Édition du 30 avril 2024

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« Tiens cher », ou éloge du tutoiement !

Vous avez beau avoir 40, 50 ou 70 ans, quand vous allez prendre un café, par exemple dans un resto du Saguenay-Lac-Saint-Jean, vous risquez fort de vous faire tutoyer par une sympathique serveuse. Mais aucune offense à cela.

Moi je viens de franchir le cap des 50 ans et je dois avouer que c’est une expérience des plus agréable de se faire dire : ¨tiens cher, deux crèmes pour ton café¨ par une jeune employée d’un resto. Cette spécifité langagière est propre à cette belle région et j’ajouterais, elle est encore plus ancrée au Lac-Saint-Jean. Je peux affirmer qu’elle est quasi inexistante à Montréal, là où j’ai demeuré un bon bout et là où je suis allé dernièrement. Si ce n’est que je me suis fait accueillir en anglais en premier, dans quelques restos de la métropole et cela même dans le quartier latin et sur Le Plateau. Mais bon, cela est une autre histoire.

À Alma, dans plusieurs cafés, bars et restos, je me suis fais dire : « mon cher », « tiens cher » ou simplement « tout est à ton goût ? ». Donc j’avoue que personnellement cela me réjouis, me réconforte même. En fait je dois avouer que je déteste me faire vouvoyer. Bon je sais bien qu’au travail ou encore quand je vais à la banque, je risque fort bien d’entendre « bonjour monsieur Giguère ». Ahhhhhhhhhhh....ce fameux « monsieur » qui m’afflige ! Que cela me semble impersonnel et on ne peu plus commun. Mais que voulez vous, nous sommes confrontés tous les jours à des conventions. Celles des « monsieurs » et des « madames » sont du lot, pour mon grand malheur.

Mais le cerise sur le sundae, la joie suprême est lorsqu’ on m’appelle par mon prénom quand j’entre dans un lieu public. Bien sûr on doit préalablement avoir ses habitudes dans un dit lieu, comme un resto, un bar ou même une bibliothèque. Oui oui, on m’accueille dans une biblio après quelques pas franchit, par un beau -« bonjour Yvan, un autre roman de terminé ? » Mais je ne vous dis pas quelle biblio, ni le nom de ladite personne qui me dit ces mots qui sont comme de la musique à mes oreilles. Je me garde un petite gêne tout de même.

Yvan Giguère
Saguenay (De passage à Alma)

Mots-clés : Edition du 2012-11-20
Yvan Giguère

Fondateur du concours national de paroliers de langue française 24 juin 2008

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