Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Opinion

Hommage ou questions à Jacques Hébert ?

La mort de Jacques Hébert a fait la une de bien des grands médias. Pourtant l’homme est loin de faire l’unanimité, notamment au Québec ! Nous vous proposons ci-dessous deux points de vue différents à son propos : celui d’Olivier Noël et celui de Bernard Rioux. Manière de se donner les moyens d’y voir un peu plus clair !

Il était un grand homme !

Selon Olivier Noël : Je n’ai pas eu la chance de rencontrer Jacques Hébert. Mais comme plusieurs de mes amis, j’ai eu la chance de participer au programme Jeunesse Canada Monde. Je suis loin d’être libéral comme l’a été Jacques Hébert, mais je suis prêt à reconnaître tout ce qu’il a fait pour la jeunesse canadienne et québécoise. Comme homme d’action, grand écrivain et globe trotter, monsieur Hébert a vécu sa vie pleinement. Il est un modèle pour moi, dans un sens. Il m’a aidé à reconfirmer mon identité de Québécois et souverainiste. Grâce au programme Jeunesse Canada Monde j’ai vu que j’avais beaucoup plus d’affinité avec les gens du Québec et les gens des autres pays que les anglophones Canadiens et je crois que je ne suis pas le seul jeune de Jeunesse Canada Monde du Québec qui pourrait exprimer le même sentiment. Je vous renvoie à sa biographie*.... (voir ci-dessous)

Éloge critique à un fédéraliste conséquent

Selon Bernard Rioux : L’éloge funèbre est une pensée unilatérale, respect oblige. Elle est donc toujours un moment d’une vérité toute relative. Le Sénateur Jacques Hébert est mort. C’est la vie. Il a marqué l’histoire du Québec et du Canada. Il a marqué le monde de la culture et de la politique. Il a marqué une certaine jeunesse. Fédéraliste inconditionnel, il a justifié les initiatives injustifiables de son ami Trudeau, particulièrement l’occupation militaire du Québec en octobre 1970. Mais, malgré tout le respect que l’on doit aux personnes mortes récemment, on doit aussi respecter les blessures de nos camarades de lutte et rappeler des moments de vérité porteurs d’enseignements importants. Et ce souvenir d’André Ferretti est pour nous fort éloquent. « Hier, nous avons reçu la visite d’un homme faux. Il préside, semble-t-il, une commission chargée d’enquêter sur nos conditions de détention. Ami du premier ministre du Canada, avec qui il a beaucoup voyagé, l’ancien éditeur Jacques Hébert partage son mépris pour le peuple québécois. Petit d’apparence, cet homme est encore plus petit d’être. Heureusement pour nous, cependant, il se targue de grandeur, de magnanimité, même. Ainsi, sa visite nous a valu le droit à la cantine, à la brosse à dents et à la douche quotidienne, au papier et au crayon, et, grand bien lui fasse, aux livres. (André Ferretti, en prison suite à l’intervention de l’armée canadienne, en octobre 1970) »

*Biographie de Jacques Hébert (1923-2007)

Écrivain, éditeur, homme politique et inlassable globe-trotter, Jacques Hébert, qui a voyagé dans plus de 130 pays, a toujours été animé de la même passion pour la jeunesse et le rapprochement entre les cultures.

Né à Montréal le 21 juin 1923, il a fait ses études au Collège Sainte-Marie de Montréal, au St-Dunstan’s College de Charlottetown et à l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal, où il a obtenu, en 1945, une licence en sciences commerciales.

Collaborateur au journal Le Devoir (1951-1953), il a fondé les Éditions de l’Homme (1958), puis les Éditions du Jour (1961), en plus d’écrire de nombreux livres, dont Deux innocents en Chine rouge (en collaboration avec Pierre Elliott Trudeau, 1960), J’accuse les assassins de Coffin (1963), La terre est ronde (1976) et tout récemment encore La comtesse de Merlin (2004).

De 1962 à 1970, Jacques Hébert a travaillé comme animateur et script à Radio-Canada. De 1965 à 1974, il a présidé l’Association des éditeurs canadiens. En 1963, il fondait, avec Pierre Elliott Trudeau, la Ligue des droits de l’Homme (aujourd’hui Ligue des droits et libertés), organisme qu’il présidera de 1970 à 1972.

Homme d’idées et d’action, Jacques Hébert a toujours voulu favoriser le développement des jeunes. Inspiré par ses nombreux voyages de par le monde, son amour des autres cultures et son désir d’un monde plus pacifique, il fondait, en 1971, un audacieux programme pour mettre en oeuvre des programmes éducatifs internationaux destinés aux 17 à 21 ans. Jeunesse Canada Monde (JCM) était né.

JCM donne l’occasion à des jeunes de différentes cultures de vivre ensemble et d’accomplir du travail bénévole. Jeunesse Canada Monde se distingue d’autres organismes du même genre par la réciprocité de son programme, qui comporte deux étapes : une première étape où des jeunes du Canada et de l’étranger séjournent dans une communauté canadienne, et une deuxième étape dans une communauté d’un pays partenaire. C’est une occasion unique pour les jeunes de cultiver l’appréciation des différences et d’apprendre à résoudre les conflits de façon constructive et pacifique.

Aujourd’hui, l’organisme, qui a mis sur pied des programmes dans plus de 67 pays partout dans le monde, compte près de 30 000 ancienNEs participantEs. L’oeuvre de Jacques Hébert a d’ailleurs des retombées indéniables sur la jeunesse et la société : une étude menée en 2006 démontre en effet que le programme JCM influence profondément et remarquablement les participantEs et les membres des communautés qui les accueillent, au Canada et à l’étranger.

Fort de son expérience avec Jeunesse Canada Monde, Jacques Hébert fondait, en 1977, un deuxième organisme jeunesse, Katimavik, pour offrir aux jeunes une expérience de volontariat au Canada.

En 1983, il fut nommé au Sénat du Canada où il occupa de nombreux postes, dont celui de Président du Comité spécial du Sénat sur la jeunesse (1984-1986). Il se retira de la vie politique en 1998.
Son leadership, son dynamisme, ses qualités de rassembleur et son parcours hors du commun lui ont valu de nombreux honneurs. Il a été fait Officier de l’Ordre du Canada et Chevalier de l’Ordre de la Pléiade ; il était détenteur d’un doctorat honoris causa de la Ryerson Polytechnic University de Toronto ; il a aussi été fait candidat pour le prix Nobel de la paix en 2002.

Père de cinq enfants, M. Hébert avait trois petits-enfants et un arrière-petit-enfant.

Mots-clés : Opinion

Sur le même thème : Opinion

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...