Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Opinion

Les riches de M. Alain Dubuc

À l’évidence, la classe bourgeoise n’est pas seulement riche. Elle détient aussi, si on prend la peine d’une analyse en règle selon les lois de l’économie politique, les moyens de maintenir d’énormes privilèges qu’elle ne partage nullement avec la population dans la répartition des revenus.

Ainsi, nos riches seraient bien pauvres par rapport aux riches étasuniens, selon M. Dubuc, parce que leur richesse ne provient pas d’un appauvrissement correspondant des couches démunies. Il néglige, par exemple, les décisions néolibérales des parlements de priver de milliards de dollars les assuré-e-s de l’assurance emploi. Où est allé cet argent ? Au remboursement de la dette auprès d’institutions bancaires dont on ne cesse de nous vanter l’augmentation des profits au fil des ans. Le directeur de la banque, et les actionnaires qu’il sert, se sont donc partagés une petite fortune en « revenu » de capital qui ne fait pas partie de leur « salaire ».

M. Dubuc nous croit bien naïfs, ou bien lui-même est un drôle d’analyste qui néglige une réalité tout évidente : la grande bourgeoisie monopoliste, qui détient le pouvoir politique et économique au Canada, et dont certains Québécois peuvent se vanter de faire partie, n’a rien d’une pauvre classe sans voix puisqu’elle a lui, M. Dubuc, comme défenseur éminent. Et tout un journal, ainsi que des tas d’institutions à leur service, dont les parlements et les différents partis politiques loyaux les uns envers les autres quand il s’agit de défendre férocement les énormes privilèges des riches … auxquels nous ne pouvons aspirer avoir accès comme salarié-e-s, toujours selon M. Dubuc. Ces propriétaires, entre autres, ont le privilège, si les profits ne répondent pas à l’appel, de sacrifier le travail de milliers de salarié-e-s. Ce qui n’est pas mince comme pouvoir pour s’assurer une source de revenu qui dépasse de bien loin tout ce dont pourra, dans sa vie, rêver un-e salarié-e.

Alors, certains d’entre eux-elles, rêvent d’autre chose. Par exemple, d’un parti politique de gauche de masse au Québec qui confrontera ce pourvoir immense sur le terrain même des institutions au service des riches. Se sentant responsables du sort de leurs frères et sœurs, ces militant-e-s ont déjà engagé une partie de leur liberté dans la construction d’un instrument politique de réplique aux défenseurs patentés des riches et pour mettre de l’avant les changements essentiels à la réalisation du bien commun. M. Dubuc peut rêver d’enrichir encore davantage les riches, ses espoirs se buteront sur le socle d’une gauche dont il a déjà fait partie, mais pour laquelle il a désespéré d’offrir sa collaboration intellectuelle.

Mots-clés : Opinion
Guy Roy

l’auteur est membre du collectif PCQ de Québec solidaire à Lévis.

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