Édition du 30 avril 2024

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Environnement

Les glaciers du nord Canada fondent aussi

Les glaciers qui couvrent les îles canadiennes de l’Arctique fondent et élèvent le niveau marin. C’est la conclusion d’une publication fondée sur l’analyse des observations par satellites conduites entre 2003 et 2009 dans la région.

Cette étude, publiée dans Nature sous forme d’une publication électronique en avance de celle sur papier le 20 avril dernier, a été réalisée par une équipe internationale (Canada, USA, Norvège, Pays-Bas). Son premier auteur est un jeune chercheur, Alex Gardner (Université d’Alberta, au Canada). Cette étude a utilisé surtout des mesures par satellites, soit d’altimétrie (avec ICEsat, de la Nasa), soit de gravimétrie (avec GRACE, un duo de satellites lancés par la Nasa en 2002), confrontées à des modélisations.

L’alliance de ces deux techniques d’observation spatiale - altitudes de glaciers, niveau marin, niveau des fleuves... - pour l’altimétrie et les variations de la gravimétrie sur la base d’un modèle de plus en plus précis du géoïde terrestre donne des résultats de plus en plus intéressants pour de nombreux sujets en sciences de la Terre.

Les glaciers de l’Archipel canadien arctique sont importants, puisqu’ils constituent à eux seul le tiers de toute la glace continentale planétaire hors des deux calottes polaires du Groenland et de l’Antarctique. Ils peuvent donc contribuer de manière notable à l’évolution du niveau marin au cours du siècle, surtout qu’ils sont situés dans une région où l’élévation des températures prévues par les climatologues est déjà et devrait être très supérieure à la moyenne.

Les mesures et modélisations de l’équipe montrent que ces glaciers ont perdu en moyenne 61 milliards Perte de masse 2003 2009 de tonnes de glace par an. Cette perte de masse résulte de la fonte estivale, mais aussi du "vêlage" - le décrochage de morceaux de glaciers qui touchent la mer et qui vont ensuite dériver et fondre plus loin dans l’océan. Cette perte augmente entre la moyenne des années 2004/2006 et la moyenne des années 2007/2009, puisqu’elle serait passée de 31 à 92 milliards de tonnes par an. Les incertitudes des mesures sont encore importantes (plus ou moins 12 milliards sur le dernier chiffre par exemple) mais très inférieures aux variations mesurées. Des observations altimétriques antérieures, mais réalisée par avion, avaient montré une perte de 23 milliards de tonnes de glace par an entre 1995 et 2000.

A droite, image tirée de l’article de Nature montrant la modélisation des pertes de masses de glace de 2003 à 2009, on voit que les parties les plus élevées des glaciers non seulement ne perdent pas de glace mais en gagnent, ce qui signifie un gain par les chutes de neige. En revanche toutes les parties basses, proches de la mer ou non, en perdent de manière importante.

Certes, la durée d’observation est faible et coïncide avec une augmentation notable des températures dans la région depuis le début des années 2000. Une évolution qui s’est en particulier traduite par une diminution importante de la surface de la banquise arctique durant l’été. Les chercheurs ont calculé que chaque augmentation d’un degré de la température moyenne de l’été se traduit par une augmentation de plus de 60 milliards de tonnes de la fonte estivale. Mais les auteurs préviennent que les mesures réalisées sur une durée aussi courte ne peuvent servir à quantifier une tendance sur plusieurs décennies. Mais comme tous les modèles sont d’accord pour prévoir que cette région sera celle qui se réchauffera le plus, le sens de l’évolution ne fait guère de doute.

Les auteurs de l’article ont calculé que cette perte de glace contribue à près de 0,2 millimètre par an à la hausse du niveau marin. Il s’agit donc de la plus forte contribution hors de celle des calottes du Groenland et de l’Antarctique. Par ailleurs les glaciers de Patagonie et de l’Alaska perdent aussi de leur masse.

Sylvestre Huet

Libération

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