Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Politique d’austérité

Manifestation pour les Centres d'Éducation Populaires de Montréal, parce que rien n'est réglé !

Malgré plusieurs mois, voire plusieurs années de négociation entre le regroupement des six centres d’éducation populaire (InterCEP) et le gouvernement du Québec, rien n’est réglé quant à la pérennité des CEP ! Et la nomination de François Blais fait craindre de nouveaux délais ! Or, le 31 mai 2015, la date d’échéance des baux, approche à grand pas !

La situation stagne depuis trois ans

Une manifestation des six CEP a eu lieu le jeudi 12 mars devant les bureaux du Premier ministre à Montréal, afin de démontrer, une fois de plus, que les CEP sont mobilisés pour leur survie, On voulait dénoncer le manque d’actions concrètes et d’engagements réels pour sauver les CEP. La nomination de François Blais comme nouveau ministre de l’Éducation (un cinquième depuis trois ans !) ne peut pas signifier un retour à la case départ : le temps presse. Faut-il rappeler que d’ici 11 semaines les centres seront à la rue.

Il faut plus que des poignées de mains et des sourires pour assurer la survie et l’épanouissement des CEP. Il faut une entente signée le plus rapidement possible afin de retirer l’épée de Damoclès qui pend au-dessus des CEP. L’entente devrait être d’une durée de trois ans. Ça serait déjà un début, mais il faudra aussi rétablir un financement adéquat à long terme.

CEP, austérité et printemps 2015

Depuis l’automne dernier, plusieurs enjeux politiques ont été soulevés : la lutte contre l’austérité est le chapeau sous lequel se coagule la contestation. En éducation populaire et en éducation des adultes, la suppression de la Semaine québécoise des adultes en formation (SQAF), la fin des baux des CEP, le sous-financement en général et les menaces de nouvelles coupes sont autant d’attaques contre lesquelles il faut encore et toujours se défendre.

La mobilisation printanière est plurielle, puisqu’elle concerne tout ce qui est affecté par les politiques d’austérité. La survie des CEP en fait partie, car elle est liée au contexte des restrictions budgétaires et des politiques néolibérales actuelles. La défense de l’éducation populaire est cruciale dans le développement d’un front large de résistance large.

Le rôle de l’éducation populaire dans le développement de la citoyenneté

Depuis 1946, D’ailleurs, c’est pourquoi l’ICÉA indiquait dans son mémoire au conseil supérieur de l’Éducation que « l’essor de l’éducation populaire contribue à concrétiser le droit à l’éducation et à accroître son accessibilité pour la population adulte. » [1]. Elle « vise avant tout le développement des capacités individuelles et collectives dans une perspective de citoyenneté. »

L’éducation populaire permet donc aux personnes d’être parties prenantes des transformations sociales et d’accroître leurs capacités à exercer pleinement leurs droits. Encore faut-il que les conditions soient réunies pour faire vivre des pratiques d’éducation tout au long de la vie.

Les CEP, des « Maisons de quartier » pour briser l’isolement

De plus, un rapport de recherche portant sur les CEP [2] réaffirme cette nécessité. L’étude met en lumière la capacité des CEP à briser l’isolement, développer des connaissances, changer des habitudes de vie et transformer des milieux. De plus, les centres d’éducation populaire jouent également un rôle de « Maisons de quartier », ils sont des lieux de rencontre importants aussi bien par leur mission éducative que par le partage de locaux. Ils sont donc de véritables incubateurs de vie communautaire.

Le rapport de recherche arrive à la conclusion que les CEP ont indéniablement un impact sur les populations des quartiers où ils sont implantés, et qu’ils génèrent des résultats concrets. À ce titre, leur avenir se doit d’être assuré, et leur possibilité d’actions étendue. 

Une même perspective, vers le printemps !

Les actions entreprises par InterCEP, les manifestations nationales des 31 octobre et 29 novembre, le débrayage des groupes communautaires du 17 novembre, le grand rassemblement du 12 février, la semaine de perturbation du 22 février, le déclenchement d’une grève générale étudiante le 23 mars, etc. s’inscrivent dans une même perspective : le refus de l’austérité, le refus d’une vision bêtement économique du monde. Ce que l’on réunit son l’appellation « d’austérité » affecte une pluralité de milieux d’une multitude de manières, il nous faut donc tirer de cette hétérogénéité une force irrépressible. 
Ensemble faisons en sorte le printemps soit chaud !
Tiré du site de l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA)


[1- Extraits tirés du mémoire de l’ICÉA, L’éducation populaire sous l’angle d’une plus grande accessibilité à l’éducation des adultes, 2014 ?. 

[2La pertinence des centres d’éducation populaire, Bélanger, Bélanger et Labrie-Klis, 2014.

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