Édition du 21 mai 2024

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Négociation dans les secteurs public et parapublic

Le président de la FSSS-CSN, Jeff Begley, lance un cri d’alarme

Nous traversons, depuis le mois de mars dernier, une crise sociosanitaire majeure qui a pour effet d’ébranler, entre autres choses, le réseau de la santé et des services sociaux. Le personnel qui offre les services de première ligne dans les hôpitaux et les CHSLD est rudement mis à l’épreuve. Les mesures à appliquer pour assurer la santé et la sécurité de ces salariéEs syndiquéEs (qui sont ici des femmes à environ 80%) font cruellement défaut. Pire, les canaux de communication entre le ministère de la Santé et des services sociaux, le Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux et la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) ne semblent pas fluides. Pour ce qui est de la négociation du renouvellement de la convention collective, alors qu’elle devait être terminée (selon le désir exprimé publiquement par le premier ministre François Legault) le 31 mars dernier, cette négociation traîne et traîne en longueur.

Lors d’une conférence de presse tenue le 13 octobre 2020, le président de la FSSS-CSN, Jeff Begley, a précisé qu’à ce moment-ci la FSSS-CSN réclame notamment la mise en place des mesures suivantes :

• De meilleurs canaux de communication entre le MSSS, le CPNSSS, la FSSS-CSN et les syndicats locaux

• Des mesures en santé et sécurité du travail (isolement, équipements de protection, déplacement, soutien psychologique, etc.)

• L’encadrement de l’utilisation du personnel d’agences

• Des mesures favorisant la conciliation famille-travail

• Des adaptations dans l’organisation du travail

• Des compensations justes pour le personnel au front

À la une du quotidien Le Devoir du 13 octobre 2020, il était mentionné que dans le cadre de la présente négociation dans les secteurs public et parapublic le ministre de la Santé, Christian Dubé, « veut en priorité » s’entendre avec le syndicat des infirmières. Le ministre Dubé adopte une vieille politique qui se résumé en peu de mots : « Diviser pour régner ». Et pendant ce temps, la négociation perdure dans le temps, les conditions de travail de centaines de milliers de salariéEs se dégradent, les nouvelles recrues abandonnent et quittent prématurément leur nouvel emploi et du côté ministériel on nous dit qu’un jour « Çà ira mieux »…

Yvan Perrier

13 octobre 2020

yvan_perrier@hotmail.com

Source :
https://www.newswire.ca/fr/news-releases/pour-traverser-une-seconde-vague-des-besoins-urgents-pour-le-personnel-de-la-sante-et-des-services-sociaux-823145127.html

