Le projet de loi 15 est une nouvelle attaque contre les femmes. Les membres du personnel, à 80 % féminin, subiront en majeure partie les contrecoups de la réforme Dubé. Les conditions de travail, l’autonomie et la surcharge sont à améliorer depuis trop longtemps, alors que les politiques de la Coalition avenir Québec (CAQ) empirent plutôt les choses, celles-ci s’inscrivant dans une tendance qui dévalorise le travail des femmes et qui vise à le contrôler. Le meilleur exemple de ce phénomène est l’attaque contre l’autonomie professionnelle et la culture organisationnelle de proximité des sages-femmes.
Ce sont les travailleuses qui devront continuer de soutenir à bout de bras les soins et les services, dans un contexte de pénurie de personnel qui sera exacerbé par l’exode vers le privé. Les travailleuses, mais aussi les citoyennes, verront les centres de décision s’éloigner de leur réalité quotidienne au profit de « tops guns » du privé qui décideront à leur place. Dans les organismes communautaires, les femmes devront encore se battre pour conserver leur peu d’autonomie et pour obtenir un financement adéquat. Les proches aidantes, encore une fois majoritairement des femmes, devront pallier une fois de plus les manques de l’État.
« Les services sociaux et de santé reposent, depuis toujours, sur le travail des femmes. Peu nombreuses aux commandes, elles feront les frais de la réforme Dubé. Leurs conditions de travail doivent impérativement être améliorées. C’est une question de pérennité des emplois et de tout le réseau public », indique Caroline Senneville, présidente de la CSN.
Le coup d’envoi d’un mouvement
« Je suis tannée, les travailleuses, les usagères, les proches aidantes, sont tannées. Tannées d’assister à des reculs démocratiques et de constater que notre voix n’est plus entendue. Tannées de la privatisation galopante qui va créer plus d’inégalités entre nous. Tannées du contrôle de notre travail et de devoir écoper des conséquences du mauvais financement du communautaire. Ça suffit, notre travail qui n’est pas reconnu à sa juste valeur ! Ça suffit, l’effritement de notre filet social ! On ne peut pas accepter ce que la réforme Dubé nous propose », de s’insurger Judith Huot, première vice-présidente de la FSSS-CSN et initiatrice du mouvement.
La CSN et la FSSS-CSN donnent donc le coup d’envoi de ce qu’elles aimeraient voir devenir un véritable mouvement et invitent les femmes du Québec ainsi que leurs groupes alliés à dénoncer la réforme Dubé en portant le carré mauve et en multipliant les actions de mobilisation. Elles comptent d’ailleurs déjà sur le soutien de plusieurs alliées, dont le Regroupement Les Sages-Femmes du Québec, le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec, la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires & bénévoles.
Françoise David, militante féministe, ex-syndicaliste et ex-présidente de la Fédération des femmes du Québec, donne également son appui à cette initiative. « Prendre soin, soutenir, accompagner, c’est fondamental dans une société qui se veut égalitaire. J’aime l’idée de nous unir afin de développer des services publics et communautaires qui répondent aux besoins des gens et qui soient gérés démocratiquement, le plus près possible des communautés. Les travailleuses, et bien sûr, les travailleurs, doivent se sentir respectés dans des réformes qui se multiplient depuis plusieurs années sans que l’on voie des impacts positifs sur le terrain. Portons un carré mauve pour que le ministre Dubé pense aux femmes, aux travailleuses ! »
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