La droite a le vent dans les voiles en Occident. Le discours d’austérité, les guerres régionales, la violence islamiste entre autres facteurs renforcent chaque jour ce discours et les partis de droite et d’extrême-droite marquent des points et s’approchent dangereusement de la prise de pouvoir. Des embellies comme l’élection de Syriza en Grèce ou la montéee de Podemos en Espagne apparaissent mais ne font pas le poids.
Au Québec la toile d’araignée de la droite se tisse rapidement et solidement. De la radio de Nathalie Normandeau avec son appui à ’’ l’étudiant ’’ Jean-François Maurasse contre Gabriel Nadeau Dubois, en passant par les déclarations de Stephen Harper sur Radio-Canada et Philippe Couillard qui taxe le Parti Québécois de radicalisme lorsque que ce dernier reparle d’indépendance, la table est mise pour la chasse aux extrémistes de tout acabit, sans bien sûr oublier les nouveaux pouvoirs policiers qui seront en place suite à l’adoption du projet de loi anti-terroriste de gouvernement conservateur. Un dangereux amalgame se dessine englobant écologistes, gauchistes, séparatistes et pourquoi pas bientôt terroristes.
Et la gauche comment réagit-elle ? Est-ce qu’elle a confiance en elle ? Est-ce qu’elle est à l’écoute de la population ? Est-ce qu’elle est à l’offensive ? Est-ce qu’elle se fait entendre suffisamment ? Est-ce qu’elle a un discours global, cohérent et rassembleur ? Est-ce qu’elle est unie et organisée ? Et surtout est-ce qu’elle fait suffisamment d’éducation politique non seulement dans ses organisations mais également dans les quartiers, dans les régions, dans les lieu publics, dans les cuisines et partout ailleurs ?
J’ai personnellement souvent l’impression que la gauche n’a pas confiance en elle et qu’elle est sur la défensive. J’en prends comme exemple l’attitude défensive adoptée par les syndicats des employés municipaux suite au fameux ’’ saccage ’’ de l’hôtel de ville amplifié par les ’’ commentateux ’’ des médias, saccage qui n’a jamais eu lieu.
On peut dire que la gauche se fait entendre sur des sujets ponctuels comme les mesures d’austérité mais elle n’a pas un discours global, cohérent et rassembleur. Elle s’emprisonne souvent dans le cadre proposé par la droite en apportant des solutions en réaction aux propositions de la droite, comme par exemple rallonger la période de temps pour en arriver au déficit zéro sans remettre en question la dette publique. Dans la lutte contre l’austérité elle se contente de défendre les acquis syndicaux traditionnels sans innover dans la recherche de solutions aux nouveaux défis auxquels est confronté l’état québécois. La bureaucratie et le corporatisme prennent encore trop de place dans les organisations même si on sent une petite brise de renouveau printanier. La gauche n’a pas de discours global apportant une nouvelle façon de penser et de vivre et pourtant on sentait ce discours sur un autre monde possible en sourdine lors du Printemps érable.
Il y semble y avoir de nouveau une large coalition contre les mesures d’austérité mais est-ce qu’elle ira au-delà de cette période tumultueuse ? Est-ce que le rapprochement récent entre des syndicats et des groupes communautaires aura des suites ? Est-ce que l’éducation politique qui a cours notamment dans les syndicats à l’occasion de la renégociation des conventions collectives se poursuivra au-delà ? Nous aurions aussi besoin d’un journal populaire de gauche largement diffusé et d’une radio pour communiquer, débattre et s’organiser.
J’ai peu de réponses à toutes les questions que je soulève mais je souhaite que notre réveil printanier sera porteur de créativité et d’initiatives de toutes sortes pour créer un rapport de force en notre faveur et ainsi isoler la droite consolidée. Si nous ne réussissons pas à convaincre une majorité de la population c’est nous qui serons isolés et écrasés par le raz de marée.
Yves Chartrand