Pour traverser une seconde vague - Des besoins urgents pour le personnel de la santé et des services sociaux
NOUVELLES FOURNIES PAR
Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)
Oct 13, 2020, 11:59 ET
MONTRÉAL, le 13 oct. 2020 /CNW Telbec/ - Les travailleuses et les travailleurs de la santé ne pourront pallier les lacunes du système encore très longtemps, prévient la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). Elle presse le gouvernement d’agir sans attendre pour appliquer les solutions nécessaires pour éviter une autre catastrophe.
« Cela fait des mois que nous le disons. Il aurait fallu profiter de la période estivale pour terminer les négociations des conventions collectives et bien se préparer à une seconde vague, explique le président de la FSSS-CSN, Jeff Begley. Le gouvernement n’a rien voulu entendre. Malgré son échec à mettre en place les mesures nécessaires pour protéger le personnel du réseau et contenir la propagation lors de la première vague, il continue dans son approche unilatérale, top-down. Il faut absolument changer de cap, car sinon, je le crains, l’exode des travailleuses et des travailleurs se poursuivra et on va s’en aller dans le mur ; ça fera encore plus mal que la première fois ».
Des mesures spécifiques à la crise
Au printemps dernier, la FSSS-CSN s’est acharnée à tenter de conclure une entente avec les représentantes et les représentants patronaux sur différentes mesures nécessaires pour protéger non seulement les travailleuses et les travailleurs, mais également toute la population, notamment celles et ceux qui sont soignés et hébergés dans les établissements. Le gouvernement avait refusé cette main tendue. Il a mis en place unilatéralement des protections qui se sont avérées insuffisantes. Finalement, le personnel du réseau compte pour pas moins du quart des infections à la COVID-19 au Québec, une proportion plus élevée qu’ailleurs au Canada. En outre, les gestionnaires maintiennent, encore aujourd’hui, des mouvements de personnel à l’intérieur et entre les établissements et ils continuent de faire appel aux agences de placement, ce qui constitue un vecteur important de propagation de la contagion.
« Les gestionnaires nous proposent de nous « efforcer » de respecter les consignes émises par la Santé publique, poursuit Jeff Begley. C’est clairement insuffisant. Le réseau se doit, au contraire, de montrer la voie, de se distinguer comme un employeur modèle face à la pandémie. Et ce n’est vraiment pas le cas ! »
La FSSS-CSN réclame notamment :
• De meilleurs canaux de communication entre le MSSS, le CPNSSS, la FSSS-CSN et les syndicats locaux
• Des mesures en santé et sécurité du travail (isolement, équipements de protection, déplacement, soutien psychologique, etc.)
• L’encadrement de l’utilisation du personnel d’agences
• Des mesures favorisant la conciliation famille-travail
• Des adaptations dans l’organisation du travail
• Des compensations justes pour le personnel au front
Personnel demande la reconnaissance
Au printemps dernier, le gouvernement a choisi d’instaurer un cocktail de différentes primes visant à reconnaître le travail du personnel au front. Ces primes génèrent encore beaucoup d’insatisfaction, parce que leur application est injuste aux yeux du personnel. Ces primes sont restreintes à certains titres d’emploi précis, dans certaines zones désignées. Comment expliquer, par exemple, que les brancardiers en soient exclus, eux qui transportent des patients infectés ? Il en va de même pour le personnel qui manipule les instruments médicaux ou le matériel souillés à la COVID ou le personnel des laboratoires dont la contribution à la lutte est clairement indispensable ? Pourquoi le travail du personnel administratif n’est-il pas davantage reconnu, alors que ces travailleuses ont été nombreuses à contracter la COVID-19 ? Ce ne sont là que quelques exemples de titres d’emploi à qui le gouvernement envoie le message qu’ils ne sont pas importants.
Par conséquent, les gens quittent le réseau en masse, ce qui annonce des difficultés de main-d’œuvre encore plus aiguës. Seulement au CIUSSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal, plus de 1800 personnes ont démissionné depuis le début de l’année. L’établissement se retrouve notamment avec 250 agentes administratives, 85 préposé-es à l’entretien et 120 préposé-es aux services alimentaires en moins depuis le début de l’année. Bien que leur travail dans nos établissements soit rarement mis sous la lumière, il demeure que leur rôle est primordial. Cela entraîne une surcharge de travail pour tous les autres salarié-es, cela non sans impact sur les services auxquels la population est en droit de s’attendre. « Il faut agir de toute urgence, sinon, c’est un mur qui nous attend, prévient Jeff Begley ».
Des négociations qui traînent en longueur
Une bonne marque de reconnaissance pour tout le personnel serait bien entendu de conclure le renouvellement des conventions collectives, échues depuis le 31 mars 2020. Or, le gouvernement refuse jusqu’à maintenant toutes les solutions apportées par la partie syndicale pour attirer la relève et retenir et stabiliser le personnel dans tous les titres d’emploi. Les problèmes de main-d’œuvre des établissements ne se limitent pas seulement au PAB ou au personnel soignant. Ils touchent de nombreux titres d’emploi des établissements, du personnel administratif aux ouvriers spécialisés, qui gagnent parfois beaucoup moins que ce qu’ils gagneraient dans le secteur privé. En l’absence de solutions, les établissements doivent demander à du personnel aux soins de remplir plus de paperasse ou encore faire appel à des entreprises sous-traitantes, qui chargent le prix fort pour entretenir les installations ou assurer l’hygiène et la salubrité des milieux de soins.
Le gouvernement ne veut même pas discuter avec les syndicats en matière de santé et sécurité, alors que le réseau est un des milieux de travail où on compte le plus d’accidents de travail et de maladies professionnelles, et ce, même avant la crise. Le gouvernement ne veut parler que de ses propres demandes de recul, par exemple, revoir l’application des dispositions sur le paiement des heures supplémentaires et l’aménagement de la semaine de travail, pour économiser des sommes et montrer un portrait trompeur sur le recours réel aux heures supplémentaires dans le réseau.
« Chaque jour, le trio santé de la CAQ nous répète que le réseau est très fragile, qu’il est au bord de la rupture, rappelle la vice-présidente de la FSSS-CSN, Josée Marcotte. C’est vrai. C’est précisément parce que, depuis des décennies, les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas voulu aborder de front ces enjeux avec les syndicats en négociation. L’heure n’est certainement pas à rogner encore davantage dans les conditions de travail du personnel, au contraire ! Un changement de cap s’impose ! Le gouvernement doit prendre au sérieux le cri du cœur des salarié-es. Si le gouvernement n’entend pas ce message maintenant, nous serons prêts à augmenter la pression, car il y a urgence de rebâtir nos services de santé et sociaux ! »
À propos
La FSSS-CSN réunit 110 000 travailleuses et travailleurs, dont plus de 90 000 du réseau public de la santé et des services sociaux, partout au Québec, et ce, dans toutes les catégories de personnel.
SOURCE Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)

Yvan Perrier

Yvan Perrier est professeur de science politique depuis 1979. Il détient une maîtrise en science politique de l’Université Laval (Québec), un diplôme d’études approfondies (DEA) en sociologie politique de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et un doctorat (Ph. D.) en science politique de l’Université du Québec à Montréal. Il est professeur au département des Sciences sociales du Cégep du Vieux Montréal (depuis 1990). Il a été chargé de cours en Relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais (de 2008 à 2016). Il a également été chercheur-associé au Centre de recherche en droit public à l’Université de Montréal.
Il est l’auteur de textes portant sur les sujets suivants : la question des jeunes ; la méthodologie du travail intellectuel et les méthodes de recherche en sciences sociales ; les Codes d’éthique dans les établissements de santé et de services sociaux ; la laïcité et la constitution canadienne ; les rapports collectifs de travail dans les secteurs public et parapublic au Québec ; l’État ; l’effectivité du droit et l’État de droit ; la constitutionnalisation de la liberté d’association ; l’historiographie ; la société moderne et finalement les arts (les arts visuels, le cinéma et la littérature).
Vous pouvez m’écrire à l’adresse suivante : yvan_perrier@hotmail.com

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