Édition du 30 avril 2024

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Féminisme

Pour lutter contre les violences, les travailleuses du sexe exigent la décriminalisation complète de leur travail

Tiohtià:ke (Montréal, territoire autochtone non cédé, où nous reconnaissons la nation Kanien’kehà:ka comme gardienne des terres et des eaux) , 3 mars 2022 - Dans le cadre de la Journée internationale pour les droits des travailleuse.eur.s du sexe, une centaine de personnes ont répondu aujourd’hui à l’appel du Comité autonome du travail du sexe (CATS) et se sont rassemblées dans le Red Light, au centre-ville de Montréal.

Les travailleuses et travailleurs du sexe exigent l’abrogation de la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes de l’exploitation qui, selon elleux, ont des impacts délétères sur leur condition de vie. Iels revendiquent plutôt la décriminalisation complète du travail du sexe sur les terres colonisées connues sous le nom de Canada.

« Les travailleuses du sexe sont tannées d’être ignorées »

Depuis l’adoption de la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes de l’exploitation en 2014, les travailleuse.eur.s du sexe subissent les effets néfastes de cette loi qui criminalise leur travail. « Ça fait des années que les travailleuses du sexe le répètent : ce sont ces lois qui rendent notre activité plus dangereuse. Parce que nos clients et nos boss sont criminalisés, il est difficile de dénoncer les violences qu’on vit par peur qu’on ne nous croit pas ou encore de perdre notre travail, notre logement, la garde de nos enfants… », explique une militante du CATS. Selon elle, ces politiques sont justifiées sous le couvert de protéger les victimes d’exploitation sexuelle : « Les travailleuses du sexe consentantes et celles qui sont victimes de trafic sont toutes affectées par la criminalisation. Ces politiques ouvrent la voie à plus d’exploitation et non l’inverse. » Selon le comité, les lois sur l’immigration, en plus des dispositions pénales relatives au travail du sexe, encouragent une surveillance accrue des travailleuse.eur.s migrant.e.s qui peuvent faire face à la perte de leur statut, la détention et la déportation.

Des droits du travail pour mieux se protéger

Le CATS revendique la décriminalisation complète du travail du sexe et sa reconnaissance comme un travail légitime. « La décriminalisation de notre travail nous permettrait d’avoir accès aux droits du travail, comme c’est le cas dans les autres industries. Un statut de travailleuse nous
permettrait de bénéficier de protections adéquates en cas d’accident et de congé de parentalité, mais surtout de tenir nos employeurs responsables de notre sécurité sur nos milieux de travail. Nous pourrions dénoncer les situations de harcèlement et d’abus par les mécanismes légaux en place », renchérit sa collègue. Alors que le gouvernement canadien est présentement en train d’étudier les impacts de la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes de l’exploitation, les militant.e.s du CATS rappelle l’urgence de décriminaliser le travail du sexe. « On en a assez d’être ignoré.e.s. Ce que nous voulons, c’est continuer de travailler avec des moyens pour assurer notre sécurité sur nos milieux de travail, et pour ça, il faut commencer par décriminaliser le travail du sexe ! », renchérit une militante du CATS.

Le Comité publiait également aujourd’hui une lettre ouverte signée par 50 groupes et 70 individus partout à travers le Canada supportant la décriminalisation du travail du sexe. Parmi ces groupes, on retrouve des groupes de travailleuse.eur.s du sexe, mais également des organismes de défenses des droits des femmes, des personnes trans, migrantes, autochtones, de prévention des ITSS et de réduction des méfaits, ainsi que par des groupes étudiants et syndicaux. Une action revendiquant la décriminalisation était également organisée par la Sex Workers of Winnipeg Action Coalition le même jour à Winnipeg.

Comité autonome du travail du sexe (CATS)

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