérée dans notre société, les rapports de pouvoir qui teintent les relations entre les différents groupes sociaux génèrent la violence et que cette violence fait partie intégrante de l’idéologie de notre société patriarcale. Si ce n’était pas à cause de cela, les choses auraient déjà changé. Non seulement nous baignons dans ce système patriarcal, mais en plus, nous vivons avec un système économique capitaliste qui donne plus d’importance aux profits et à l’argent qu’aux êtres humains. Ce même système capitaliste qui s’appuie aussi sur le racisme et le colonialisme pour faire davantage encore de profits sur le dos des populations.

Comment arriver à changer les choses quand nos gouvernements financent davantage les compagnies afin qu’elles enrichissent quelques individus plutôt que nos organismes communautaires ainsi que nos services publics qui prennent soin des gens ?

Les femmes sont en colère, la population est en colère. C’est pourquoi, nous ne faisons pas uniquement accompagner les femmes dans les centres de femmes, nous nous organisons et luttons ensemble pour changer les choses. Et c’est pourquoi le message important que je veux vous transmettre aujourd’hui c’est celui-ci : tenez compte de votre colère et de votre indignation qui sont légitimes, servez-vous-en pour venir militer avec nous dans les centres de femmes ou dans l’organisme de votre choix, dans vos syndicats ou là où vous considérez que c’est important. Vous ferez la différence. Nous tous ensemble, mettons les êtres humains au centre de la vie et luttons pour changer les choses comme vous avez commencé à le faire aujourd’hui en montrant votre solidarité avec les femmes victimes de violence conjugale par votre présence ici. Merci !

Les féminicides, ça suffit, pas une de plus !

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