Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Élections Québec 2014

Mon analyse vers un vote solidaire

Après avoir écouté le débat des chefs, j’ai été très déçu des résultats. Le débat fut au final qu’une reproduction de la période de questions de l’assemblé nationale. On a pu démontrer la personnalité des chefs, présenté quelques idées générales, cependant nous n’avons aucune donnée, aucun fait, rien de substantiel pour en arriver à une analyse rationnelle.
J’aimerais dans ces lignes exposer mon analyse sur la raison de mon vote solidaire. Je vais essentiellement me baser sur les recherches de l’Institut de Recherche et d’Informations socio-économiques (IRIS : http://www.iris-recherche.qc.ca). Pour alléger mon analyse, j’irai droit au but en exposer les faits sans aller dans le développement complexe des analyses de l’IRIS.

Environnement

L’importance de changer nos habitudes de productions de GES est cruciale. Nous sommes arrivés à un moment où l’activité humaine produit tellement de GES qu’il en arrive à perturber le climat terrestre. Le GIEC stipule que l’on ne doit pas dépasser une augmentation mondiale moyenne de 2°C. Plus la

moyenne augmentera plus il y aura des perturbations climatiques, c’est perturbation se verront sous forme de catastrophe naturelle plus fréquente et plus importante. Ce qui aura comme conséquence très rapidement c’est une perturbation du développement agricole. Nous avons vu juste cet hiver au Québec des écarts de plus de 20°C d’une semaine à l’autre, passant par exemple de -15°C à 5°C la semaine suivante. C’est perturbations climatiques ne sont pas idéales pour l’agriculture et si l’agriculture à des difficultés c’est les prix qui vont augmenter.

La lutte au changement climatique s’adresse à toute la communauté internationale. Il faut que tout le monde fasse sa part. Actuellement, il n’y a rien qui n’a été entrepris et qui ait pu avoir un impact important. Tous les États remettent la lutte aux changements climatiques de côté pour défendre l’austérité économique. Actuellement, nous allons atteindre la limite de 2°C vers 2037 et atteindre 4.8°C en 2100. Nous sommes clairement en dehors de nos objectifs de réductions des GES.

Tous les pays doivent faire leur part, mais il y a évidemment des pays qui ont une plus grosse part de responsabilité. Si l’on compare la production de CO2 (premier responsable de GES) par habitant selon les pays on constate clairement que certains pays ont du chemin à faire pour faire leur juste part. Le Québec est parmi les nations ayant la plus grosse production de CO2 par habitant. Le Québec à lui seul fait plus du double de production de CO2 que la moyenne mondiale avec 10.4 t CO2 par habitant contre 4.9 t CO2 par habitant.

Pour s’assurer que le Québec fasse sa part, nous devrions diminuer notre production d’émissions de CO2 d’au moins 3.6% par année. Or, on ne diminue à peine de 0.8%. Les actions prises par nos gouvernements précédents sont nettement insuffisantes et minables par rapport à ce que l’on doit absolument faire. Nous sommes continuellement en déficit carbone. Les objectifs des gouvernements précédents étaient déjà critiqués pour leur faiblesse, mais il s’avère qu’ils ne sont même pas en mesure d’atteindre leurs propres objectifs.

L’exploitation pétrolière d’Anticosti sera évidemment une défaite absolue en ce qui concerne la lutte aux changements climatiques. Dans son blogue Le Québec complice de la crise climatique ? Renaud Gignac écrivait :
« Selon un rapport de la firme URS […] pour chaque baril de pétrole de schiste extrait, des émissions de gaz à effet de serre de 84 kg éqCO2 sont à prévoir. Cela inclut les émissions provenant des camions de transport, des systèmes de chauffage des sites de forage et des moteurs des têtes de puits. Advenant qu’Anticosti recèle un milliard de barils récupérables, on ajouterait pas moins de 84 Mt d’éqCO2 dans l’atmosphère.

