Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec

Notre air n'est pas une occasion d'affaires

La Coalition Halte-Air St-Hubert devant la Chambre de commerce de Montréal.

Malgré le premier vrai froid de l’hiver qui s’amène, une dizaine de citoyen.ne.s ont bravé un vent mordant pour se rassembler aujourd’hui devant l’hôtel Fairmont Reine-Élizabeth, pendant qu’un des leurs assistait à la présentation de Développement Aéroport Saint-Hubert-Longueuil (DASH-L) et de Porter Airlines devant la Chambre de commerce de Montréal à l’occasion d’un événement portant sur les Grands projets de transport.

Le terminal de 9 portes projeté par ces promoteurs pourrait accueillir à terme 4 millions de passagers annuellement,11.000 par jour, alors qu’actuellement, il y en a 11.000 par année. Cela occasionnera plus d’une centaine de vols par jour, soit de 6 à 8 vols à l’heure.

Encore une fois, DASH-L et PORTER Airlines n’ont présenté aucune étude démontrant le besoin et la nécessi-té de réaliser un tel projet, reprenant leur même « pitch » de vente que lors de la conférence de presse du 27 février, où les journalistes n’avaient pas eu le droit de poser des questions”, explique Julien Keller, professeur à la Faculté des Sciences de l’UQAM, citoyen de Longueuil et représentant de la Coalition, qui assistait à la présentation.

Et l’événement d’aujourd’hui ne permettait pas non plus de questionner ces promoteurs qui s’appuyaient en-core une fois sur des projections totalement farfelues du trafic aérien pour 2050 » poursuit Julien Keller. « Si leur objectif était de chercher des appuis en vendant du rêve aux businessmen, ils ont au mieux pu s’attirer quelques applaudissements polis et dispersés », analyse-t-il.

Et contrairement à ce qu’a prétendu le représentant de DASH-L pendant la présentation, il n’y a au-cune acceptabilité sociale. Ils sont bien loin des inquiétudes justifiées de la population qui, elle, va subir les conséquences gravissimes de ce développement”, poursuit encore le Prof. Keller.

On se rappellera que le projet de DASHL/PORTER n’a jamais été soumis à une évaluation publique de ses impacts, pas plus qu’il n’a été soutenu et documenté par une quelconque étude sérieuse et pertinente.

Deux consultations ont eu lieu avant que le projet ne soit annoncé, et toutes deux s’étaient opposées à ce développe-ment tant qu’aucune étude d’impacts sanitaires, climatiques et économiques n’ait été déposée, permettant d’en évaluer la pertinence et la nécessité.

Ce qui n’a pourtant pas empêché la mairesse de Longueuil de prétendre à l’acceptabilité sociale du projet par la popula-tion, et de s’associer de multiples façons à sa promotion avec les gestionnaires et promoteurs, prétendant du même souffle qu’elle n’avait aucun pouvoir de l’empêcher.

“On comprend mieux pourquoi le projet de DASHL/Porter n’a pas été soumis à une véritable consultation quand on lit ce que Michael Deluce, PDG de Porter, a raconté dans le Globe and Mail le 25 octobre dernier. Por-ter Airlines a déjà l’intention de vendre le terminal qu’ils sont en train de construire”, explique encore le Prof. Keller.

Le représentant de la Coalition a pu prendre contact sur place avec le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, pour lui expliquer la situation, pendant qu’à l’extérieur, de nombreux slogans criés rendaient compte des préoccupations et inquiétudes justifiées des citoyen.ne.s.

Plusieurs de ces messages s’adressaient d’ailleurs au ministre fédéral des Transports, d’autres à son collègue Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique, d’autres encore au premier ministre Legault et au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec, Benoit Charette.

«  Au moment où les scientifiques du monde entier nous alarment sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui continuent d’augmenter, alors qu’il y a urgence de les réduire pour contenir les souffrances qui nous attendent, les gens d’affaires, eux, n’y voient qu’une nouvelle occasion d’affaires », a expliqué l’animateur du rassemblement aux per-sonnes présentes.

Et pour donner la mesure des inquiétudes, le groupe a crié : « Si on ne pense qu’à la richesse pis qu’on augmente nos GES, l’espèce en voie de disparition sera la prochaine génération ».

La Coalition Halte-Air Saint-Hubert est un regroupement de groupes et de citoyen.ne.s qui réclame un moratoire sur tout développement de l’aéroport de Saint-Hubert tant et aussi longtemps que le plan complet du projet, incluant les coûts publics, n’aura pas été déposé publiquement et que tous ses impacts, non seulement économiques, mais aussi
sanitaires et climatiques, présents et futurs, n’auront pas été analysés et discutés sérieusement et publiquement devant les citoyen.e.s.

Pour la Coalition Halte-Air Saint-Hubert

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