Édition du 23 avril 2024

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Environnement

Le projet Enbridge Nothern Gateway : savoir traditionnel et l'histoire du développement irresponsable

La Commission d’examen conjointe désignée par le Fédéral a débuté ses auditions au commencement de la semaine sur le projet Enbridge Nothern Gateway. Ce projet de pipeline jumeau estimé à 5.5 millions de dollars, devrait transporter 525 000 barils de pétrole par jour provenant des sables bitumeux de l’Alberta, soit assez de pétrole brut pour remplir annuellement, 225 pétroliers à des fin d’exportation vers l’étranger. Le processus d’examen suscite de nombreuses plaintes.

(http://rabble.ca/blogs/bloggers/tylermccreary/2012/01/traditional-knowledge-and-history-irresponsible-development) janvier 2012

traduction : Shelly D’Cruz

Le 9 janvier, Joe Oliver, le Ministre des Ressources naturelles a fait une déclaration sur le « besoin de rationaliser davantage le processus de régulation afin de promouvoir les intérêts économiques nationaux du Canada. » Dans sa lettre, le ministre insinuait que « les environnementalistes et les autres groupes radicaux » étaient en train d’essayer de bloquer tout projet d’envergure peu importe le prix que cela coûterait aux ménages canadiens en termes de pertes d’emplois et de croissance économique.

Ses invectives ont teinté les auditions initiales, questionnant la légitimité de ce processus déjà suspect. Le panel a commencé ses auditions dans le village de Kitamaat, dans le territoire traditionnel des Haisla. Le chef héréditaire Haisla, Gupsalupus, Henry Amos, dans son témoignage s’est interrogé sur la manière de savoir comment les gens pouvaient faire confiance au processus mis en œuvre par cette Commission d’examen. Il a souligné le fait que le panel n’avait aucun représentant Haisla et qu’il n’y avait d’ailleurs, aucun représentant de la Colombie Britannique. » Au contraire, « le panel a été exclusivement choisi par le gouvernement fédéral.... Ce même gouvernement qui dit au monde entier que ce projet devrait se réaliser. »

Le chef Amos a contesté la manière dont ce processus d’examen est conduit et qui a systématiquement désavantagé le peuple Haisla depuis le début. Cette Commission a été mise en place par le gouvernement fédéral et ne rend compte qu’à ce dernier uniquement. Ce gouvernement a ressenti le besoin de faire connaître son « engagement à diversifier notre marché énergétique » à la veille des auditions sur un pipeline d’exportation. Étant donné que le panel n’est chargé que de faire des recommandations au ministre des Ressources Naturelles, qui a apparemment déjà exprimé le soutien du gouvernement au projet, cette Commission ressemble maintenant un peu plus à une farce.

Qualifier ce processus de partial a toutefois été jugé hors de propos. La présidente de la Commission d’examen conjoint, Sheila Legget, a fustigé Chef Amos l’informant que leur objectif était « d’écouter son témoignage oral qui ne pourrait pas être consigné par écrit. » Elle a précisé que l’ordonnance d’audition et la publication des informations de la Commission d’examen conjoint indiquaient que le panel attendait des populations autochtones qu’elles présentent un « savoir traditionnel. »

Malheureusement, le savoir traditionnel des Haisla ne témoigne pas simplement de leur mode d’utilisation de leur territoire, mais également la façon dont l’indifférence du gouvernement à l’égard des inquiétudes des Haisla a contribué à continuellement soutenir le développement industriel au détriment des territoires traditionnels Haisla. Ellis Ross, élu Conseiller en Chef du Conseil des Nations Haisla, raconte comment son père s’est retrouvé dans l’impossibilité de continuer les cultures traditionnelles de ces ancêtres étant donné la pollution de la rivière Kitimat River provoquée par le moulin. C’est à mon savoir traditionnel a déclaré Ross.

Là où, auparavant les Haisla apprenaient à leurs enfants l’utilisation traditionnelle de leurs ressources, les Anciens ne peuvent plus se souvenir de la manière dont ils utilisaient leur sol et l’eau. Ces histoires de dégradation environnementale et de négligence du gouvernement sont à présent le savoir traditionnel des Haisla. Parlant à propos de son savoir-faire traditionnel et de ses responsabilités, Elli Ross a décrit le besoin d’écouter et d’apprendre de ces horribles histoires de destruction de leur terre. Selon Ross, cela est nécessaire afin de s’assurer que cela ne se reproduise plus. « Autoriser le pipeline Enbrige violerait les obligations envers la culture Haisla. Une décision en faveur du projet Northern Gateway ferait de ce processus d’étude non plus uniquement une farce mais une tragédie.

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