Édition du 23 avril 2024

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Opinion

Abus policiers

Il faut qu’ils retraitent, un impératif démocratique

Jusqu’où ira la défense inconditionnelle des politiques néolibérales par l’appareil d’État canadien entre les mains des partis traditionnels plus ou moins loyaux les uns envers les autres ? Déjà un peuple lointain subit une occupation au nom d’un militarisme dont on peut douter de la légitimité puisque tout est mis en œuvre, presque désespérément, pour renverser une opinion publique hostile à une guerre qui, elle-même lointaine, n’a rien d’une défense du territoire.

L’introduction de provocateurs policiers dans les manifestations présage d’un pouvoir, non seulement excessif, mais aussi guidé par la crainte paranoïaque d’une opposition démocratique légitime de la rue. Harper peut s’en moquer (« Pitoyable ! » a-t-il dit du nombre de manifestant-e-s à Montebello) mais son gouvernement tranche tout de même en faveur de la répression plutôt que d’y prêter une oreille attentive.

Si ce moyen d’expression venant de la rue est maintenant revendiqué par les forces de l’ordre, à titre d’intervenants politiques opposés aux travailleur-euse-s manifestants leurs insatisfactions du régime, il y a déjà une perversion de la démocratie qui a, dans le passé, cédé devant la réaction la plus abjecte à la demande des grands patrons allemands effrayés par la montée d’un mouvement populaire appelant à un autre monde plus adapté aux besoins du plus grand nombre. De l’une des démocraties européennes les plus admirée, est né ce que l’on sait.

Dans nos régimes, et à l’opposé de tout ce que l’on peut en dire pour le justifier, l’armée, comme la police, ne sauraient être des institutions pacifistes ou vouées à la défense des droits démocratiques. La police est, dans des circonstances ultimes, un contrefort, un pilier violent du système. La démocratie traditionnelle, à la différence du fascisme, n’en use que dans des situations critiques. Inutile d’abuser de la force, la confiance d’un peuple excédé, est vite minée.

Il n’y a pratiquement plus vraiment d’appel au socialisme dans le monde, i.e. à un changement radical dans les rapports de pouvoir conduisant à un élargissement de la démocratie aux milieux de travail soutenu par un autre genre d’État, par exemple. Imaginez la réaction de la société actuelle frileuse, encore sous le contrôle des grands bourgeois monopolistes canadiens (ceux qui accompagnaient Harper à Montebello, les hauts officiers de l’armée, certains intellectuels et les grands commis de l’État) si cette revendication politique était mise à l’ordre du jour par les mouvements populaires et syndicaux eux-mêmes revendiquant qu’il n’y ait plus aucun poste d’autorité qui ne soit le résultat de discussions et d’une élection par les travailleur-euse-s concerné-e-s.

Le rôle de la police et de l’armée pourrait être décisif alors, non ?

Voilà le genre de problème que se posent les communistes quand ils cherchent une alternative au capitalisme. De plus en plus se précise, non seulement ce que nous ne voulons plus, mais ce que nous proposons comme pouvoir de remplacement : une démocratie par laquelle les travailleur-euse-s se sentiraient concerné-e-s et pour laquelle ils-elles seraient prêt-e-s à prendre davantage de responsabilités et de risques puisqu’elle leur assurerait une maîtrise de leur destin comme membres conscient-e-s et exerçant le pouvoir au sein de la nation québécoise dont les seuls maîtres ne seraient plus que ces « associations libres des producteur-trice-s ».

Mots-clés : Opinion
Guy Roy

l’auteur est membre du collectif PCQ de Québec solidaire à Lévis.

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