Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Lutte contre les pipelines

Cacouna

Chaîne humaine en opposition au projet de port pétrolier

Tadoussac et Rimouski ont été le théâtre d’activités en opposition au projet de port pétrolier de Cacouna ces deux derniers jours avec la formation d’une chaîne humaine et une expédition symbolique en kayak. Des deux côtés de la rive, plus de 500 personnes se sont réunies pour la protection du fleuve Saint-Laurent et contre le projet de port pétrolier de Cacouna. Au même moment, des chaînes humaines ont été créées autour de la Pointe-de-L’Islet à Tadoussac et le long de la Promenade de la mer à Rimouski.

Les événements ont été créés par le Mouvement Citoyen : Littoralement Inacceptable (MCLI) de Tadoussac et par la Coalition Bas-Saint-Laurent pour une prospérité sans pétrole (CBSLPSP) de Rimouski. Le samedi 24 mai, une vingtaine de kayakistes a pris le contrôle du fleuve à partir de la Baie de Tadoussac pour une expédition d’une vingtaine de kilomètres aller-retour afin de dénoncer l’impact d’un port pétrolier sur les bélugas du Saint-Laurent, une population menacée d’extinction. 

Appui de la MRC Haute-Côte-nord 


En Haute-Côte-Nord, il y a eu une résolution adoptée par la MRC. Micheline Anctil, préfet, était présente sur place pour annoncer cet appui important. Il s’ajoute à celui de Saint-André-de-Kamouraska, de Saint-Siméon et de chaque municipalité de Tadoussac à Colombiers.

Plusieurs éléments soulèvent une grande inquiétude parmi la population et ont motivé ces actions. D’abord, il est primordial de démystifier l’importance accordée à la création d’emplois durables et aux retombées économiques de ce projet qui sont en réalité très faibles pour le Québec. À l’inverse, les incidents reliés à la sécurité des pipelines ont triplé pendant la dernière décennie et menacent l’industrie de la pêche et du tourisme. Le parc marin du Saguenay et l’observation des mammifères marins rapporte à elle seule plus de 80 millions $ au Québec.

Le risque est grand aussi du fait que l’eau du fleuve est la source d’approvisionnement en eau potable pour plus de 40% des Québécois. Sans oublier la menace qui plane sur tout l’écosystème du fleuve. Rappelons que ce projet de port pétrolier et de pipeline n’entraînerait pas une diminution du transport de produits pétroliers par train.

Christian Simard de Nature Québec et Martin Poirier du groupe Non à une marée noire dans le Saint-Laurent l’ont affirmé : « il est inconcevable de penser qu’un port pétrolier puisse coexister avec les limites du parc marin. Un accident affecterait les côtes ainsi que la faune et la flore qui y habitent. »

À Rimouski, Marie-Phare Boucher, membre de la CBSLPSP, a demandé au conseil de la Ville de Rimouski de prendre position dans le dossier, comme l’ont fait plusieurs autres municipalités du Québec. Elle a rappelé aux participants que le maire Éric Forest a signé le Manifeste pour tirer profit collectivement de notre pétrole l’automne dernier et elle a demandé à ce qu’un débat public ait lieu. Caroline Jacques, environnementaliste et artiste-peintre, a mis l’accent sur la biodiversité du fleuve et souligné qu’un tel projet risquait de mettre cette vie en péril. Finalement, Sean-Olivier Parent a insisté sur le besoin d’effectuer une transition économique permettant d’assurer une prospérité, tout en respectant les limites physiques de l’environnement.

M. Hugues Tremblay, maire de Tadoussac :

« La municipalité de Tadoussac souhaite partager sa profonde inquiétude quand au projet de TransCanada d’implanter un port de transbordement de pétrole lourd sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent.

La réalisation d’un tel projet risque de mettre en péril non seulement certaines espèces marines, mais aussi l’ensemble de l’industrie d’observation des mammifères marins, élément phare de notre économie.

Nous demandons aux autorités concernés de prendre un temps pour consulter les principaux intervenant tant sur la rive sud que sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent. »

Mme Micheline Anctil, préfet de la MRC de La Haute-Côte-Nord :

« Depuis plusieurs décennies déjà, les municipalités de la région et la MRC de La Haute-Côte-Nord travaillent à garder un environnement sain où la qualité de vie fait partie de nos priorités de tous les jours. Il est donc primordial de préserver nos paysages naturels et toute l’industrie qui s’y rattache.
Le projet de la compagnie TransCanada visant l’implantation d’un port de pétrole lourd sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, en amont du Parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, nous inquiète grandement. Ne risque-t-il pas de mettre en péril non seulement certaines espèces marines, mais aussi l’ensemble de l’industrie de la pêche et du tourisme ainsi que tous les emplois qui y sont liés ?

À titre de préfet de la MRC de La Haute-Côte-Nord, je demande à tous les intervenants économiques, de tous les secteurs de développement de La Haute-Côte-Nord, de se tenir la main et d’être solidaires dans nos revendications face au gouvernement canadien. Nous devons adopter une approche plus que prudente à l’égard de ce développement. Il n’y a aucune place à l’improvisation. »

Martin Poirier, du groupe Non à une marée noire dans le Saint-Laurent :

« TransCanada a fait miroiter des projections de retombées économiques pour l’ensemble du Québec et pour les 40 années d’exploitation de son projet d’oléoduc Énergie Est. La compagnie a avancé le chiffre de 2 milliards $, cela peut sembler intéressant, mais quand on divise par le nombre d’années et par le nombre de municipalités touchées par le projet, on arrive à des montants très minimes face aux risques encourus. Et là où le bât blesse, c’est quand on divise ce montant par la quantité de pétrole qui passera dans ce tuyau à raison de 1,1 millions de barils par jour, là on arrive à la somme incroyable de un huit millième de cent par litre. Aucun gouvernement qui se respecte ne peut considérer cela comme une opportunité d’affaire.

Surtout qu’il faut mettre en perspective les menaces que feront peser ce projet sur l’approvisionnement en eau potable et l’économie issue du tourisme. Par exemple, si on prend le projet de port pétrolier à Cacouna, qui serait une extension de l’oléoduc pour exporter presque à 100% ce pétrole issu des sables bitumineux, on parle de faire cohabiter une zone industrielle à haut risque juste à côté du Parc marin du Saguenay, qui pour la seule année 2009 a procuré des retombées économiques de plus de 95 millions $ et 1600 emplois à temps pleins. Il est clair qu’il faut s’unir afin de s’opposer fermement à ce projet qui est en totale contradiction avec une économie viable et renouvelable telle que la pêche et le tourisme. Le Saint-Laurent est avant tout notre garde-manger et notre milieu de vie : nous avons un devoir de résistance pour protéger l’intégrité de notre bien commun face à des affairistes qui n’ont aucune considération pour des espèces en péril telles que le béluga. »

Patrice Corbeil, du Groupe de recherche et d’études sur les mammifères marins (GREMM) :

« Depuis 30 ans, notre équipe travaille à mieux comprendre pour mieux protéger les bélugas du Saint-Laurent. La science nous a permis de mieux comprendre cette population et de cibler des mesures qui ont été efficaces pour le béluga, mais aussi pour l’ensemble du Saint-Laurent. Nos choix de société doivent reposer sur la meilleure science disponible. Pour aider le béluga, ces choix devront réduire les impacts de nos activités sur cet habitat complexe dont le béluga est l’ambassadeur. »

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