Édition du 21 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Opinion

Pour un retour du RIN

Il est de plus en plus clair que le PQ de Pauline Marois cherche dès maintenant à remplacer le gouvernement Charest, et non pas à faire le travail d’éducation politique urgent sur la souveraineté auprès de la population du Québec. Et si c’est nécessaire il est prêt à patienter la durée d’un gouvernement de Mario Dumont pour lui laisser le temps de se casser les dents sur le reste du Canada avec son projet d’autonomie, pour ensuite éventuellement revenir avec son projet de souveraineté. Encore des années de tournage en rond en vue…

Pour ce qui est de Québec Solidaire, même si ce parti est indépendantiste, l’indépendance est un outil pour la justice sociale, et non une fin en soi. Malgré un fort soutien populaire à la souveraineté du Québec, les indépendantistes se retrouvent donc orphelins politiquement pour le moment.

Il est donc temps, pour briser le cercle vicieux démobilisateur des derniers années, qui fait presque oublier le projet de pays dans le courant des préoccupations quotidiennes, de remettre le pays, et non la mécanique référendaire, à l’ordre du jour. Pour ce faire, il faut se donner un nouvel outil, y mettre le temps, regagner le terrain perdu, et reprendre l’offensive.

Comme quelques uns osent le dire maintenant, Pierre Bourgault, le chef du RIN, et plus tard Jacques Parizeau auront été les seuls véritables chefs indépendantistes du Québec moderne. Tous les autres, y compris René Lévesque, oh sacrilège, auront été porteurs sous une forme ou une autre d’une souveraineté-partenariat avec le Canada, porteurs de l’ambiguité de leur peuple. et non libérateur de leur peuple. Même si nous avons à passer des années de vaches maigres et que nous partons de 30% d’indépendantistes résolus, plutôt que de 45% dont plusieurs sont des souverainistes mous pour monter la pente, et peu de moyens, mieux vaut bâtir sur du solide et mettre fin aux tergiversations des dernières décennies qui nous ont mené dans le cul de sac actuel.

Je propose donc de relancer le RIN ( Rassemblement pour l’Indépendance Nationale ) de Pierre Bourgault, porteur de tant d’espoir pour les indépendantistes, suicidé et trahi dans le Mouvement souveraineté-association et ensuite le Parti Québécois de René Lévesque, avec les conséquences que nous connaissons aujourd’hui. Le mot rassemblement convient d’ailleurs très bien à la période charnière actuelle, où les indépendantistes de tous horizons et de toutes tendances ont besoin de se retrouver pour mieux se lancer dans un vaste mouvement d’éducation politique ( porte à porte, réunions de cuisine, rassemblements et fêtes ) et réveiller les forces vives indépendantistes qui sommeillent en nous. Faisons également confiance aux jeunes pour reprendre le flambeau et ouvrir enfin les portes du pays. Notre identité, notre fierté, et notre avenir sont entre nos mains.

Yves Chartrand

Mots-clés : Opinion Québec
Yves Chartrand

Intervenant social
Montréal

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