Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Débat sur la question nationale

Le projet indépendantiste a-t-il encore un avenir ?

On le sait : les deux partis politique porteur du projet souverainiste ne se portent pas très bien. Le Parti Québécois paraît à l’agonie et Québec Solidaire recule dans les intentions de vote.

Il a intégré dans son programme la réalisation de l’indépendance mais en le tempérant par la notion d’assemblée constituante ouverte. S’il est devenu plus strictement indépendantiste depuis l’arrivée de Gabriel Nadeau Dubois et de Manon Massé (qui ont remplacé l’assemblée constituante ouverte par celle de fermée accessible aux seules personnes indépendantistes) le parti, au quotidien, n’en fait guère la promotion.

Ajoutons que l’idéologie multiculturaliste prédomine en ce moment au Québec, en particulier chel les jeunes, pour qui le courant nationaliste radical semble devenir toujours plus évanescent.

Le contraste est frappant entre la jeunesse, surtout étudiante, de la décennies 1970, massivement souverainiste et l,actuelle, beaucoup plus réservée à cet égard.

Quelques considérations s’imposent sur toute cette question.

Tout d’abord, il faut se méfier des illusions d’optique. Le courant souverainiste ne résume pas à lui seul tout le nationalisme québécois. Ce dernier, bien que moins visible par les temps qui courent, demeure vivant, et même fondamental dans l’identité collective du Québec.

L’affaiblissement marqué des partis se réclamant de l’indépendance a rendu plus évidente la vieille dichotomie canadienne-française-canadienne, qui n’a jamais disparue. La généralisation du terme « québécois » ne soit pas masquer pour autant ce vieux fond « canadien-français »

La victoire officielle de la conception trudeauiste du fédéralisme canadien lors du « rapatriement forcé de la constitution » en 1982 et les mécanismes juridico-politiques qui en rendent quasi impossible la réforme dans le sens d’une autonomie accrue des pouvoirs des provinces (donc du Québec) n’a cependant pas fait disparaître le courant indépendantiste. Mais il s’est affaibli, en dépit du rebond qu’il a connu lors du référendum de 1995.

On peut dater le début du déclin de « l’empire souverainiste » dans l’opinion publique de cette époque. Le Parti Québécois pers le pouvoir en 2003 et il ne le retrouvera jamais par la suite, sauf très brièvement à la tête d’un gouvernement minoritaire en 2012-2014. L’idéologie souverainiste d’en relèvera-t-elle ?

Il est clair qu’elle ne soulève plus les passions comme autrefois, même si le nombre d’indépendantistes reste assez élevé (au moins le tiers de l’électorat).

D’autres problèmes que celui du statut national du Québec retiennent de nos jours bien davantage l’attention des gens, comme celui des inégalités sociales et de la pollution ( « l’avenir de la planète »).

Il faut toutefois se rappeler que le débat fédéralisme-indépendance a structuré la vie politique québécoise de 1968 à 1995, et en particulier de 1968 à 1982. Le Parti Québécois a conservé une importante présence parlementaire de 1976 à 2018. Il fut un acteur politique majeur durant toute cette période, pour le meilleur et pour le pire.

Pour sa part Québec Solidaire possède une certaine audience, mais il est divisé entre ses membres avant tout indépendantistes et les autres, plus socialistes que souverainistes, ce qui explique la mollesse de sa direction à défendre l’indépendance avec fermeté au quotidien.

En résumé, le courant souverainiste marque encore de son empreinte les débats politiques au Québec, bien que de façon plus faible qu’avant, même si le Parti Québécois devait disparaître de la scène parlementaire, l’idéal indépendantiste, lui, se maintiendrait sans doute, du moins pendant quelque temps encore. Mais précisément, pendant combien de temps ?

Difficile à dire. Les jeux de la politique sont souvent imprévisibles et parfois déroutant. Mais on peut soutenir que le courant indépendantiste a tant coloré en vif les débats publics au Québec durant trois ou quatre décennie. Son influence se fera encore sentir, directement ou indirectement pendant encore longtemps.

On peut même penser qu’il ressuscitera éventuellement à la faveur d’événements imprévus que nous n’imaginons même pas dans un contexte inédit, sait-on jamais ? Il retrouverait alors, sa pertinence, après tout, aucun gouvernement québécois, qu’il soit péquiste, libéral ou caquiste n’a jamais signé la nouvelle « constitution » de 1982 et aucun ne le fera sans doute jamais, à moins que de profondes réformes soient apportées.

Jean François Delisle

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