En contrepartie, le pétrole que nous importons principalement d’Algérie est un pétrole de type conventionnel, qui ne nécessite pas le recours à la fracturation hydraulique. Par conséquent, son intensité carbone est beaucoup plus faible, soit autour de 33 kg éqCO2, d’après une étude de la firme IHS CERA. En tenant compte des émissions issues du transport par bateau-citerne jusqu’au Québec, on ajoute environ 5 kg éqCO2, pour un total de 38 kg éqCO2 par baril produit. On est loin du 84 kg. »

Lorsque le Parti québécois nous dit qu’ils veulent exploiter le pétrole dans les mesures de sécurité maximal, ils sont en fait en train de nous monter un beau bateau, puisque l’exploitation à lui seul est une catastrophe environnementale. Il est beaucoup plus logique de continuer à aller chercher notre pétrole où nous le prenons en ce moment le temps de faire le virage nécessaire.

Nous ne pourrons pas compter sur le PQ, le PLQ et la CAQ pour lutter contre les GES puisqu’ils ont tous appuyé l’exploitation. Seul le PQ a promis l’électrification des transports en commun. Cependant, l’efficacité de ce projet ne sera pas au rendez-vous puisqu’il n’est pas logique de chercher à limiter la dépendance aux énergies fossiles tout en développant le marché des énergies fossiles. Le PQ veut augmenter l’offre du pétrole justement parce que nous y sommes dépendants, s’ils font un projet qui minimalise notre dépendance ils vont chercher à diminuer la demande. Si on développe le pétrole, c’est notre économie qui va devenir dépendante de cette production et il en sera extrêmement difficile de s’en sortir. Il est donc clair que l’on doit partir d’Anticosti.

Québec solidaire est le seul parti à s’y opposer et à offrir un projet de transport en commun extrêmement ambitieux. Ils cherchent, contrairement aux autres partis, à offrir des alternatives. C’est aussi le seul parti politique à être conscient de l’importance de la lutte aux changements climatiques, pour les autres partis, lorsqu’ils en parlent, c’est uniquement pour des raisons électoralistes.

Économie et société
Création d’emploi

Lors du débat des chefs, nous avons pu avoir un aperçu des positions économiques des partis politiques. Le PQ, le PLQ et la CAQ soutiennent que le manque de revenu des coffres de l’État est causé par le manque d’emploi. On a pu assister à un débat inutilement trop long entre ces trois partis pour finalement nous dire qu’ils iraient chercher ce manque d’argent en créant des emplois.

Plusieurs problèmes sont à constater. D’abord, la responsabilité des finances est mise entre les mains des travailleurs de la classe moyenne. Il n’y a que QS qui propose d’aller chercher de l’argent dans les poches des entreprises, des institutions financières et les personnes les plus riches, tout en créant un immense projet de transport en commun créant beaucoup d’emplois. Deuxième problème important, c’est l’illusion que les trois partis essaient de nous passer. Il ne suffit pas de dire que l’on va créer des emplois pour le faire. Pour créer des emplois, le PQ, le PLQ et la CAQ s’attendent à ce que les entreprises s’installent au Québec, cependant on n’est pas dans un bon temps pour investir, alors ces partis vont offrir des baisses d’impôts, des crédits d’impôt, des subventions, etc., pour attirer les entreprises.

Autrement dit, ils mettent une valise remplie d’argent sur la table et attendent que quelqu’un vienne la prendre. Si personne ne la prend, ils mettent plus d’argent. Les entrepreneurs savent bien qu’avec ces gouvernements, nous sommes en attente désespérément de création d’emplois. Alors, ils attendent qu’on leur donne ciel et terre avant d’accepter une offre. Nous sommes ainsi toujours dépendants des entreprises privées qui instrumentalisent notre désespoir de créer de la richesse pour en profiter.

Lorsque l’on crée un projet, comme celui de QS de créer des transports en commun partout au Québec, cela créé des emplois assurément à des coûts beaucoup plus intéressants. Par exemple, si l’État décide de mettre 2000 autobus de plus sur les routes, cela crée nécessairement au moins 2000 emplois. On a pas à attendre une entreprise privée avec des intérêts privés pour créer de l’emploi, c’est directement l’État qui s’en charge.

