Édition du 23 avril 2024

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Féminisme

25 ans après Polytechnique : discours d’Alexa Conradi et Sylvie Havernick

Dans le cadre du 25ième de la tuerie de Polytechnique, Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec, a été appelée à intervenir dans la cadre de la commémoration organisée par le Comité des 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes, tenue à la Place du 6-décembre-1989, à Montréal le 6 décembre 2014.

Extrait

Nous sommes, partout au Québec, partout dans le monde, en mouvement. En mouvement pour refuser l’effacement et le déni de nos histoires, de notre savoir.

Polytechnique était un crime politique contre les femmes et les féministes. Nous l’affirmons haut et fort.

Le féminicide perpétré contre les femmes autochtones au Québec et au Canada est un crime politique.

Blâmer les femmes pour les agressions sexuelles qu’elles ont subies est un geste politique.

Entre 1989 et 2014, 1500 femmes et enfants ont été tués par leur conjoint ou ex-conjoint. Pris ensemble, c’est un crime politique.

C’est pourquoi nous devons encore aujourd’hui nous rappeler de la tuerie, c’est aussi pourquoi nous affirmons la nécessité du féminisme. De son mouvement collectif. 

Alexa Conradi a aussi prononcé un discours le 6 décembre 2014 lors de l’événement Se souvenir pour elles, une vigile tenue au Chalet du Mont-Royal et télédiffusée en direct sur les réseaux d’information RDI et LCN.

Extrait

Aujourd’hui, il y a 25 ans, le monde a découvert ce que les femmes savaient depuis longtemps, que la société protège les espaces de pouvoir réservé aux hommes. Bien sûr, rares sont ceux qui assassinent les femmes en bloc. Mais le message se fait entendre quand même :

Blagues nous dépeignant comme niaiseuses. Obsession maladive sur notre beauté. Mains baladeuses. Harcèlement de rue. Les messages sont nombreux et puissants.

La tuerie était un crime politique contre les femmes et les féministes. Mais on nous a vite dit qu’on avait tort. Que l’on récupérait l’événement ! Que le tueur était fou. Qu’il n’y avait rien de sociologique dans ce geste ! 

Or, cette indignation meurtrière est celle d’hommes qui croient qu’on les prive de leur dû. Personne ne voulait voir la colère des hommes blancs qui se sentent dépossédés par l’avancement des femmes et des minorités et qui tiennent leur privilège pour normal.

Le tueur n’a ciblé que des femmes, des femmes qui avaient le courage d’entrer dans un monde d’hommes. Ce qu’on oublie c’est que leur courage s’est appuyé sur la force d’un mouvement collectif puissant. Elles n’étaient pas seules. 

Nous vous proposons aussi le texte de Sylvie Havernick, sœur de Maud Havernick – l’une des 14 victimes -, lu lors de la commémoration du comité des 12 jours d’action et rendant hommage au travail du mouvement féministe.

Extrait

Je voudrais souligner votre vaillance, votre courage patient à dénoncer la violence faite aux femmes sous toutes ses formes, abus, agression, harcèlement, discrimination, disparition et meurtre. Aujourd’hui, vous savez que vous faites une différence importante car le sujet n’est plus tabou, il est même à l’ordre du jour, surtout depuis quelques semaines !

Vous êtes inspirantes, vous donnez le goût aux jeunes générations de femmes de poursuivre vos rêves heurtés par ces tirs de haine folle.

Et surtout, vous inspirez le respect de ces hommes blessés, dans leur cœur et dans leur âme, en les accompagnant dans le changement de leurs regards sur les valeurs des femmes, leurs égales ! 

Que reste-t-il du 6 décembre 1989 ?

Pour moi, pour plusieurs maintenant, et souhaitons demain aussi, le 6 décembre est une femme, une femme vivante prenant sa Place !

Alexa Conradi

Fédération des femmes du Québec

Sylvie Havernick

Sœur de Maud Havernick – l’une des 14 victimes à Polytechnique.

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