Édition du 12 mars 2024

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Québec solidaire

Québec solidaire sous attaque, mais porteur d’espoir

Les membres de Québec solidaires ont décidé de présenter des candidatures aux prochaines élections dans l’ensemble des comtés du Québec et de se rapprocher voire fusionner avec Option Nationale. Voilà ce dont Québec solidaire est coupable.

Le PQ avait besoin de démontrer soit qu’il était le navire amiral auquel devait s’associer QS pour défaire les libéraux, soit le démoniser. Au final la véritable stratégie de Lisée est de neutraliser la gauche afin de jouer seul sur l’échiquier pour pouvoir reconquérir les votes de la CAQ, essentiels à sa victoire, on ne le répétera jamais assez.

Mélange des genres

La sortie de Jean-François Lisée concernant la question du Oui Québec n’est pas motivée en premier lieux par la question de la feuille de route concernant l’accès à l’indépendance. Pourquoi déchirer sa chemise sur la place publique à ce point pour un exercice en soi théorique ? Nous ne sommes pas devant une situation réelle qui prendra effet à la prochaine élection mais bien dans un exercice qui ne prendra force selon sa propre décision, que dans un deuxième mandat (consécutif évidemment) de son gouvernement.

Certains oublient en effet que Lisée a gagné la course à la chefferie sur la base de ne pas tenir de référendum dans un premier mandat et par conséquent de ne pas faire de la souveraineté un enjeu de la prochaine campagne électorale. Il a ainsi écarté la perspective défendue par le clan souverainiste représenté entre autres par Martine Ouellette. Cela a causé beaucoup de remous dont la démission de plusieurs membres de l’exécutif de l’association de Verdun, juste avant les élections partielles.

Suite à cette élection les Oui Québec avaient eux-mêmes dû laisser tomber la deuxième partie de leur feuille de route qui consistait à rassembler les souverainistes en vue des élections de 2018. C’était quand même une décision lourde de sens.
Le PQ a ainsi perdu 1% par mois dans les sondages depuis l’élection de Lisée soit 7%. Selon Michel C. Auger cela représente une véritable hémorragie. La préoccupation de Jean-François Lisée est donc beaucoup plus pragmatique, il doit remonter dans les sondages et gagner l’élection, il y va de sa propre survie en tant que chef.

Lisée misait sur l’utilisation de l’alliance avec QS comme élément qui renforçait le vote stratégique en sa faveur. Mais il devait affirmer en même temps que le PQ ne cèderait pas sur sa position identitaire ni sur sa vision économique afin de conserver sa base électorale et tenter de gagner l’électorat de la CAQ. L’idée était de garder QS dans son sillon. Il avait tout misé sur cette stratégie et au lendemain du congrès de QS, après que Pascal Bérubé eut même affirmé que le PQ ne pouvait pas prendre le pouvoir sans QS, il s’est retrouvé désarçonné. Voilà le véritable drame pour Lisée.

Ses accusations contre le « politburo » de Québec solidaire révèlent en fait son désarroi. Comme le rapporte Michel C Auger dans son blogue : « Si QS est dirigé par de si déplorables individus, pourquoi le PQ voulait-il tant faire alliance avec eux ? Pensait-il vraiment qu’il fallait s’appuyer sur de tels partenaires ? ».

Lisée a saisi la première occasion qui lui était offerte afin de tenter de renverser la vapeur en revenant au scénario de démoniser QS. Par la même occasion il espérait certainement avoir un impact négatif sur l’élection de Gabriel Nadeau-Dubois dans Gouin. Lisée s’était d’ailleurs résigné à ne pas présenter de candidature après que deux sondages eurent démontré l’impossibilité de défaire Gabriel Nadeau-Dubois même avec des candidatures de prestige.

C’est dans ce contexte que la question de la feuille de route souverainiste a servi de mélange des genres et pris des proportions démesurées. Dans le même article Michel C Auger qualifie ainsi la situation : « Il en est de même de la « trahison » de QS qui serait revenu sur sa signature sur un texte intitulé « Proposition de travail sur une modalité commune d’accession à l’indépendance ». Ce qui, admettons-le, est un titre bien ordinaire pour un texte soudainement promu au rang de Magna Carta de la souveraineté. Surtout qu’en tout état de cause, il ne pourrait entrer en vigueur qu’après les élections québécoises de 2022. »

La victoire de Gouin

La victoire de Gabriel est incontestable avec 69% des votes, ce sont les commentaires publiés dans l’ensemble des médias. Cette élection confirme la montée continue de Québec solidaire malgré les embûches et permet d’envisager l’avenir avec confiance. Elle prend une signification importante dans la situation présente. Québec solidaire grandit et devient par conséquent un adversaire plus important pour ses opposants. Bientôt ce seront les libéraux qui se mettront de la partie. On peut donc s’attendre à continuer d’être sous attaque de toutes sortes, nous n’aurons pas droit à l’erreur, mais nous serons le parti porteur d’espoir, le parti qui pourra rassembler tous ceux et celles qui aspirent à une société meilleure.

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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