Édition du 30 avril 2024

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YFB, un nouveau trademark environnemental : vers une pollution disparue dans les bilans.

Commentaire sur le bilan annuel du député et ministre, M.Yves-François Blanchet.

Dans le journal L’Express de Drummondville du 19 décembre dernier [1], le député Blanchet, aussi ministre de l’Environnement, se vante d’avoir presque atteint tous les objectifs qu’il s’était donnés dans son comté, et ce, en moins d’un an et demi de pouvoir péquiste.

C’est que notre bon député comprend la politique comme les anciens Romains : il est un magistrat, sorte de patron, qui prend soin de ses clients, lesquels sont les citoyens, ceux qui l’ont élu directement dans sa région. Les équipements sportifs sont en place, les gymnases et les centres de foire. Ô joie ! Comme on pourra en faire du sport dans le beau comté de Drummondville, pour avoir des esprits sains dans des corps sains, ainsi que les Grecs aimaient le souligner… En Antiquité.

Dans un esprit beaucoup plus contemporain, nous prenons aussi en compte les dimensions environnementales. Ce bilan-là est beaucoup plus mitigé. Peut-on masquer le manque de réalisations du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs – une chance que ça n’inclut pas les parcs municipaux, parce qu’on pourrait expliquer certaines bonifications régionales, par des interventions de hautes instances provinciales, mais ne soyons pas mesquins -, peut-on masquer, dis-je, les gaffes provinciales en environnement, par un bon bilan local ?

Voyons la dernière année dans une perspective verte. En 2013, bien qu’un projet de loi ait été déposé en mai, il n’y a pas de moratoire contre le gaz de schiste qui a été établi au Québec, il y aura une commission parlementaire en février 2014 sur le sujet. On n’a pas promulgué le règlement sur les sources d’eau. Dans ce cas, c’est une chance, parce que les règlements municipaux en place sont plus sévères. Ce règlement est à quelques signatures, celle des ministres lors de leur conseil, d’être adopté. Dès que ce sera signé, Pétrolia pourra forer Haldimand 4 à Gaspé, pour l’instant empêché par la municipalité qui a légiféré sur les distances séparatrices des sources d’eau. Le règlement provincial annulera le pouvoir municipal de contrôle des eaux.

On n’a pas nettoyé la rivière Chaudière du pétrole de schiste qui aurait coulé au fond de la rivière, seulement les berges. Les niveaux de toxicité sont supposément normaux selon le ministère, mais Daniel Green de SVP, un spécialiste des déversements polluants conteste cette interprétation [2]. On a aussi laissé couler des BPC dans le lac St-Louis [3], par les égouts de Pointe-Claire.

Puis, il y a eu le jeu de la chaise musicale pour la participation à la commission parlementaire sur l’inversion du pipeline 9-B. Le ministère a envoyé plusieurs « unvitations », qui sont, si vous ignorez l’expression anglophone non dépourvue d’humour, des invitations auxquelles on souhaite que vous ne répondiez pas positivement. Autrement dit, on vous invite, mais on espère que vous ne viendrez pas. En effet, plusieurs groupes d’opposants ont été informés tellement tard, ou on leur a dit qu’il n’y avait plus de place, ce qui fait que plusieurs n’ont pas pu être entendus. Par ailleurs, on nous avait promis un BAPE, à la place on a eu une commission parlementaire dont le rapport est sorti le lendemain de la fin de l’exercice. Pas de blague.

Dirons-nous un mot de la commission elle-même ? Elle a donné lieu à une chasse aux sorcières de la part du PQ contre un militant de QS qui faisait partie d’un groupe citoyen. Ainsi les membres du coVO (coalition vigilance oléoducs) ont été accusés de manquer de crédibilité et d’être infiltrés par un groupe politique. Des députés péquistes ont mis en doute tous les propos de monsieur Olivier Huard, car il se serait présenté comme candidat pour QS lors du dernier scrutin provincial. Doit-on perdre ses droits citoyens, parce l’on milite pour une organisation politique ? Serait-ce que les citoyens n’ont plus le droit d’être politisés, parce que c’est trop ostentatoire ? Peut-être qu’on ne veut plus ni marque religieuse ni politique nulle part dans l’espace public. À la décharge du ministre Blanchet, ce n’est pas lui qui a instigué cette chasse – il a laissé son adjoint au développement durable, Scott McKay, faire le sale boulot -, car il n’était pas présent à la commission parlementaire à ce moment. Pourquoi un ministre de l’environnement serait-il intéressé par les propos de groupes écologistes sur un projet potentiellement fort polluant ? Où était le ministre ? Peut-être faisait-il du jogging au parc Woodyatt pour admirer les belles installations sportives.

Saint-Jude, le 13 janvier 2014

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