Congrès du travail du Canada et Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec
Le 25 avril 2008
Grégory Wilkins
Président et directeur général
Barrick Gold Corporation
Brookfield Place, TD Canada Trust Tower
161, rue Bay, suit 3700
C.P. 212
Toronto (Ontario) M5J 2S1
Objet : Commentaires de Barrick Gold sur la publication des Éditions Écosociété, Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique
Monsieur Wilkins,
C’est avec consternation que nous avons pris connaissance de vos récents commentaires concernant la publication d’un livre qui dénonce les pratiques d’exploitation minière de votre société en Tanzanie. Sont en cause une petite maison d’édition progressiste québécoise, les Éditions Écosociété, et la publication de Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique.
Après avoir lu quelques lignes du site web des Éditions Écosociété, les représentants de Barrick Gold ont publiquement fait part de la probabilité d’une poursuite si Noir Canada était publié. Après la publication de Noir Canada par les Éditions Écosociété, votre représentant a affirmé à la Montreal Gazette que votre société intenterait des recours juridiques si elle désapprouvait d’un certain contenu.
Monsieur Wilkins, un tel comportement ne contribue en rien à s’attaquer au vrai problème. Les sociétés d’extraction minière ont fait l’objet d’examens publics beaucoup plus approfondis ces dernières années, et souvent pour de bonnes raisons. Les violations des droits humains et environnementaux ne sont que trop fréquentes. Le gouvernement fédéral a estimé que ce problème était suffisamment important pour entamer récemment un processus national de tables rondes sur la responsabilisation des entreprises afin de recueillir des preuves et de proposer des solutions d’intérêt public.
Toutes les parties à ces tables rondes, y compris l’industrie et les groupes de justice sociale, ont reconnu que même les meilleures entreprises canadiennes avaient eu des difficultés dans l’exercice de leurs activités à l’étranger. Nous nous sommes engagés à travailler à remédier à ces difficultés et avons émis un rapport conjoint exhortant le gouvernement fédéral à donner suite à diverses mesures d’intérêt public.
Les récents commentaires de Barrick Gold nuisent à ce travail. Il est inacceptable de discuter publiquement de recours à des poursuites en réponse à des critiques. Cela ne fait que garantir que les critiques persisteront et seront davantage polarisées.
Les familles travailleuses que nous représentons veulent une discussion honnête et complète sur la responsabilisation des entreprises canadiennes qui exercent des activités à l’étranger. Nous vous invitons à débattre les critiques, mais nous vous rappelons que les tentatives de les faire taire ne feront que soulever une forte résistance.
Nous vous prions de recevoir, Monsieur Wilkins, nos sincères salutations.
Le président du CTC
Kenneth V. Georgetti
Le président de la FTQ
Michel Arsenault