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Environnement

Deux minières tentent de contourner les évaluations environnementales (Québec meilleure mine !)

Montréal, jeudi 9 août 2012. Les membres de la coalition Québec meilleure mine ! dénoncent les compagnies Canada Lithium et Orbite Aluminae dans leurs tentatives de contourner les évaluations environnementales et pointe du doigt les libéraux dans cette affaire. « Deux compagnies qui tentent de contourner les évaluations environnementales, un ancien chef de cabinet de Jean Charest sur leur conseil d’administration et un gouvernement sortant qui a laissé mourir au feuilleton le projet de loi 14, qui aurait obligé des évaluations environnementales pour toute nouvelle mine, ça commence à faire beaucoup » dénonce Ugo Lapointe, porte-parole de Québec meilleure mine !

Stéphane Bertrand, lobbyiste proche des libéraux

Stéphane Bertrand est l’ancien chef de cabinet du gouvernement libéral qui siège sur le conseil d’administration des deux compagnies. Il a été l’un des principaux architectes dans la formation de l’Association pétrolière et gazière du Québec, le principal lobby des hydrocarbures et des gaz de schiste au Québec. Il est actuellement inscrit au registre des lobbyistes pour la compagnie Orbite Aluminae, mais non pour la compagnie Canada Lithium. « On a de la difficulté à croire que des lobbyistes de la trempe de monsieur Bertrand, très proches des libéraux, n’ont rien à voir avec la mort au feuilleton du projet de loi 14 ou des tentatives des compagnies d’éviter les évaluations environnementales » affirme Christian Simard, directeur général de Nature Québec.

Astuces douteuses

La coalition Québec meilleure mine ! dénonce d’ailleurs les astuces qu’ont déployé ces deux compagnies pour éviter les évaluations environnementales. « C’est peut-être pas illégal, mais c’est immoral et malhonnête de la part de compagnies qui disent vouloir promouvoir des pratiques et des technologies vertes. C’est d’autant plus choquant que le gouvernement libéral sortant promettait d’assujettir tous les projets miniers à des évaluations environnementales et à des consultations publiques » déplore Michel Goudreault, vice-président d’Environnement Vert-Plus dans la région de la Gaspésie-Baie-des-Chaleurs, où se situe le projet d’Orbite.

Des évaluations environnementales sont nécessaires

Contrairement à ce que laissent entendre les compagnies, Québec meilleure mine ! estime que ces projets devraient être soumis à des évaluations environnementales complètes et à des audiences publiques, que ce soit en vertu des lois québécoises ou fédérales. « C’est deux projets visent des mines à ciel ouvert de plus de 3000 tonnes par jour (seuil fédéral) ainsi que des usines de traitement de produits métalliques produisant plus de 20 000 tonnes par année de lithium ou d’alumine de haute pureté chaque année (seuil provincial). Ces deux seuls critères devraient, à notre avis, déclencher des évaluations environnementales » affirme M. Lapointe.

« Nos membres sont très inquiets, surtout que ce serait les premières mines du genre au Québec, voire au Canada, et qu’il n’y a présentement aucune étude d’impact sur l’environnement de disponible pour le public, ni de consultations publiques prévues par les autorités du Québec » déplore Richard Desjardins, vice-président de l’Action boréale de l’Abitibi-Témiscamingue, où se situe le projet de Canada Lithium.

Pratiques dénoncées

Québec meilleure mine ! dénonce entre autres que les deux compagnies ont d’abord présenté des projets miniers quelques tonnes en-dessous des limites règlementaires. Jusqu’à l’été 2011, la compagnie Canada Lithium présentait un projet de mine à ciel ouvert de 2960 tonnes par jour, soit 40 tonnes en dessous du seuil fédéral qui oblige des études environnementales approfondies si une composante de l’environnement, sous compétence fédérale, est affectée. C’était aussi 40 tonnes sous la limite qu’avait annoncée originalement le gouvernement libéral dans sa première réforme de la Loi sur les mines du Québec (projet de loi 79 en 2009-2011). La compagnie s’est finalement ravisée depuis et les autorités fédérales ont récemment jugé nécessaire de soumettre le projet à une évaluation environnementale fédérale à cause des impacts anticipés sur l’eau. « Nous souhaiterions également une évaluation environnementale par les autorités du Québec, qui est ultimement le principal fiduciaire des mines au Québec » explique M. Desjardins.

Du côté de la compagnie d’Orbite Aluminae, on présente un projet d’usine de traitement de 6950 tonnes par jour, soit 50 tonnes en dessous de la limite règlementaire du Québec pour ce type d’usine (moins de 0,6% de différence). « De plus, les études techniques d’Orbite révèlent clairement que la compagnie compte exploiter une mine à ciel ouvert de 11 000 tonnes par jour pendant huit à neuf mois par année afin d’atteindre une moyenne de 6960 tonnes par jour lorsqu’évaluée sur l’ensemble de l’année. À notre avis, ce genre de pratique serait tout-à-fais contraire à la loi » affirme M. Lapointe.

Rappelons que les projets de Canada Lithium (Abitibi-Témiscamingue) et d’Orbite (Gaspésie) nécessiteront l’excavation de mines à ciel ouvert d’envergure, de plusieurs dizaines de millions de tonnes de sols et de matériaux rocheux (100 millions de tonnes pour Canada Lithium ; 60 millions de tonnes pour Orbite, avec des ressources évaluées à 1 milliard de tonnes), en plus d’utiliser des quantités importantes d’eau, d’énergie et des procédés chimiques qui posent des risques encore mal définis pour l’environnement et les populations.

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