Édition du 23 avril 2024

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Beauport 2020 : Nature Québec met en garde contre la « stratégie marketing » du Port de Québec

L’intention du Port de Québec de tenir sa propre journée d’information sur les impacts de son projet d’agrandissement Beauport 2020, alors que ce dernier est présentement sous la loupe de l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE), inquiète Nature Québec.

La semaine dernière, l’Administration portuaire de Québec (APQ) a profité du dépôt d’une étude d’impact environnemental à l’ACEE sur ce projet pour annoncer la tenue d‘une journée d’information de son cru le 16 janvier, devançant ainsi les séances publiques avec modérateur prévues par l’ACEE qui débuteront le 1er février.

Pour Nature Québec, cette décision du Port de Québec tient davantage de l’opération de relations publiques que d’une volonté d’informer et d’ouvrir un dialogue avec la population, en plus de semer la confusion.

« Pourquoi l’Administration portuaire de Québec travaille-t-elle en marge du processus officiel et tente de le devancer, si ce n’est que pour prendre le contrôle du message ? Essaie-t-elle de faire pression sur l’ACEE ? D’obtenir la faveur des élus avant même les conclusions de l’évaluation ? », se questionne Christian Simard, directeur général de Nature Québec.

Plusieurs questions en suspens

Alors que l’APQ semble vouloir utiliser son étude d’impact pour dédouaner le projet Beauport 2020 des inquiétudes des citoyens, Nature Québec rappelle que le document n’est en fait qu’une nouvelle tentative du Port pour répondre aux formalités administratives de l’ACEE, après deux échecs. Or, si cette nouvelle mouture a été finalement acceptée par l’Agence, elle est loin de répondre à toutes les interrogations environnementales et sécuritaires suscitées par le projet.

Par exemple, le Port ne sait toujours pas ce qu’il fera des 40 000 mètres cubes de sols contaminés (16 piscines olympiques) qui résulteraient des opérations de dragage nécessaires au prolongement de la ligne de quai. Il n’est également pas clair comment le Port de Québec entend compenser la perte d’habitat majeure occasionnée par le projet et l’effet cumulatif sur certaines espèces vulnérables d’un empiétement croissant des activités humaines sur le Saint-Laurent.

Finalement, le projet Beauport 2020 prévoit la construction de terminaux qui augmenteront les capacités d’entreposage et le transit de produits pétroliers par train, à proximité des quartiers résidentiels et des activités balnéaires de la Baie de Beauport. S’ajoutent à cela, les impacts des activités du Port sur la qualité de l’air, un problème auquel les résidents de Québec sont familiers et qui ne sera pas atténué par l’agrandissement de la zone portuaire.

Pour le moment, ces questions font l’objet de peu de réponses dans l’étude d’impact fournie par le Port de Québec.

Respecter le processus en cours

Nature Québec invite la population et les élus de la région à la prudence face à la « stratégie marketing » du Port de Québec et demande qu’on évite de faire la promotion d’un projet en cours d’examen et qui comporte encore de nombreuses inconnues.

« L’étude d’impact environnemental déposée par le Port de Québec fait 1500 pages et a 10 000 pages de documents annexés. Il est très facile de s’y perdre et c’est pourquoi il est nécessaire qu’elle soit abordée avec des experts, dans un contexte d’impartialité. À cet égard, nous demandons à l’Administration Portuaire de Québec de respecter le processus en cours et de ne pas ajouter à la confusion », indique Christian Simard.

Une évaluation environnementale québécoise nécessaire

En outre, Nature Québec réitère que, bien que de compétence fédérale, les activités du port de Québec ont des impacts dans des domaines qui touchent également les compétences du Québec comme l’environnement et la santé publique. À ce titre, une évaluation conjointe du projet Beauport 2020 – et non exclusivement fédérale comme c’est le cas présentement – doit être envisagée. « Les impacts de Beauport 2020 dépassent largement le seul territoire du port de Québec. Il serait normal que tous les aspects touchant les milieux naturels, les espèces vulnérables et la qualité de vie des gens de Québec soient analysés », termine Christian Simard.

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