Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Environnement

La forêt aux travailleurs, pas aux multinationales

L’avenir du secteur forestier tient en haleine des dizaines de milliers de travailleurs et leurs familles aux quatre coins du Québec. Alors que se pointe les premières prévisions économiques optimistes depuis des lustres, le changement de discours de plusieurs joueurs du secteur forestier donne beaucoup d’espoir pour une relance aux saveurs de révolution socio-écologique en forêt. En tête de peloton, les coopératives forestières qui multiplient les efforts pour sortir du carcan de la grande industrie dominé par les géants comme Produits forestier Résolu.

L’auteur est de Greenpeace Canada.

Un modèle inspirant

Le plus récent texte du Directeur général de la Coopérative forestière de Girardville est d’ailleurs un témoignage de ce changement d’approche qui je l’espère pourra en inspirer d’autres. Ce vent de fraîcheur s’articule sur plusieurs concepts dont la diversification des produits forestiers, la transformation accrue des arbres récoltés et de la mise en valeur de tout ce que la forêt à offrir. La coop forestière de Girardville, qui a traversée la pire crise forestière de l’histoire en doublant son chiffre d’affaire et en conservant tous ses employés, devrait servir de modèle pour le Québec et l’international.

Granules provenant de résidus industriels pour le chauffage local (et non pour l’électricité ou l’exportation), huiles essentielles, petits fruits, plantes médicinales, résines, solvants, gastronomie et matériaux de pointe ne sont que quelques exemple de l’immense potentiel qu’offre une forêt bien gérée et une économie forestière tournée vers l’avenir. Ainsi les hectares de forêt exploitée entraînent de multiples retombées socio-économiques, alors que l’aménagement de cette forêt fait une plus grande place aux autres utilisateurs et à la biodiversité de la forêt. Combiné à un vaste réseau d’aires protégées, cet aménagement écosystémique permet la certification environnementale du Forest Stewardship Council (la seule certification crédible et exigée par les grands acheteurs) et l’acquisition d’une plus grande part de marché à l’international.

Voilà un modèle coopératif qui rend fier et donne la gestion de la forêt aux travailleurs des régions forestière et à tous les Québécois, et non aux cravates de Montréal ou Wall Street.

Le contraste Résolu

Assis dans sa tour à bureau, le PDG de la plus grande multinationale forestière au pays prend des décisions qui menacent non seulement nos forêts publiques, mais qui mettent en plus des milliers d’emplois en péril. Alors que les travailleurs forestiers ont à cœur une saine gestion de la forêt (on ne coupe pas la branche sur laquelle on est assis), il semble que Richard Garneau soit plutôt résolu à ne pas changer les pratiques de sa multinationale.

Depuis la perte de ses certificats FSC le 1er janvier 2014, Résolu a investi des centaines de millier de dollars en propagande publicitaire pour tenter de redorer son image, mais les rumeurs se multiplient comme quoi la compagnie ne fera pas les efforts nécessaires pour retrouver ses certificats. Le contraste avec le modèle décrit plus haut ne pourrait pas être plus frappant. Quelle erreur fondamentale que ce genre de décision serait pour nos forêts, la stabilité des emplois et la prospérité du Lac St-Jean. Car on ne se le cachera pas, la perte de contrat pour Résolu est beaucoup plus menaçante pour les travailleurs que la création d’aires protégées ou la protection des vieilles forêts, éléments clés pour retrouver le FSC au Lac St-Jean.

Alors que le plus grand syndicat au pays a décidé de cibler Résolu pour ses négociations d’entente cadre de 2014, il semble clair que la demande principale des représentants d’Unifor devrait être que Résolu fasse premièrement tout le nécessaire pour retrouver ses certificats sur les 8 millions d’hectares de forêt actuellement laissés pour compte au Lac St-Jean et en Ontario. Résolu étant un des principaux employeurs du Lac St-Jean, ses décisions corporatives axées sur le statut quo, la confrontation avec le mouvement environnemental et le non-respect de la norme FSC mets des milliers de jobs en péril. 

D’ici là, en solidarité avec les travailleuses et travailleurs forestiers, je rêve du jour où le géant Résolu fera le choix du développement réellement durable, et investira dans l’avenir plutôt que la propagande. Vous y croyez ?

Nicolas Mainville

Greenpeace Canada

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