Projets sociaux

On nous dit toujours que l’on vit au-dessus de nos moyens et que l’on doit impérativement réduire nos dépenses parce que l’on est en train de perdre le contrôle. Il serait important de comprendre la perte dans nos fiancés. Depuis plusieurs décennies les deux gouvernements qui se succèdent coupent sans arrêt dans les revenus d’État. Ils coupent dans les impôts des particuliers et des entreprises pour le bonheur des plus riches. Les capacités des plus pauvres et même de la classe moyenne se voient réduites année après année.

Entre 2000 et 2007, les gouvernements péquiste et libéral ont fait perdre pour plus de 9.8 G$ par année de revenus en coupant dans les impôts des particuliers. On ne prend même pas en compte les coupures d’impôts des entreprises. Ces coupures ont essentiellement été bénéfiques aux mieux nantis pour laisser à la classe moyenne une plus grosse part des responsabilités fiscales. Ces coupures ont été catastrophiques, car on peut facilement voir que les dépenses de programmes ont diminué drastiquement au court des années. Les années 80 étaient la belle époque, mais c’était aussi l’époque où les entreprises et les riches ont le plus contribué aux finances du Québec.

Ces coupures ont été utiles pour certains Québécois. Malgré la situation catastrophique des plus pauvres, certains en ont tiré bénéfice. Le 1% les plus riches du Québec ont vu leurs richesses grimpées drastiquement. Dans l’analyse de l’IRIS il est clair que ces dernières années ça profité à creuser les écarts d’inégalité de richesses :

« Le graphique […] compare l’évolution des revenus moyens après impôt des 1% ayant les plus hauts revenus à ceux des 99% restants. Le graphique est très clair : alors que le centile ayant les revenus les plus élevés voyait ses revenus croître de manière imposante (86%) entre 1982 et 2010, le revenu moyen du reste de la population passait de 25 658$ à 28 800$, soit une hausse de seulement 12% en dollars constants. Il est intéressant de noter que si l’on ne tient pas compte de l’impôt et des et transferts, les revenus des 99% ont diminué de 2% entre 1982 et 2010, tandis que ceux du centile supérieur ont augmenté de 271%. »

Nous avons les moyens d’avoir de gros projet de société, que ça soit en éducation, en santé, dans les transports en commun, il suffit de vouloir aller chercher l’argent où il se trouve. Nous ne sommes en rien dans une crise des dépenses de l’État. Jamais nous n’avons perdu le contrôle de nos finances. Nous ne sommes pas dans une crise économique, mais une crise politique. Comme le montre ce graphique, nos dépenses et nos revenus ont toujours été équivalents. Nous sommes plus endettés, mais nous avons plus de revenus. Plus t’as un gros revenu, plus tu peux avoir une grosse dette sans perdre le contrôle. Il est évident que l’on ne doit pas tomber dans des dépenses sans réfléchir, mais Québec solidaire qui a beaucoup d’ambition a quand même un cadre financier équilibré.

Il est évident pour moi que le PQ, le PLQ et la CAQ sont des partis qui n’ont rien à offrir de concret considérant la situation des services publics québécois. La CAQ n’a jamais dénoncé les mesures désastreuses du PQ et du PLQ, au contraire ils veulent aller plus loin encore. Le PQ et le PLQ ont réduit l’implication des entreprises privées, des riches et des institutions financières, ce qui réduit nos capacités en tant que société de générer des services pour tous et de qualité. Leurs solutions sont de transférer ces services essentiels au secteur privé, malgré que la privatisation des services engendre des augmentations de prix. Personnellement je préfère que celui qui me soigne soit un médecin et non des gens d’affaires. Pour des raisons environnementale et sociale, il est clair pour moi que mon vote ira pour Québec solidaire. Le PQ et le PLQ ont montré mainte fois leur incapacité de gouverner pour le bien commun.

Francis Lévesque, Bachelier en philosophie.

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