Édition du 30 avril 2024

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Environnement

Protection des milieux naturels : des organismes en environnement questionnent la gestion du MELCC

Le Conseil régional de l’environnement - région de la Capitale-Nationale (CRE Capitale-Nationale), l’Organisme de bassins versants de la Capitale (OBVC) et Nature Québec interpellent le futur gouvernement afin de réclamer une gestion plus exemplaire du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) dans le dossier de la protection des milieux humides et hydriques.

Depuis plusieurs années, les organismes constatent en effet que des décisions visant à autoriser des travaux sur des milieux humides sont prises de manière précipitée, sans prise en compte des données et des rapports existants - menaçant de ce fait des infrastructures naturelles dont les services écologiques sont d’une valeur inestimable.

Remblayage en dépit d’études existantes

Le cas du Boisé des Châtels à Québec, où le MELCC a autorisé cet été des travaux de remblayage en vue de la construction d’un nouveau développement industriel, est l’exemple le plus récent illustrant cette gestion problématique.

Ce projet industriel, qui implique l’imperméabilisation d’une grande partie des milieux humides présents dans le boisé, est une menace directe pour la bonne gestion des eaux pluviales de la rivière Lorette et du ruisseau Sainte-Barbe, qui sont tous deux propices aux débordements. Un rapport gouvernemental a pourtant documenté, dès 1973, les risques de l’urbanisation pour le bassin versant de la rivière Lorette, principalement à l’égard d’inondations, d’érosion et de la qualité de l’eau.

À nouveau en 1990 et 1993, les auteurs de différentes études gouvernementales « enjoignaient les municipalités concernées à planifier l’aménagement du territoire en fonction du bassin versant. »

« La capacité des milieux humides du bassin versant de la rivière Lorette à atténuer les risques d’inondation est déjà fortement fragilisée par la présence des nombreux développements commerciaux et industriels. La gestion actuelle donne la fâcheuse impression que le MELCC autorise les projets sans avoir rigoureusement analysé le site et en faisant abstraction de
risques évidents, documentés depuis des décennies.
 » a soulevé Marie-Audrey Nadeau Fortin, chargée de projet en conservation et mobilisation chez Nature Québec.

«  Il est paradoxal de constater que le gouvernement du Québec continue d’imperméabiliser les derniers milieux humides du bassin versant, alors qu’il s’est engagé à investir des millions de dollars en restauration pour contrôler les inondations sur la rivière Lorette, via le Programme de résilience et d’adaptation face aux inondations (PRAFI). On ne peut pas se permettre de gaspiller ainsi les sommes dédiées à la conservation  », a rappelé Nancy Dionne, directrice générale de l’Organisme de bassins versants de la Capitale.

Un cas qui n’est pas isolé

La tendance du MELCC à approuver aveuglément des travaux et des projets qui menacent directement la protection des milieux humides s’observe ailleurs au Québec. C’est notamment le cas du ruisseau Barbe, à Laval, où le
remblayage de milieux humides a été autorisé par le MELCC, bien que ceux-ci soient identifiés comme étant d’intérêt par la Ville de Laval dans un règlement de contrôle intérimaire.

Les cas du Boisé des Châtels à Québec et du ruisseau Barbe à Laval viennent par ailleurs contrecarrer les efforts des municipalités et MRC, qui travaillent en ce moment à l’élaboration de leurs Plans régionaux des milieux humides et hydriques (PRMHH) et déploient des ressources considérables pour identifier les milieux prioritaires à protéger. Le Boisé des Châtels est lui-même identifié par la Ville de Québec comme une zone prioritaire à préserver dans le cadre de cette démarche.

« Alors que le ministère devrait faire preuve de la plus grande rigueur dans l’octroi de ses permis, on a plutôt l’impression qu’il balaie la responsabilité de l’analyse des impacts environnementaux aux municipalités, qui doivent par la suite se prononcer pour autoriser les projets sur leur territoire », a soulevé David Viens, directeur Milieux naturels au CRE Capitale-Nationale.

« Dans le contexte des changements climatiques, les infrastructures naturelles telles que les milieux humides jouent un rôle crucial dans notre capacité à s’adapter et à être résilients face aux aléas météorologiques appelés à s’intensifier. Le MELCC doit faire preuve d’une plus grande exemplarité en ce qui concerne leur protection, notamment en remettant en place le mécanisme de consultation des municipalités avant l’émission des autorisations gouvernementales, et surtout, en attendant que les PRMHH aient été déposés avant d’autoriser à la hâte des remblais  », ont conclu les porte-paroles.

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