Édition du 7 mai 2024

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Québec

Le Conseil national de QS, des débats majeurs en vue sur un tournant à questionner

Le Conseil national de QS à Saint-Hyacinthe a été un exercice où les débats ont pris une mince place dans l’ensemble de la fin de semaine. Le débat concernant les modifications aux statuts en est à sa première étape, celle de mandater le comité qui sera chargé d’arriver avec des propositions sur la base des mandats qui lui auront été donnés.

Le processus de modification des statuts est établi selon le calendrier suivant :

Le Conseil national (CN) février 2023 a déjà adopté la proposition du processus de consultation des membres sur les statuts et adoption du mandat du comité de révision des statuts. Nous en étions à ce CN à l’adoption des grands principes organisationnels qui guideront la rédaction de nos statuts et ateliers de discussion sur certains éléments des statuts.

Suivra de mai 2023 à janvier 2024 une période de consultation auprès de différentes instances ou groupes ciblés (rencontres web, etc) pour arriver au Congrès de l’automne 2023 où sera présenté le rapport préliminaire du comité de révision des statuts. Le CN du printemps 2024 procédera à un atelier de discussion sur les différentes propositions et à l’adoption des éléments qui seront mis au vote au Congrès spécial de l’automne 2024.

Néanmoins la partie où les membres étaient appelés à prendre des décisions était relativement succincte et comprenait seulement 60 minutes en ce qui concerne les propositions portant sur les statuts.

Points saillants du préambule aux propositions

Faute d’argent pour embaucher du personnel, l’élection d’une personne responsable de chaque tâche avait le mérite de nous assurer que chaque facette de l’organisation était prise en charge par au moins une personne. Aujourd’hui, notre parti compte sur une équipe d’employé.es pour accomplir plusieurs de ces tâches.

Alors que nos élus nationaux sont des bénévoles qui ont un temps limité à donner au parti, nos employé.es travaillent à temps plein et connaissent sur le bout des doigts leurs différents dossiers. Cette nouvelle réalité remet en question l’organisation de base de notre structure de direction politique.

La réalité d’un parti qui s’approche du pouvoir n’est pas la même que celle d’un parti qui tente d’exister sur la scène politique.

Ce sont les consultations menées par le comité de révision des statuts qui serviront à identifier les meilleures pistes à suivre pour atteindre les objectifs adoptés en Conseil national.

Il est souvent complexe pour une personne récemment arrivée au parti de savoir où et comment s’impliquer. Différentes avenues pourraient être envisagées, par exemple : simplifier les mandats et le fonctionnement des associations, revoir la structure d’implication des réseaux militants, des commissions thématiques et des autres formes d’engagement politique hors associations.

Tenir des congrès ouverts à tous les membres plutôt qu’à des délégué-e-s, créer un mécanisme pour soumettre des prises de position du parti à des votes référendaires décisionnels entre les instances, élire les porte-parole au scrutin universel des membres, etc.

Les propositions suivantes du cahier de proposition y faisaient référence, mais ne façon vague.

2) Se doter de statuts qui favorisent une direction fonctionnelle dans un contexte de croissance du parti.
3) Se doter de statuts qui favorisent et facilitent l’engagement politique des membres.
4) Se doter de statuts qui donnent davantage de pouvoir décisionnel directement aux membres.

Davantage de pouvoir décisionnel directement aux membres ?

Compte tenu du préambule, ces propositions prenaient un sens qui aurait dû être souligné. Mais cela n’a pas été débattu lors de la plénière. Elles risquent entre autres de retirer les discussions collectives et de politisation au sein des associations au bénéfice de membres isolés chacun chez soi. Cela risque de retirer une démarche collective pour une démarche individuelle. Au lieu d’être plus démocratique, elle l’est au contraire beaucoup moins. La direction aura une démarche collective, mais les membres auront une démarche individuelle. Il en va de même pour les référendums. Dans un parti politique, cette démarche empêche la démarche collective, les discussions et le réseautage.

C’est à partir de ce constat que plusieurs associations ont soumis des amendements afin de mieux encadrer le mandat du comité des statuts. Cette problématique ne semblait cependant pas évidente pour la majorité de la délégation et pour cause. Il aurait au moins fallu un peu plus de temps pour permettre aux personnes déléguées de mieux s’approprier cette problématique au lieu de faire des ateliers d’animation et de consultations.

Il y aura bien sûr plusieurs autres instances pour en débattre, mais pour l’heure les membres ont donné un mandat très large au comité des statuts qui s’inspirera nécessairement du préambule. Il sera difficile de corriger le tir et les conséquences risquent d’être très néfastes pour le fonctionnement collectif démocratique et risquent de renforcir l’exercice du pouvoir vertical envers les membres.
Mais de quoi s’inspire-t-on ? Certainement pas des syndicats ni des mouvements sociaux qui fonctionnent depuis toujours au moyen de délégation des organismes affiliés ou des sections locales et élisent leurs dirigeants et dirigeantes en congrès.

Contrer le plafonnement en élargissant la base sociale

La notion de plafonnement pour la direction de QS, implique l’élargissement de la base sociale afin de mieux performer électoralement dans l’objectif de former le gouvernement. C’est ainsi que la tournée à saveur économique visera particulièrement les PME, ce qu’on appelle sortir de notre zone de confort. Elle ne vise pas les syndicats, le mouvement populaire, les organismes de défense des droits sociaux. Ceux et celles dont nous avons besoin pour lutter contre l’offensive néolibérale qui se fait de plus en plus intense.

Pourtant, la dernière campagne électorale a démontré que notre plafonnement a débuté lorsque nous avons cherché à présenter un budget « crédible » afin de financer notre plan de transport qui jusque là avait fait fureur tant dans les centres urbains comme Montréal que dans les régions. Au lieu d’illustrer l’injustice flagrante que représentent les profits faramineux des multinationales, comme les industries minières et forestières, qui possèdent en réalité notre territoire, la stratégie de QS a ciblé ceux et celles qu’on qualifie de classe moyenne.

Il semblait plus réaliste de taxer ceux et celles qui ont plus d’un million d’actif, soit les petits propriétaires et ceux et celles qui bénéficient d’un fonds de pension. Les grandes entreprises, quant à elles, bénéficient d’une variété quasi infinie d’évasions fiscales quand ce n’est pas de subventions directes.

La base sociale dont nous avons besoin c’est celle qui lutte contre l’injustice, penser prendre le pouvoir autrement c’est se diriger sur un chemin que d’autres ont pris avant nous, avec les contraintes de la gestion provinciale sous le contrôle de la finance.

Élections au poste de co-porte-parole

L’annonce du retrait de Manon Massé du poste de co-porte-parole a en quelque sorte précipité la campagne électorale. La période de mise en candidature doit débuter en réalité le 25 août prochain et la durée de la campagne est fixée à trois mois. Il pourrait donc y avoir d’autres candidatures. Cela place les candidates dans une situation délicate, devant faire une campagne électorale informelle durant tout l’été. Plusieurs députés se sont déjà commis.

Élection à la coordination nationale et aux commissions thématiques

Soulignons l’élection de Victor Beaudet-Latendresse au poste de responsable à la mobilisation au Comité de coordination national. Jeune militant dans la vingtaine, il en était à ses premières armes dans une campagne électorale. Responsable à la mobilisation dans la circonscription de Maurice-Richard, son implication a joué un rôle important dans l’élection d’Haroun Bouazzi. Dans son programme il a mis l’accent sur l’importance à accorder aux réseaux militants compte tenu de notre volonté de maintenir des liens étroits avec les mouvements sociaux.

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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