Édition du 14 mai 2024

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Écologie

Un pacte écologique pour la France

Réponse de la gauche écologiste et socialiste

Au Québec, le nom de Nicolas Hulot est peu connu, mais en France impossible de trouver quelqu’un qui ne le connaisse pas. Ancien conseiller de Jacques Chirac, l’animateur de la populaire émission Ushuaia Nature vient de publier un livre intitulé Pour un pacte écologique, dans lequel il propose « que les enjeux écologiques et climatiques soient au cœur des débats de l’élection présidentielle. »

Pour un pacte écologique : dix objectifs et cinq propositions concrètes

Dans son livre il met de l’avant, à titre de pistes de réflexions ouvertes au débat, dix objectifs et cinq propositions pour un changement de cap. Pour n’en citer que quelques-uns, on y retrouve l’idée que l’économie devrait se tourner vers une logique de durabilité, et que l’environnement devrait devenir un moteur pour l’innovation. Les cinq propositions ont été choisies par Nicolas Hulot et son Comité de Veille Écologique pour être techniquement et juridiquement applicables dès le début du mandat du nouveau Président. Parmi celles-ci on retrouve l’idée d’avoir un vice-premier ministre chargé du développement durable et celle d’instaurer une taxe du carbone.

Ensuite, il demande aux personnes voulant présenter leurs candidatures aux présidentielles de s’engager à :
1- considérer les enjeux écologiques comme une priorité commune qui dépasse les clivages entre partis ;
2- faire de la lutte contre les changements climatiques le déterminant majeur de l’action politique ;
3- mettre en place les outils pour adapter ou réduire la consommation ;
4- engager une révision des politiques de l’énergie, du transport et de l’agriculture ;
5- se prononcer sur les dix objectifs et les cinq propositions du livre Pour un pacte écologique.

Il demande donc aux « présidentiables » de signer son pacte écologique. Jusqu’à présent les deux meneurs, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, ont signifié leur intention de signer le document. De plus, il jongle avec l’idée de se présenter lui-même aux présidentielles, perspective qui ne plait pas aux Verts qui veulent se démarquer de l’initiative de Hulot. Sur le site de leur candidate, Dominique Voynet, on pouvait lire, en date du 1er janvier 2007 : « qu’il n’était pas question que les Verts s’en tiennent à leur métier d’écologistes, laissant à d’autres les questions sociales ».

La réponse de la gauche écologiste et socialiste : poursuivons la discussion

Bien que les deux meneurs dans la course aient signé le pacte, cela ne signifie pas qu’il fasse l’unanimité. En effet, Olivier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (qui se définit comme étant d’une gauche écologiste et socialiste) a plutôt proposé à Hulot d’échanger sur les dix objectifs et les cinq propositions et de poursuivre la discussion avec lui. En effet, si Besancenot souscrit totalement aux engagements 2,3 et 4, il dit ne pas pouvoir souscrire au premier. « Pour fournir des réponses à la hauteur de ces enjeux", explique-t’il, "il faut s’attaquer à la racine du mal », ce que Hulot ne fait pas en voulant dépasser les clivages politiques et en invitant aussi les partis qui n’ont pas pu affronter le problème environnemental lorsqu’ils étaient au pouvoir. « Nous pensons qu’une transformation radicale, écosocialiste de la société est nécessaire pour commencer à remédier aux dégâts du capitalisme et du productivisme. C’est là, pour nous, un clivage fondamental, à la fois légitime et indispensable », conclut Besancenot dans sa réponse au pacte écologique.

Dans un article de Rouge, l’hebdomadaire de la LCR, du 17 novembre 2006, Vincent Gay, un responsable de la Commission nationale sur l’écologie de la Ligue, remet en question la volonté de Hulot de vouloir un consensus de l’ensemble des partis. Ainsi, il dénonce le fait qu’Hulot veuille rester dans une logique marchande. Gay prend quelques exemples parmi les objectifs du pacte qui vont dans ce sens : « comme celui d’établir le véritable prix des services rendus par la nature. Une telle monétarisation de la nature ouvre la porte à une marchandisation, où les biens naturels peuvent être échangés et les pollutions permises à condition de payer. »

Par la bouche de son candidat à la présidentielle, la LCR s’est prononcée sur les cinq propositions du pacte. Besancenot l’a fait en précisant que c’est au nom de l’urgence écologique qu’une gauche écologiste et socialiste ne peut pas souscrire aux propositions qui lui semblent très éloignées des enjeux réels. Il rappelle au passage que « la lutte écologiste ne peut que se mener de concert avec la lutte contre la pauvreté et pour une autre répartition des richesses. »

Bové trouve le projet creux

Chez les écologistes, la LCR n’est pas la seule qui remet en question le pacte. José Bové, familier des combat écologistes, militant anti-OGM et ancien porte-parole de la Confédération paysanne juge que « le projet est creux car il ne s’attaque pas aux vrais responsables de la crise écologique. » Selon Bové, le constat de Hulot est juste mais « on ne peut pas défendre l’écologie sans remettre en cause l’ordre économique de la planète. » Le moins qu’on puisse dire c’est que, bien qu’appuyé par les deux meneurs aux présidentielles, le pacte ne fait pas l’unanimité ni n’obtient le consensus recherché. S’il s’est allié celles et ceux qui ont déjà été au pouvoir, il ne semble pas rejoindre celles et ceux qui militent présentement pour une société écologiste.

Mots-clés : Écologie Europe

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