Édition du 30 avril 2024

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Québec

À qui la rue ?

Manif légale pour le droit de manifester le 27 octobre 13 h à Québec

Le Collectif Subvercité appelle à une manifestation, le 27 octobre, pour protester contre le règlement antimanifestations de l’administration municipale. À cette occasion, il est bon de se demander pourquoi nos villes se dotent de telles lois liberticides.

On prétend souvent qu’il s’agirait de contrer quelques malfaiteurs, qui profiteraient de manifestations somme toute pacifiques, pour commettre des actes répréhensibles. Cet argument ne tient évidemment pas la route. Puisqu’il existe déjà des lois permettant d’arrêter quiconque fait du vandalisme ou des agressions, comment justifier qu’une municipalité se dote d’un règlement antimanifestations pour quelques cas isolés, sinon qu’elle veut contrôler, empêcher, réduire le droit des citoyen-ne-s à exercer leur droit de manifester ?

Oui, manifester est un droit reconnu, en tout cas, jusqu’à maintenant, tant pour la liberté d’expression que celle de réunion. Même si des officiers de police disent le contraire, c’est ainsi. Que signifie avoir un droit reconnu dans une charte, quand on a affaire aux forces de l’ordre, à leurs pouvoirs discrétionnaires ? La Ville de Québec a adopté, presque à l’unanimité et sans consultation populaire, son règlement anti-manif le 18 juin 2012 ; elle a ajouté des articles au règlement sur la Paix et le bon ordre déjà existant (art. 19.1 à 19.5), en y introduisant la notion de manifestation illégale, ainsi qu’un couvre-feu pour les citoyen-ne-s. Le maire a prétendu qu’on peut laisser de tels pouvoirs discrétionnaires aux mains de la police, qu’ils sauront faire preuve de jugement. Les forces de l’ordre ne sont qu’un outil de répression et de contrôle des masses populaires Ils ne sont pas des juges, ils exécutent ce qu’on leur demande de faire.

Au municipal comme au provincial, le pouvoir cherche à faire passer les citoyen-ne-s pour des criminels dès qu’ils cherchent à exercer leurs droits et faire entendre leurs points de vue. Pour ce faire, il utilise les médias, et bien sûr la force de la répression. Et pourquoi pas, même des commissions d’étude bidon sur leurs débordements. Pourquoi donc amener les villes à se doter de règlements municipaux encore plus répressifs, au cas où ? Pourquoi la Ville de Québec a-t-elle un tel arsenal de lois ? Pourquoi un camion blindé dans le garage municipal ? Comment se fait-il que le corps armé d’une Cité devrait être celui qui a le droit de regard, de décision, à savoir si oui, et quand, et combien de temps, et à quel endroit, les citoyen-en-s vont exercer démocratiquement leur droit de s’exprimer ? Il n’y a que dans les pires régimes totalitaires que l’armée, ou la police, s’arroge la droit de décider des manifestations populaires.

À mesure que la crise s’intensifie, de nos jours, comme par le passé, devant le constat que la démocratie représentative est trompeuse, c’est un peu tout le monde qui doit manifester pour se faire entendre : gens en chômage, groupes populaires, écologistes, féministes, immigrantEs, Autochtones, etc. Ce ne sont pas seulement les jeunes et les étudiantEs en colère qui prennent la rue pour faire valoir leurs droits. Québec, comme Montréal et d’autres villes du monde, ne ferait-elle que se préparer à affronter l’avenir ?

En tant que citoyen-ne-s, on a le droit de manifester, parce qu’on le prend. Avons-nous d’autre choix ? Une manif, ça trouble et ça dérange. Sinon, ce n’est pas une manifestation, c’est un défilé organisé par le pouvoir, c’est une parade du Carnaval.

(Extrait de La Commune de Québec, bulletin de Subvercité)

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