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Environnement

Relance du programme de petites centrales : Le gouvernement Couillard fait déjà fausse route

Montréal, le 23 mai 2014 – L’intention de relancer la construction de petites centrales hydroélectriques, annoncée par le Premier ministre Philippe Couillard dans son discours d’ouverture de la 41e législature, démontre déjà un manque de rigueur important dans sa gestion des affaires gouvernementales, estime la Fondation Rivières
« Ce programme ne tiendra pas plus la route sur les plans énergétique, économique, environnemental et social que celui mis sur pied en 2009 par Jean Charest, car il va dans une direction opposée aux choix actuels qui s’imposent à la collectivité québécoise », affirme Pierre Leclerc, porte-parole de l’organisme voué à la protection des rivières du Québec.

A la Fondation Rivières on se dit peu surpris par cette annonce mais très inquiet pour la suite des choses. Ce programme serait un véritable « buffet à volonté » pour les promoteurs de projets, les firmes d’ingénierie spécialisées dans la petite hydraulique et certaines élites municipales. Plusieurs projets, notamment ceux qui n’ont pas été sélectionnés dans le cadre de l’ancien programme, pourraient être en lice.

Étonnamment, cette volonté exprimée par le Premier ministre ne tient pas compte des principales recommandations contenues le récent rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec.

Ce rapport confirme, en outre, que le Québec est aux prises avec de très importants surplus de production électrique (30 TWH/année) et que la situation perdurera pour les 15 prochaines années. Les auteurs en viennent à la conclusion que, dans les conditions actuelles du marché, les infrastructures de production d’électricité mises en service depuis 2008, ainsi que celles déjà annoncées, coûteront près de 1,5 milliard $ en dépenses et subventions non-rentables, et que le Québec ne peut plus poursuivre dans la voie actuelle sans risquer de s’appauvrir significativement. Le rapport recommande donc de cesser immédiatement de subventionner les nouvelles sources d’approvisionnement d’électricité.

Les commissaires ont même été jusqu’à demander que soit étudié sans délai l’opportunité de suspendre tout nouvel investissement dans l’augmentation de la capacité de production de l’électricité pour les infrastructures non encore construites, tels les barrages sur la rivière Romaine.

« Ce rapport indique clairement que la construction de centrales hydroélectriques est, à l’heure actuelle, basée sur un modèle économique coûteux qu’il faut revoir. Si le gouvernement est sérieux dans sa volonté d’alléger le fardeau financier des contribuables québécois, il ne doit pas ouvrir la porte aux petites centrales. Le contraire serait faire fausse route, la rigueur gouvernementale ne doit pas être sélective au gré des intérêts politiques. Avant de se lancer tête baissée vers la construction de petites centrales, le gouvernement libéral devrait d’abord donner suite au rapport de la Commission avec l’élaboration d’une nouvelle politique énergétique et l’adoption d’une nouvelle stratégie énergétique, la stratégie actuelle arrivant à échéance en 2015 », affirme monsieur Leclerc.

Rappelons qu’avec le dernier programme de construction de petites centrales, Hydro-Québec paiera plus de 8 ç/kWh pour l’achat d’électricité des producteurs, mais qu’en plus elle supportera entièrement les frais de transport, de distribution et d’emmagasinement représentant un coût additionnel estimé à 4 ç/kWh, soit un total d’environ 12 ç/kWh. En raison des surplus actuels et des bas tarifs à l’exportation à moins de 5 ç/kWh, on estime qu’Hydro-Québec perdrait plus de 610 M$ pendant les 20 prochaines années si le gouvernement libéral relançait les six projets annulés par le gouvernement péquiste en février 2013. Nous joignons copie d’un communiqué que nous avions émis le 2 février 2012 sur ce sujet, encore d’actualité.

Iniquités régionales

En outre, au chapitre du développement régional, la construction de petites centrales ne contribue pas à une création de richesse. On parle plutôt d’un transfert d’argent d’Hydro-Québec à certains projets à perte, une dilapidation de fonds publics au bénéfice de certains. Avec en surcroît une dilapidation d’un patrimoine naturel appartenant à l’ensemble des Québécois. La redistribution d’une richesse pour rembourser les pertes dues aux aspirations et velléités d’élites municipales locales.

Ce programme va aussi accentuer les iniquités entre les régions, car les revenus seront accessibles pour seulement quelques municipalités qui ont la chance d’avoir une chute ou une rivière sur leur territoire ayant un potentiel hydroélectrique suffisant.

Au cours des prochains jours, la Fondation Rivières entend suggérer aux ministres des Finances et des Ressources naturelles d’autres voies à suivre pour aider les finances publiques, tout en assurant la protection des rivières.

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