Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Éducation

La consécration du « chacun pour soi »

Avec la Charte des droits qui donne préséance aux droits individuels sur les droits collectifs, Trudeau nous a rendu un bien mauvais service – un de plus-. C’est ce qui a permis aux demandeurs d’injonction lors de la grève étudiante d’avoir juridiquement gain de cause.

Maintenant cette loi 78 vient consacrer davantage encore le « chacun pour soi ». Même si leur association a voté démocratiquement pour la grève, ceux qui sont contre pourront, avec l’appui de la police, passer outre la décision démocratique de leur groupe et se rendre à leurs cours. Charest encourage une minorité d’étudiants à enfreindre une décision démocratique, et en même temps demande le respect d’une loi anti-démocratique adoptée sous bâillon.

Avec une démagogie de bas-étage comme j’ai rarement entendu, Charest répétait : les étudiants bloquent l’accès au cours alors qu’ils prétendent défendre le droit à l’éducation. . Quelle grossière manipulation, quelle fourberie ! Des milliers de jeunes sacrifient leur session pour ce droit à l’éducation pour tous et tout ce que Charest vise, c’est dénaturer, avilir la noblesse de leur lutte en utilisant sophismes et sarcasmes. Si l’accès aux cours est bloqué pour quelques-uns pendant une session, suite à une décision démocratique pour la grève, c’est dans le but que tous puissent avoir accès à toutes les sessions de leurs études sans un lourd endettement de plusieurs années. En son for intérieur, Charest sait cela très bien.

Ceux qui ont réclamé une injonction l’ont fait en fonction de leurs besoins individuels, les autres sacrifient temporairement leur besoins individuels pour le mieux-être de tous et celui des générations futures. Certains étudiants en fin d’étude, ne toucheront même pas aux fruits de leur combat. Cela prend une générosité sans borne, surtout quand en plus ils se font traiter de bébés gâtés et doivent subir coups de matraque, gaz lacrymogènes, poivre de cayenne, etc. A vrai dire, qui sont vraiment les bébés gâtés ? Qui sont socialement responsables ? Qui se bat pour une société juste ?

Le « chacun pour soi » est la caractéristique par excellence du capitaliste. Plus cela est encouragé, mieux c’est pour le système. S’il fallait que les gens deviennent solidaires, ce serait dangereux. Ils pourraient commencer à créer une économie au service des gens. C’est d’ailleurs le propre d’une saine économie qui n’est pas dénaturée par une gang de profiteurs et de gouvernements serviles.

Écoutons encore une fois cette chanson qui résume tellement bien ce qui se passe présentement. C’est On lâche rien de HK & les Saltimbanks http://www.youtube.com/watch?v=9CgD442YFRQ En voici un extrait :

Ils ont voulu nous diviser,

Faut dire qu’ils y sont arrivés.

Tant qu’c’était chacun pour sa gueule,

Leur système pouvait prospérer,

Mais fallait bien qu’un jour on s’réveille

Et qu’les têtes s’remettent à tomber

Françoise Breault

Après une carrière en enseignement, dont un an avec les Échanges France-Québec, j’ai poursuivi en travail social auprès des familles. Vers l’âge de cinq ans, je me demandais pourquoi il y avait des pauvres et ce que je pouvais faire. Sans en prendre pleinement conscience, cette interrogation m’a habité toute ma vie. Une année en Amérique du Sud ne m’avait toujours pas apporté de réponse. Cela m’a pris du temps à voir clair... Maintenant que la lumière est allumée, je ne peux et ne veux la refermer... Tous les faits, toutes mes lectures me confirment comment le système économique actuel contribue à ce fossé grandissant entre riches et pauvres. Me voici maintenant à ma 3e carrière, celle où je peux mettre tout mon temps et énergie à sensibiliser les gens aux graves enjeux d’aujourd’hui, afin de vivre dans un monde plus juste... « mais nous, nous serons morts mon frère... ».

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