Ce n’est pas la première fois que des journalistes s’interrogent sur l’influence de la religion de Stephen Harper dans ses décisions politiques. Marci McDonald a même écrit un livre sur le sujet intitulé Le facteur Armageddon qui s’attarde à la montée de la droite chrétienne au Canada et à l’influence grandissante qu’elle exerce sur la scène politique grâce à ses liens privilégiés avec certains membres du gouvernement Harper.
Indifférent aux citoyens et aux experts
Cette situation laisse d’autant plus songeur que depuis son élection comme premier ministre du Canada, Stephen Harper a eu de multiples occasions de démontrer jusqu’à quel point il peut demeurer indifférent à ceux qui s’opposent à ses décisions. Les environnementalistes, les militantes féministes, les chercheurs, les Autochtones, les pacifistes, les travailleuses et les travailleurs et de nombreux autres groupes de citoyens l’ont appris et l’apprennent encore à leurs dépens.
L’homme est entêté et il en faut beaucoup pour l’atteindre. Même une grève de la faim de six semaines d’une chef autochtone n’a pas été suffisante pour l’émouvoir. Il demeure tout aussi sourd aux demandes touchant l’assurance-emploi de son homologue du Québec, Pauline Marois. Faut-il en conclure pour autant que Stephen Harper est difficilement influençable ? Tout dépend de qui s’adresse à lui.
Une église plus influente que la société
Le problème avec le premier ministre du Canada n’est pas tant qu’il est peu influençable, mais surtout qui l’influence. En fait, quand on y regarde de plus près, Stephen Harper apparaît beaucoup moins indépendant qu’on pourrait le croire. Il donne même l’impression d’être un premier ministre sous influence… religieuse.
Que faut-il penser d’un chef d’État qui préfère se laisser guider par son église pour prendre ses grandes décisions plutôt que de considérer l’opinion des groupes de citoyens directement concernés et l’avis des experts sur la question ? Depuis qu’il est à la tête du pays, le moins que l’on puisse dire est que le gouvernement de Stephen Harper, dans bien des domaines, a littéralement rompu avec les positions traditionnelles défendues par le Canada. À un tel point qu’un Justin Trudeau jonglait, il y a un an, avec l’idée de devenir souverainiste plutôt que de vivre dans un pays où il ne se reconnaissait plus.
Le fondamentalisme religieux comme orientation politique
Le Canada serait-il dirigé par un premier ministre « sous influence » religieuse ? Faut-il s’inquiéter lorsque les décisions politiques d’un chef d’État semblent étrangement coïncider, pour ne pas dire coller, avec les croyances et les discours de son église ?
Les récentes révélations de La Presse démontrant le détournement de la mission de l’aide humanitaire canadienne au profit de groupes religieux ne sont que la pointe de l’iceberg. Les orientations du gouvernement Harper dans les domaines de l’environnement, de l’économie, des politiques sociales et des relations internationales semblent fortement teintées par l’adhésion du premier ministre et de quelques ministres aux croyances d’un certain courant religieux fondamentaliste.
Le temps de faire le point
On peut bien sourire lorsque le maire d’une ville comme Saguenay déraille sur la religion, mais comment faut-il réagir lorsque celui qui se laisse guider par une certaine interprétation littérale de la Bible est premier ministre d’un pays aussi influent que le Canada ?
Stephen Harper a choisi de demeurer sourd aux protestations des citoyennes et des citoyens au risque de gouverner en étant aveuglé par la religion. C’est le temps de faire le point.
À lire bientôt sur ce blogue :
La religion derrière le climato-scepticisme de Stephen Harper
Références :
Harper et le virage religieux de l’ACDI
The Armageddon Factor