Ce constat troublant résulte du dépouillement de 212 rapports d’inspection mené par Marc Brullemans, Ph. D. en biophysique et responsable scientifique du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ), et Pascal Bergeron, porte-parole du groupe Environnement Vert Plus en Gaspésie. Leur analyse a aussi démontré que, sur 212 puits visés par des rapports d’inspection, aucun n’a été excavé, 13 % (28) ont été vus, selon les photos présentées dans les rapports (la tête ou le sommet des enveloppes étant hors sol), 21 % (45) sont déclarés « localisés » et 65 % (138) sont déclarés « introuvables ». Pourtant, 75 % des dossiers (158) sont fermés et 90 % (191) des puits ou sites sont considérés « conformes ».
Les 191 pastilles vertes correspondent aux puits considérés « conformes » par le MERN. Seulement 32 de ces puits (un sur six) ont en fait été localisés par les inspecteurs. (http://sigpeg.mrn.gouv.qc.ca, carte au 14 février 2018)
« Rien ne peut expliquer que des puits non localisés soient considérés « conformes », résume Marc Brullemans. On ne parle pas d’une ou deux occurrences, mais bien d’une situation où la vaste majorité des puits a été déclarée conforme sans avoir été inspectée. » Pour Pascal Bergeron, cet épisode va plus loin que le laxisme ordinaire : « Il est difficile de ne pas y voir une manœuvre pour tromper les citoyens afin de les rassurer sur les projets de forage et de fracturation que le gouvernement de Philippe Couillard veut autoriser avec sa Loi sur les hydrocarbures, estime-t-il. Comment expliquer autrement l’omniprésence des pastilles vertes sur la carte ? »
De plus, parmi les puits considérés « localisés », plusieurs n’ont pas été vus. « Dans de tels cas, les inspecteurs ne pouvaient donc pas juger de l’intégrité des coffrages », précise Marc Brullemans. Même les rapports relatifs aux quelques sites qui semblent avoir été réellement trouvés et inspectés ne sont pas toujours convaincants. « La division des inspections du MERN a déclaré plusieurs sites « conformes » malgré des problèmes évidents », souligne Pascal Bergeron.
Rappelons que malgré l’opposition massive de la population, y compris de nombreux syndicats et l’Union des producteurs agricoles du Québec, le gouvernement Couillard a signifié son intention d’adopter prochainement ses règlements d’application de la Loi sur les hydrocarbures et de mettre du même coup en vigueur cette loi qui permet la fracturation et les autres procédés non conventionnels d’extraction sur le territoire québécois. Malgré le fiasco financier par lequel se sont soldés les projets de forage sur l’Île d’Anticosti, il a aussi réitéré sa volonté d’injecter au moins 200 millions $ d’argent public dans la filière des hydrocarbures au moyen du Fonds Capital Mines Énergie.
« Nous sommes toujours déterminés à empêcher le développement d’une industrie parasite à qui notre gouvernement cherche à donner plus de droits qu’aux municipalités et aux citoyens dont elle menace l’eau potable et la qualité de vie », a conclu Carole Dupuis, coordonnatrice générale et porte-parole du RVHQ.
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