Édition du 30 avril 2024

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Les victimes d’actes homophobes ont peur de porter plainte

À l’approche de la Journée internationale contre l’homophobie, Gai Écoute publie un rapport intitulé L’homophobie dénoncée qui analyse les résultats d’une expérience pilote lancée en 2012 afin d’inciter les victimes et les témoins d’actes homophobes à rompre le silence et à dénoncer les agresseurs. Du 1er mai 2012 au 31 octobre 2013, 256 personnes ont déclaré 958 actes homophobes au Registre des actes homophobes à déclaration anonyme et confidentielle. Ces résultats tranchent avec les statistiques officielles concernant les actes homophobes à caractère criminel ou discriminatoire.

Les actes homophobes rapportés aux autorités sous-représentent la réalité, selon Laurent McCutcheon, ex-président de Gai Écoute et auteur du rapport. « La peur des conséquences explique ce décalage. Cette crainte est présente dans les déclarations reçues au Registre des actes homophobes où certaines victimes expriment directement avoir peur des menaces de mort si elles portent plainte et de revoir l’agresseur. Pour d’autres victimes, la crainte de dévoiler leur orientation sexuelle est suffisante pour qu’elles ne portent pas plainte aux autorités. »

Selon Statistique Canada, les taux de sous-représentation fondés sur l‘orientation sexuelle sont plus élevés que celui des autres crimes haineux. Le rapport met en évidence que les victimes d’actes homophobes ne sont que 23% à déclarer avoir porté plainte auprès des autorités publiques.

Il ressort du rapport que :
• 70 % des victimes sont de genre masculin contre 15% de genre féminin et 3% de transgenres (12% non précisé)

• 78% des agresseurs sont de genre masculin contre 22% de genre féminin

• 52% des victimes sont des adultes, 17% des jeunes adultes, 12% des mineur-es et 4% des aîné-es (14% non précisé)

• 74% des victimes sont des Blancs, 4% des Arabes, 2% des Noirs, 1,6% des Latino-Américains, 0,4% des Asiatiques (18% non précisé)

• 57% des actes homophobes sont commis par des adultes, 25% par de jeunes adultes, 12% par des mineur-es et 6% par des aîné-es

• 57% des actes homophobes sont commis par un seul agresseur et 42% sont commis par deux agresseurs et plus (1% non précisé)

• 56% des actes homophobes sont commis dans l’espace public, contre 21% dans les lieux résidentiels, 16% au travail et 8% à l’école.

Les types d’actes homophobes les plus souvent déclarés sont :


• 26% : la discrimination


• 20% : les insultes


• 16% : les gestes et les moqueries


• 9% : l’intimidation


• 7% : la violence verbale


• 7% : les menaces


• 4% : le harcèlement


• 4% : les abus, le vandalisme et le vol


• 3% : la violence physique


• 3% : la propagande haineuse


• 1% : autres.

De manière générale, 57% des actes homophobes sont avant tout des actes à caractère discriminatoire, alors que 42% sont à la fois à caractère discriminatoire et criminel. Il n’y a que 1% des actes déclarés qui sont strictement à caractère criminel. La violence physique, la violence verbale, les menaces, le vandalisme, la propagande haineuse, le vol sont considérés être des actes à caractère criminel.

Aussi, à 75 reprises, on a déclaré un acte homophobe survenu dans un média : Internet comptant pour 56% de ces déclarations, 11% pour la télé, 11% pour la radio, 9% pour les journaux, 9% pour les graffitis.

Enfin, Laurent McCutcheon est d’avis que le projet pilote a permis de mieux comprendre le phénomène des actes homophobes, qu’il a semé l’habitude de rompre le silence, qu’il constitue une mesure structurante de lutte contre l’homophobie et que sa pertinence milite en faveur de sa prolongation.

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