Édition du 23 avril 2024

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Les lunettes roses de François Blais

Le ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, François Blais, est un éternel optimiste. Il l’est tellement qu’il va même jusqu’à nier la réalité pour conserver sa bonne humeur. Le 23 novembre 2015, on pouvait le lire dans le Courrier parlementaire, dans lequel il affirmait qu’il n’y avait pas de compressions en éducation au Québec.

En voici un extrait :

« Depuis 2010-2011, le budget de l’éducation a progressé de 10,1%. Ça représente plus de 1,5 milliard qui a été ajouté. J’ai entendu parfois dans certaines déclarations, dire : ces dernières années, on a coupé 1 milliard dans l’éducation. À chaque fois que j’entends ce chiffre, je demande à mon interlocuteur : pouvez-vous me présenter un tableau de ces compressions ? Personne, jusqu’ici, personne n’a réussi à me présenter ces chiffres. »

Ouvrir les yeux...

Si monsieur Blais se donnait la peine de regarder un peu sur le site Web de son propre ministère, il trouverait une copie du Rapport du comité d’experts sur le financement, l’administration, la gestion et la gouvernance des commissions scolaires. Dans ce rapport, on trouve justement un tableau (pages 172 et 173) qui illustre les compressions imposées aux commissions scolaires.

La Centrale des syndicats du Québec et la Fédération des commissions scolaires du Québec ont également compilé les compressions imposées aux commissions scolaires depuis 2010-2011 et le résultat est assez éloquent :

Synthèse des compressions imposées aux commissions scolaires
depuis 2010-2011 :

Sources : Budgets des dépenses du Québec, compilation par la Fédération des commissions scolaires du Québec et la Centrale des syndicats du Québec

... et les oreilles

Où était le ministre lorsque des centaines de parents sont venus à Québec pour dénoncer les effets de ces compressions sur la qualité d’apprentissage de leurs enfants ? Comment peut-il continuer à faire la sourde oreille aux cris d’alarme qui retentissent partout dans le réseau scolaire ?

Ce sont 250 postes de professionnelles et professionnels qui ont été abolis l’an dernier. Ceux-ci donnaient des services à des élèves aux prises avec des difficultés diverses qui ne sont pas disparues par magie !

Les compressions ont aussi frappé durement le personnel de soutien : éducatrices et éducateurs en services de garde, techniciennes et techniciens en éducation spécialisée (TES), secrétaires d’école, etc. Ils subissent des coupes d’heures de travail ou doivent vivre avec une surcharge de travail en raison des abolitions de postes. Seulement à Laval, ce sont 2 500 heures qui ont été retranchées dans les services des TES. Une secrétaire d’école rencontrée sur les lignes de piquetage me racontait aussi qu’à la suite de l’abolition de son poste, elle devait partager son temps entre trois écoles différentes pour avoir l’équivalent d’un emploi à temps complet.

Le ministre doit se reconnecter avec le milieu

Depuis l’arrivée en poste du ministre, des dizaines de milliers d’intervenantes et intervenants du milieu scolaire lui rappellent qu’ils tiennent l’école à bout de bras et que nos écoles manquent de ressources pour aider les élèves à réussir.

Un réinvestissement massif s’impose en éducation. Parents, travailleuses et travailleurs, directions, tous s’entendent là-dessus. Le ministre ne peut pas continuer à être aussi déconnecté de son réseau. François Blais doit se mettre à l’écoute du milieu scolaire. Il a la responsabilité de se tenir debout et de défendre le réseau de l’éducation en convainquant son gouvernement d’investir les sommes nécessaires à la réussite de tous les élèves.

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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