Édition du 30 avril 2024

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Environnement

Planter mille milliards d’arbres. opinion Forêt Vive

Une plantation ce n’est pas une forêt On constate que l’agriculture pose de gros problèmes, voila qu’on apporte la même destruction à la forêt. Le bois de plantation est plein de nœuds ? William Commanda, Kitigan Zibi

Le sol organique est la partie la plus importante de l’écosystème forestier. Georges Marek, forestier Nord Ontario

En réalité on détruit beaucoup plus aujourd’hui qu’on ne produit. A. Crytes, Montcerf. Bucheron de 1920 à 1970.

Des chercheurs suisses suggèrent de planter mille milliards d’arbres pour contrer le réchauffement. C’est une bonne idée si on procède comme on le faisait il y a 50 ans, par enrichissement, sans raser la forêt et sans scarifiage lourd. C’est une très mauvaise idée si on fait des plantations mono espèces comme on le fait actuellement au Québec et au Canada, particulièrement dans la forêt mélangée du sud ou on trouve déjà des milliers de tiges de régénération par hectare d’une vingtaines d’essences dont certaines comme l’érable à sucre ont déjà entre 60 et 80 ans, et qu’il faut commencer par récolter ou détruire.

Typiquement dans un ha de forêt mélangée on retrouve de 400 à 600 arbres qui ont atteint le diamètre légal qui est à la souche, de 12 cm pour toutes les essences, 30 cm pour l’érable à sucre, 40 cm pour les pins blancs, pins rouges, chênes et merisiers. Dans le même hectare on compte dix fois plus de tiges de régénération, soit de quelques milliers à plus de dix milles arbres qui n’ont pas atteint le diamètre limite.

Une plantation en Outaouais commence par une coupe totale ébranchée au chemin qui récolte ou écrase la plus grande partie de la régénération et endommage une partie importante du sol, spécialement celui de l’aire d’ébranchage qui peut occuper plus de 20 % du chantier. (1-2-3-4). Puis on peigne les résidus et la régénération qui a survécu à la coupe ou qui a repoussé ( il arrive que l’on plante plusieurs années après la coupe : dix ans au lac Lortie à Aumond ) qu’on met avec les cailloux et une partie parfois la totalité du sol organique dans des andains. ( 5-6 ). Vient ensuite le scarifiage, puis la plantation. Suivent une ou deux coupes de dégagement ou on détruit à nouveau la régénération. Voir sur YOUTUBE Forêt Vive, sols forestiers scarifiage lourd. https://www.youtube.com/watch?v=eh13wqkza5E&t=99s

Le fait d’enlever tout le couvert forestier deux fois au moins, les amas de branches au chemin et dans les andains de peignage, le scarifiage lourd, spécialement le décapage du sol organique vont émettent probablement plus de méthane et de CO2 que ce qui sera capté par la plantation.

Ce territoire et les animaux qui y vivent, subissent plusieurs chocs en l’espace de 10 à 15 ans. En plus des dommages au sol, on aura détruit de 2 à 4 fois la régénération naturelle probablement mieux adaptées aux conditions actuelles et futures. On subventionne et on accorde des crédits-carbone pour des plantations de résineux qui remplacent des forêts mixtes, ce qui en dit long sur la bourse du carbone.
Les plantations diminuent la biodiversité des essences et des semences. Exploitent les mêmes strates et éléments nutritifs. On va y consacrer nos meilleurs sols, capables de produire les plus belles forêts mélangées. Produisent plus de volume lorsqu’on les entretient mais un bois de qualité inférieure. Elles sont fragiles : insectes, verglas, couteuses, jusqu’à 7,000 dollars/ha. Exigent plusieurs interventions et des pesticides ( sauf au Québec ). Ne profitent pas de la phase accélérée de la courbe de croissance. Elles devront être remplacées par d’autres plantations à perpétuité.

Buldozers et débusqueuses ont détruit nos forêts. En réalité on détruit beaucoup plus aujourd’hui qu’on ne produit. C’est une destruction ordonnée. On va chercher les gros arbres et on tue la repousse. On ne peut s’expliquer que les compagnies détruisent les productions futures. On se donnait un mal fou pour ne pas abimer la forêt. On faisait les chemins loin du bon bois. On revenait 10 ans après et les arbres, petits à l’époque, étaient devenus des géants. Nos forêts seraient plus belles et mieux garnies si on avait pris soin de les respecter. A. Crytes, Montcerf. Travaille en forêt de 1920 a 1970. Il résume l’opinion de ceux qui ont commencé en forêt alors que les chevaux et la drave permettaient de récolter et transporter le bois sans endommager la régénération et le sol.

Le Canada récolte 800 cent milles ha par an depuis 40 ans et en convertit la moitié en monoculture de résineux. ( Québec 200 milles ha coupés, cent milles ha reboisés ). Il s’agit majoritairement de coupes rases et souvent de forêts primaires.
Nous croyons que plutôt que se battre ainsi contre la nature, on devrait payer ceux qui effectuent la récolte, de façon à ce qu’ils prennent le temps ( tous sont payés au rendement ) de protéger sol et régénération avec la machinerie conçue dans ce but, plutôt que d’essayer de réparer les dommages avec des plantations.

Le Canada récolte 800 cent milles ha par an depuis 40 ans et en convertit la moitié en monoculture de résineux. ( Québec 200 milles ha coupés, cent milles ha reboisés ). Il s’agit majoritairement de coupes rases et souvent de forêts primaires.

Dominique Bhérer, Maniwaki, Opinion FORETVIVE 2018, foretvive@hotmail.com
Annexe 1
Espace occupé par les aires d’ébranchage et le chemin dans une parcelle. Minoming, Grand-Remous.

Annexe 2
Branches laissées en bordure du chemin montrant la perte de matière organique. Parcelle Minoming. Grand-Remous

Annexe 3
Orniérage et dommages au sol dans l’aire d’ébranchage malgré la coupe hivernale. Parcelle Minoming. Grand-Remous

Annexe 4
Orniérage et destruction de la haute régénération dans les sentiers de débusquage. Parcelle Minoming. Grand-Remous

Annexe 5
Décapage du sol organique en vue d’une plantation de pins blancs. Lac Lortie, Aumond.

Annexe 6
Décapage du sol organique en vue d’une plantation de pins blancs. Lac Lortie, Aumond.

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