Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec solidaire

Disons non au pétrole des sables bitumineux en sol québécois

Nous publions dans cette édition de Presse-toi à gauche ! des articles du journal produit par Québec solidaire de la Capitale nationale dans le cadre de la campagne Sortir du noir, choisir l’or vert , lancée par Québec solidaire pour contrer le tournant pétrolier du PQ. Nous publions les autres articles de ce journal dans notre prochaine édition. (NDLR PTAG)

Une grande bataille est en cours au Québec. Soit nous construisons une économie basée sur les énergies polluantes, soit nous effectuons une transition énergétique vers une économie écologique, sécuritaire et créant des emplois durables.

LE PROJET DE SOCIÉTÉ DE HARPER : TOUT POUR LE PÉTROLE

Le gouvernement Harper a fait de l’extraction du pétrole des sables bitumineux de l’Alberta un axe essentiel de sa politique. Sa stratégie énergétique vise à faire du Canada une superpuissance éner­ gétique en misant sur l’exportation des énergies fossiles et nucléaire.


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LEUR STRATÉGIE ENERGETIQUE VISE À :

 exporter massivement sur le marché mondial ;
 réduire la réglementation économique et écologique ;
 discréditer le discours sur le réchauffement climatique ;
 forcer le soutien des provinces à leurs plans.


Cette stratégie, qui augmente fortement le rôle mondial du Canada dans la production de gaz à effet de serre, ne peut fonctionner sans sortir le pétrole des sables bitumineux des frontières de l’Alberta.

DES OLÉODUCS MENACÉS PAR LES RÉSISTANCES

En mai dernier, le gouvernement de Colombie­ Britannique a rejeté le projet d’oléoduc Northern Gateway. En plus de la question des redevances, il a précisé que l’entreprise Enbridge n’a pas répon­ du aux inquiétudes environnementales, notam­ ment par son manque de capacités à répondre à un déversement. Ajoutons que plus de 100 com­ munautés autochtones ont rejeté le projet.

La 2e option pour le pétrole albertain est de passer par les États-Unis avec le projet d’oléoduc Keystone XL de la compagnie TransCanada. Le gouvernement Obama a·reporté sa décision sur ce projet qu’il considère comme très peu créateur d’emplois. Notons que le 17 février 2013, plus de 30000 personnes manifestaient à Washington contre cet oléoduc et ses effets sur le climat, l’air et la protection des eaux souterraines.

L’option finale : passer à l’Est via le Québec ! Deux importants projets de pipelines y sont mis en branle. D’abord, le renversement de la ligne 9b d’Enbridge permettrait d’utiliser un oléoduc vieux de 40 ans. Rappelons que cette compagnie est responsable de 804 déversements en l’espace de dix ans. L’autre.projet, nommé « Énergie Est »", est sous la responsabilité de TransCanada. De son côté, TransCanada, à qui nous donnons annuellement 150 M$ pour qu’elle garde fermée son inutile usine au gaz de Bécancour, est respon­able de 51 déversements en 2011 seulement.

Les mobilisations citoyennes au Québec ont déjà plusieurs victoires à leur actif : abolition de la centrale au gaz du Suroît, moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste, rejet des ports méthaniers et de la filière nucléaire, etc. Ces luttes ont convergé avec des manifestations atteignant jusqu’à 250 000 personnes le Jour de la Terre du 22 avril 2012. En 2013, la mobilisation engendrée autour du Jour de la Terre a clairement rejeté les projets d’oléoducs et de développements pétroliers en sol québécois. Aujourd’hui, la mobilisation s’organise sur les enjeux suivants : oléoducs sur la rive sud du St-Laurent, transport pétrolier par train, pétrole de schiste en Gaspésie et à l’Île d’Anticosti, pétrole offshore dans le Golfe du St-Laurent et exploitation des mines d’uranium pré­ vue dans le Plan Nord.

LE PQ : PROMOTEUR DE LA STRATÉGIE PÉTROLIÈRE FÉDÉRALE

Alors que l’exploitation des sables bitumineux est mise à mal par ces résistances, le gouverne­ment péquiste devient le sauveur de la stratégie fédérale en lui offrant une porte de sortie. En effet, Pauline Marois, lors d’une rencontre avec les provinces, a appuyé le projet d’oléoduc en faveur des sables bitumineux, contrairement à la Colombie-Britannique. En soutenant la stratégie énergétique fédérale et albertaine, le Plan Nord et l’accord de libre-échange avec l’Europe de Jean Charest, le PQ nous éloigne de l’indépendance.

En plus de nous enfoncer dans une stratégie polluante canadienne, le gouvernement péquiste souhaite développer la production d’énergies fossiles dangereuses au Québec. En effet, le gouvernement péquiste a déposé un projet de règlement qui autorise l’utilisation de la fracturation hydraulique pour extraire le pétrole de schiste, principalement situé à l’île d’Anticosti. Aussi, en permettant l’exploitation du pétrole offshore du gisement Old Harry, le gouvernement péquiste ouvre la porte à des catastrophes similaires à celle du golfe du Mexique en 2010. Le PQ fait également pression pour augmenter les tarifs d’électricité, ce qui poussera les ménages soit à payer plus, soit à passer vers le chauffage au gaz ou au mazout. Enfin, rien de sérieux n’est fait pour l’électrification des transports. Avec ces décisions, nous sommes loin de nous sortir de la dépendance au pétrole. Pour l’éolien, le PQ main­ tient la décision des libéraux de donner la pro­ duction éolienne à des entreprises comme Trans­ Canada, qui contrôle 62 % du consortium Cartier. Énergie Éolienne, principal producteur d’énergie éolienne en Gaspésie.

Pour un Québec écologiste, solidaire et indépendant

Le Québec est à la croisée des chemins. Fort de son potentiel en énergies renouvelables et de son expertise en transport collectif, le Québec a tout pour faire le virage vers une économie verte et créatrice d’emplois. L’avenir dépendra de nos mobilisations pour protéger notre environnement, dont plusieurs ont lieu dans la Capitale nationale. Il dépend aussi de notre capacité à proposer une alternative globale.

Cependant, les résistances citoyennes et la lutte politique pour un Québec solidaire et écologiste engendreront une forte réplique des entreprises impliquées dans les projets polluants et dangereux et des partis politiques provinciaux et fédéraux qui les soutiennent. De notre côté, pour gagner la bataille énergétique au Québec, nous devrons nécessairement créer des alliances avec les organisations sociales et écologistes ainsi qu’avec les municipalités. Dans ce sens, Québec solidaire, par la présence de ses militantes et ses militants dans les luttes sociales de toutes les régions, souhaite unifier ces luttes mais aussi construire une alternative politique pour construire un autre Québec.

La bataille pour la transition énergétique s’inscrit dans un projet de société où nous redeviendrons maîtres chez nous. Ce projet d’indépendance du Québec ne pourra se réaliser qu’avec une vaste mobilisation démocratique menant à une rupture avec l’État canadien, totalement soumis aux intérêts pétroliers et financiers des grandes entreprises.

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