Édition du 23 avril 2024

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LGBT

Plan d’action de lutte contre l’homophobie et la transphobie 2017-2022

On l’a lu pour vous le Plan d’action 2017-2022 (partie 1)

Le 17 mai dernier, le Plan d’action de lutte contre l’homophobie et la transphobie 2017-2022 nous a été dévoilé, après des travaux et des consultations qui duraient depuis presque deux ans. Comme nous l’avons déjà dit dans notre communiqué, ni l’égalité juridique, ni l’égalité sociale ne sont atteintes, mais nous pensons que ce nouveau plan a beaucoup de potentiel.

tiré de : L’INFOLETTRE DE FUGUES # 633 - 29 juin 2017
Solidairement vôtre - La chronique du Conseil québécois LGBT
Marie-Pier Boisvert

La position du Conseil est particulière, dans le milieu LGBT. Nous sommes un regroupement de groupes (et de quelques individus), ce qui signifie que nous représentons les intérêts d’organismes extrêmement disparates, avec une vision commune certainement (= une société qui reconnaît, respecte et célèbre la diversité des identités, des désirs et des corps), mais aussi avec des missions transversales qui touchent tous les secteurs — santé, éducation, immigration, travail, famille, jeunesse, aîné.e.s, autochtones, affaires municipales — et j’en passe… Donc lire le Plan d’action 17-22 en essayant de tenir compte des besoins et des revendications de tous nos membres, ce n’est pas une mince affaire. Il a fallu que je relise plusieurs fois, disons ; je vous livre, quand même, mes humbles réflexions.

Les bons coups : des revendications entendues

Ça saute aux yeux que certains secteurs seront bientôt soutenus de manière très concrète. Les familles homoparentales notamment ont un total de 9 actions qui leur sont consacré.e.s. Elles verront (enfin !) des revendications de longue date se concrétiser, notamment l’évolution des formulaires institutionnels où il faut encore écrire "père" ET "mère"... malgré la reconnaissance des familles homoparentales dans la loi depuis 2002 ! Il nous semble aussi que la situation plus que déplorable des personnes aîné.e.s LGBT ait interpellé nos décideuses.eurs. Elles sont mentionnées dans deux actions précises, ce qui n’est le cas d’aucune autre intersection identitaire (jeunes, immigrants, etc.). Ces efforts de soutien se porteront (enfin !) sur l’éducation et la sensibilisation des intervenant.e.s concerné.e.s, ce qu’on salue chaleureusement. D’un côté et de l’autre, vous l’aurez remarqué, on se dit réellement : enfin !

La structure : Pas tout à fait transversale

Ce qui est dommage, c’est que les actions soient déployées selon les ministères, plutôt que selon les besoins de certains sous-groupes. Il est évident pour nous que la présence d’un ministère de la Famille a favorisé la prise en charge de certaines revendications précises. On ne sent pas le même engagement de tous les ministères, cela étant : le ministère de l’Immigration, par exemple, n’a qu’une action qui lui incombe, la même que celle du plan précédent, d’ailleurs. Et les ministères ultra-concernés — le ministère de la Santé et le ministère de l’Éducation notamment — ont des actions qui sont également très similaires à celles du plan précédent, et qui visent les réalités LGBT at large. Bref, on s’inquiète que certaines mesures trop générales oublient une grande partie des réalités LGBTQ+ alors qu’elles sont cruciales... et que certaines mesures — trop spécifiques celles-là — manquent le bateau de l’intersectionnalité.

L’expertise reconnue versus les moyens accordés

Le Plan est clair sur ce point : les organismes communautaires sont les yeux, les oreilles et le cœur de la lutte contre l’homophobie et la transphobie. Le Bureau de lutte contre l’homophobie a besoin de nous, et inversement, puisque son travail minutieux auprès des ministères prend tellement, tellement de temps... Et du temps, les OSBL n’en ont pas beaucoup, disons. Donc, on nous dit « Merci, continuez ! » d’un côté, mais de l’autre, pour être épaulés financièrement (au-delà des enveloppes pour les projets), les organismes LGBT sont encore pris dans un système de "premier arrivé, premier servi" auprès des quelques programmes de soutien financier (le PSOC et le SACAIS principalement). Ça, ça n’a rien à voir avec le Plan d’action 2017-2022, et tout à voir avec la désuétude du système de subventions à la mission ! Une énorme machine qu’il faudrait peut-être démonter et reconstruire plutôt que de la patcher...

Un plan et plus loin encore

Ce qui est formidable, c’est que ce Plan n’est pas une fin en soi. Il s’inscrit dans une panoplie d’initiatives qui étudieront nos communautés, veilleront à leurs besoins et écouteront leurs idées dans les prochaines années. Au Conseil, on entreprendra une étude sur les besoins locatifs des groupes LGBTQ à Montréal bientôt (si on trouve du financement !) et on tiendra un Forum sur les enjeux des groupes LGBTQ des régions cet automne… Et les initiatives se déploient partout, non ? Chez vous, ça a l’air de quoi ? Écrivez-nous pour nous en parler !

Marie-Pier Boisvert,

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