Édition du 7 mai 2024

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Les médias libres se donnent rendez-vous à Bamako

Le Forum des éditeurs africains (TAEF) a choisi cette année de tenir sa rencontre bi-annuelle, les 14 et 15 octobre, à Bamako. Elle aura pour thème « Les médias et le défi de la paix en Afrique ». Le choix de celui-ci n’est pas fortuit. L’Union africaine (UA) a déclaré, en effet, 2010, année de la paix et de la sécurité en Afrique.

Elle aura pour thème « Les médias et le défi de la paix en Afrique ». Le choix de celui-ci n’est pas fortuit. L’Union africaine (UA) a déclaré, en effet, 2010, année de la paix et de la sécurité en Afrique. Les responsables du TAEF ont ainsi voulu mettre à profit cette conjoncture politique présentée comme favorable au débat pour évoquer le rôle des médias dans l’établissement et le maintien de la paix et voir comment l’absence de paix impacte sur le fonctionnement des médias.
« Si la guerre est l’absence de paix et que la vérité en est la première victime, comment la guerre contre la vérité affecte-t-elle les journalistes en général et les éditeurs en particulier ? Si l’Union africaine est impliquée dans des opérations de maintien et de consolidation de la paix dans plusieurs zones, comment les professionnels des médias décrivent-ils les efforts de l’UA et les effets qu’ils ont ? »

Il s’agit là de certaines questions qui seront soulevées lors du dialogue entre les éditeurs et les leaders de l’UA, parmi lesquels figureront les membres de la Commission paix et sécurité de l’UA, le président de la commission africaine, Jean Ping, et probablement aussi le président du Nigeria, Goodluck Jonathan. Il n’est pas faux de dire que Bamako sera, l’espace de trois jours, la capitale africaine de la presse puisque les responsables des radios, des télévisions et des plus importants journaux privés du continent participeront à cette réunion du TAEF. El Watan d’Algérie et l’Economiste du Maroc ont été choisis par les organisateurs pour représenter l’Afrique du Nord.

En tout, ce sont près de 200 éditeurs et journalistes qui assisteront aux conférences programmées par le TAEF. Des responsables d’ONG internationales telles Human Rights Watch (HRW), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et le Committee for the Protection of Journalists (CPJ) seront également présents.

Aussi, le Forum qui est actuellement présidé par Mathatha Tsedu (Afrique du Sud) et Cheriff Sy (Burkina Faso) compte bien saisir l’opportunité offerte par ce rendez-vous, qui focalisera l’attention de tout le continent, pour dresser un état de la presse africaine. Il sera également question d’honorer les dirigeants du continent qui ont contribué à améliorer le fonctionnement des médias, à l’instar de Nelson Mandela, Alpha Konaré, Thabo Mbeki et Ellen Johnson Sirleaf. Un hommage sera aussi rendu à des confrères assassinés dans l’exercice de leur fonction, tels Jean-Léonard Rugambage et Norbert Zongo. Il est utile de préciser que la réunion du Forum des éditeurs africains va se tenir dans un contexte marqué de multiples violations de la liberté de la presse en Afrique.
La liberté de la presse en danger au Maghreb

Le constat s’applique malheureusement aussi à l’Afrique du Nord. C’est le cas actuellement au Maroc, où l’hebdomadaire Nichane vient de mettre la clé sous le paillasson en raison d’un « boycott publicitaire persistant ».
Pays connu pour être très inhospitalier pour la presse, la Tunisie s’est une nouvelle fois distinguée, l’été dernier, en condamnant à quatre ans de prison Fahem Boukadous, correspondant de la chaîne satellitaire Al Hiwar Ettounsi (Le dialogue tunisien). Si en Libye, la liberté de la presse est pratiquement inexistante, en Algérie, les espaces de liberté arrachés au lendemain des événements d’Octobre 1988 ont tendance à se rétrécir comme peau de chagrin. Les journalistes ne sont pas mieux lotis en Egypte, où ils sont régulièrement harcelés par le pouvoir de Moubarak.

Le Comité directeur du Forum des éditeurs africains, qui s’était réuni à Grahamstown, en Afrique du Sud, le 8 juillet dernier, en marge de la conférence annuelle Highway Africa, avait d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme et dénoncé avec force « l’aggravation de l’intolérance envers les femmes et hommes de médias dans certains pays africains ». La réunion de TAEF avait eu lieu à la veille du quatrième anniversaire de la disparition, en Gambie, du journaliste Chief Ebrima Manneh du Daily Observer et un peu plus d’une semaine après l’assassinat de Jean-Léonard Rugambage, rédacteur en chef du journal Umuvugizi de Kigali, au Rwanda.

Le rapporteur spécial de l’Union africaine sur la liberté d’expression en Afrique, l’avocate Pansy Tlakula, qui a eu à faire, durant cette rencontre, un point sur l’état actuel de la liberté d’expression et de presse sur le continent, a fait savoir que les niveaux de pression, de répression étaient en hausse dans de nombreux pays. Elle a par ailleurs évoqué le recours par de nombreux gouvernements africains à des lois liberticides pour museler les médias. Partant de ce constat alarmant, Mme Tlakula avait notamment appelé à des efforts concertés pour assurer la mise en conformité des textes nationaux avec de nombreux protocoles pour protéger la liberté d’expression et l’accès à l’information.

Dans le même contexte, le TAEF a décidé de soutenir activement la campagne de grande envergure destinée à promouvoir l’accès à l’information en Afrique, marquant le 20e anniversaire de la Déclaration de Windhoek.

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